Réunions prévendanges 2024
Des maturités hétérogènes de partout
Mercredi 4 septembre, à Mercurey puis Davayé, la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB), l’Interprofession (BIVB), la MSA Bourgogne ainsi que la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire tenaient deux réunions prévendanges pour faire le point sur les déclarations et l’actualité sociale, la campagne compliquée et ses conséquences sur la maturité et la vinification, ainsi que sur les conditions de production justement.
La MSA Bourgogne revenait donc sur les déclarations administratives, notamment avec les Tesa simplifiés pour les CDD de moins de trois mois. Car, « comme tous les ans, le Tesa a évolué » (voir notre dossier la semaine dernière) et les conseillères sont prêts à répondre à toutes les questions des employeurs par téléphone s’il le faut au 03.85.39.51.75 (faire le choix 2 puis le choix 1 pour tous les sujets embauches) en plus des fiches pratiques et guide disponibles sur le site de la MSA.
Et mieux vaut se référer à ces informations officielles plutôt que de croire les fausses informations circulant sur les réseaux sociaux comme celle d’une « nouvelle obligation de déposer à la gendarmerie la liste de ses vendangeurs », questionnait une vigneronne. Si en effet, un vigneron a été contacté par la gendarmerie pour une vérification, il ne s’agit en aucun cas d’une obligation pour tous. Cette fake news marque néanmoins un changement dans l’approche de l’information et démontre toujours une complexité administrative qui rend fébrile les employeurs de main-d’œuvre.
Et les vignerons n’ont vraiment pas besoin de complexité, après une campagne végétative « compliquée ». Responsable des essais au Vinipôle Sud Bourgogne à Davayé pour la chambre d’Agriculture, Florent Bidaut revenait sur l’année culturale marquée par « un cumul de pluie hivernal important, gênant les travaux, accompagné par un printemps doux et pluvieux ; pour enchaîner avec de fortes températures en février provoquant un débourrement précoce, l’apparition des premières pointes en avril et de grosses craintes de gel », qui resteront heureusement assez restreints dans l’ensemble même si les dégâts ont pu être dramatiques par endroits (coins gélifs, Maranges…). Mais ce qui restera comme le fait marquant du millésime 2024, après plusieurs millésimes solaire et sec, c’est le cumul de pluie qui n’a jamais cessé. Malgré le débourrement précoce, le manque d’ensoleillement au printemps a fait que la floraison s’est fait attendre, a duré dans le temps et « s’est mal passée » (millerandage, coulure…). Résultats encore visibles aujourd’hui dans les parcelles, « une grosse hétérogénéité des grappes », y compris dans une même parcelle. L’autre conséquence majeure des pluies est une pression mildiou historique, jamais vu depuis 1977 (lire notre édition précédente), en lien avec les excès d’eau plus important dans le Mâconnais que dans le Chalonnais, où certains secteurs s’en sortent mieux (Mercurey, Rully…) que d’autres. Néanmoins des pertes sont à craindre de partout avec une sortie d’oïdium en août en plus. Pour couronner cette annus horribilis, la grêle s’est abattue sur le nord Mâconnais (Cruzille, Bissy…) provoquant des pertes de récolte (environ 15 %) le premier jour de récolte des crémants de Bourgogne ce 3 septembre.
Au final, Christine Monamy du BIVB invite les vignerons à redoubler de vigilance sur les maturités qui avec les pluies de ce milieu de semaine, vont « stagner » avant de reprendre leur « rythme correct ». « L’acide malique se dégrade bien et se rapproche des 3 grammes en pinot noir. Par contre, l’acide tartrique reste stable et l’effet gonflement/dilution des baies pourrait même les faire remonter un peu car la vigne va repomper du potassium et du tartrique ». Pour l’heure, en chardonnay, 2024 se rapproche du millésime 2019 et les pinots du millésime 2023.