Plateaux TV Agriculturez-vous
Être connu et reconnu

Cédric MICHELIN
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Jeudi 30 septembre depuis la cave de Lugny, l’émission TV Agriculturez-vous avait pour thème le tourisme et sa forme spécifique l’œnotourisme, très prisée. L’occasion de recevoir des élus, des spécialistes, des gérants et des vignerons pour parler de ces véritables métiers passions. Ils ont donné quelques clés de succès pour se développer dans ce secteur en plein boom. Une émission à voir et à revoir sur YouTube et notre Facebook.

Être connu et reconnu
Prochaine émission le vendredi 10 décembre à Louhans pour parler des produits du terroir et des produits d'excellence.

« Avoir un très beau territoire, c’est bien, mais encore faut-il le faire savoir ». « Nous sommes en passe de réussir : la Saône-et-Loire commence à être beaucoup plus connue et reconnue et est en train de devenir une destination touristique ». C’est par ses mots encourageants et volontaires qu’Élisabeth Roblot, vice-présidente en charge du tourisme au Conseil départemental, a introduit l’émission. Le fruit d’efforts de communication sans précédent. Le projet de parc touristique tourné vers l’Histoire, nommé Eclat, devrait voir le jour en 2024 à Tournus. Il doit permettre d’attirer et retenir plus de touristes. L’occasion de leur faire découvrir le reste du département. C’est justement une des missions de la Communauté de communes Mâconnais-Tournugeois. Pour son vice-président, Julien Farama, « le tourisme est un sujet économique majeur avec des investissements, des projets d’équipements » pour rester une étape - été comme hiver - mais aussi devenir une destination de « séjours ». La durée moyenne des séjours est d’ailleurs en train de progresser. Reste encore à « structurer une offre plus visible pour capter les clients ». Un travail colossal ne serait-ce qu’à l’échelle de ces 24 communes. Depuis deux mandats maire de Lugny, Guy Galéa contribue à recueillir et partager les activités à voir et à faire. « Comme l’association de la cave de Lugny avec l’Acrobranche pour louer des trottinettes électriques » et faire des visites de vignes alentour. Une activité qu’a testée Marc Sangoy, le président de la cave de Lugny. Cette coopérative anime le territoire par différents événements (Prix des charmes, portes ouvertes, week-end biodiversité…) et s’est dotée d’un magnifique caveau de ventes. La montée en gamme des vins s’est accompagnée d’équipements adéquats. « Il y a une émulation en œnotourisme, plus il y a d’offres, plus les touristes ont le choix, plus ils viendront. Il n’y a pas vraiment de concurrence, mais besoin de différentes propositions », analyse le viticulteur de Bissy-la-Mâconnaise. « À chacun aussi de raconter son histoire », concluait-il ce premier plateau.

Se renvoyer les touristes

Présidant l’Office de tourisme Mâconnais-Tournugeois, Bernard Derain oriente la politique autour des cinq salariés et deux guides que compte son office « entièrement neuf ». 50.000 visiteurs viennent y chercher des renseignements et conseils surtout « sur la période estivale et le printemps ». Site web, réseaux sociaux, brochures… accompagnent les touristes de leurs recherches jusqu’à leurs départs. « Le touriste vient pour confirmer les choix faits avant sur le web ». Gastronomie, patrimoine - dont l’Abbaye Saint-Philibert -, vignoble… sont les principaux « points d’entrées ». Qui doivent permettre de rayonner au-delà…
À une heure environ, le Parc des Combes au Creusot est un parc d’attractions « toujours dans la nouveauté », avec un nouveau manège par an. « Hors Covid, on est à 250.000 visiteurs lors d’une belle saison », confirme Mathieu Chevalier, le directeur. Il y en a pour tous les âges avec les balades en train – « l’ADN du Creusot » - ou la grande roue pour admirer les paysages. « En Saône-et-Loire, on sait travailler en réseau et se renvoyer les touristes » permettant de développer le « maillage » entre partenaires. C’est un des objectifs justement de l’association Incontournables 71, présidé par Flavien Fuchet, également gérant du Divertiparc à Toulon-sur-Arroux. Situé dans le « far-west », « dans la vraie nature préservée », le « tourisme de proximité », avec un « accueil de qualité » a néanmoins plus besoin, en étant plus en recul des grands axes touristiques, de « se renvoyer des clients ». Et cela passe notamment par le chéquier découvertes Incontournables 71 par exemple. « On suggère, on porte à leur connaissance des réseaux structurés et très vite, les touristes vont y aller ».

L'élevage et des marchés à la peine

Si les vins de Bourgogne sont souvent cités parmi les bonnes adresses à faire, ce fils d’éleveurs charolais, regrette que l’élevage ne soit pas plus utilisé pour communiquer positivement et parler de biodiversité : « souvent, les médias ne parlent de biodiversité qu’avec des espèces exotiques », regrette-t-il, en forme d’appel aux communicants du tourisme. Vigneronne et éleveuse à Sologny, Céline Robergeot-Cienki ne pouvait qu’adhérer à l’idée, elle qui fait partie de Bienvenue à la ferme. Terroirs de Saône-et-Loire est un autre réseau « dynamique » de la chambre d’Agriculture.
Mais si les marchés provençaux sont réputés, nos marchés de Saône-et-Loire peinent à attirer les touristes malgré nos bons produits du terroir. « Il y a beaucoup de très beaux marchés mais la question est souvent où et quand », constate-t-elle. Les touristes arrivant encore généralement les samedis n’en trouvent pas forcément avant le samedi suivant, jour de départ… Pourtant, « les marchés nocturnes marchent bien, ils s’arrêtent acheter, manger des escargots, une pièce de bœuf… ».

Élargir les réseaux à d'autres

Si l’on réfléchit bien, en Saône-et-Loire, il est possible partout de manger ou boire des produits de ses terroirs. Mais encore faut-il proposer une offre visible. S’il existe beaucoup de labels – Vignerons indépendants, Vignoble & Découvertes… -, un petit nouveau cherche à sortir de la « zone bénie des dieux », historique, pour proposer une offre dégustation commercialisée par les hôtels, restaurants… aux quatre coins du département. Michel Andrès annonçait également que les Oenomoments, marque qu’il anime à la CCI, vont lancer des coffrets dégustation « à emporter » reprenant le principe avec un vin blanc, un rouge et un crémant, le tout en demi-bouteilles avec trois verres.

Monter dans la hiérarchie


Reste que lorsque l’on parle œnotourisme en Bourgogne, les appellations mondialement connues telles que Montrachet, Chambertin, Clos Vougeot, Romanée Conti, Beaune… sont des invitations au voyage, notamment pour les étrangers. Pascal Gaguin, viticulteur et président du Syndicat de défense de l’appellation Lugny, en communale, le sait et espère monter dans la pyramide des AOC bourguignonnes. « On accompagne les touristes et on leur explique aussi nos méthodes de travail, nos lieux-dits…. Souvent dans la tête des gens, on vendange et puis on attend un an. On parle alors de notre métier et c’est très apprécié », a-t-il fait le constat. Mais tous les touristes ne sont pas tous des novices, loin de là et Emmanuel Nonain, viticulteur et conférencier-guide au sein d’OEnoculture et pour d’autres, s’adaptent en fonction. « On a différents niveaux de connaisseurs ». « Souvent l’amateur se confronte aussi à une réalité autre que celle qu’il avait imaginée et on l'explique », est intarissable cet historien-géographe de formation.

Passer des messages pour vendre


Il faut savoir aussi se démarquer comme l’a fait aussi Anthony Lafarge avec des logements insolites en forme de tonneaux dans son domaine Le Clos du Grand Bois à Lugny. Pas d’improvisation là encore. « Ce sont des journées très longues, très tôt le matin avec les petits-déjeuners des clients, le ménage… » pas toujours facile de gérer de front les pics d’activité tourisme et vigne, comme l’an dernier avec des vendanges débutants mi-août. Anthony Lafarge a donc des salariés pour l’épauler. « Je ne considère pas cela comme de la diversification. Les touristes viennent chez nous pour le vin, c’est un atout qui attire, et le tourisme permet d’en parler, de les valoriser, de véhiculer beaucoup de messages », la conclusion est quasiment systématique de les voir repartir avec quelques bouteilles. Et le plein de souvenirs avant de revenir…