EXCLU WEB / Sécheresse : Les chambres d’agriculture demandent le versement d’acomptes

Sans attendre la fin de la saison agricole, les chambres d’agriculture demandent le versement d’acomptes sur les indemnisations sécheresse avant la fin de l’année pour soulager les trésoreries des agriculteurs.

EXCLU WEB / Sécheresse : Les chambres d’agriculture demandent le versement d’acomptes

À l’occasion de leur session du 29 septembre, les Chambres d’agriculture ont adopté une délibération visant à accélérer le versement des aides sécheresse. En effet, le ministère de l’Agriculture a décidé de reporter au mois de janvier prochain la réunion du comité de gestion des risques agricoles prévu le 18 octobre. Les pouvoirs publics préfèrent attendre quelques mois supplémentaires et la fin de la saison agricole pour procéder à une évaluation plus exhaustive des pertes subies par les agriculteurs. Les Chambres d’agriculture estiment au contraire qu’il ne faut pas attendre que toutes les récoltes soient engrangées. Dans leur résolution, elles demandent le versement d’un acompte avant la fin de l’année pour soulager les trésoreries exsangues. Celui-ci devrait représenter la moitié de l’aide estimée, selon Sébastien Windsor, le président de Chambres d’agriculture France. Les concours ainsi apportés permettraient aux éleveurs d’acheter des aliments pour nourrir leurs animaux et éviter une décapitalisation massive à l’automne. Les Chambres d’agriculture demandent également aux pouvoirs publics de réévaluer les prix des fourrages qui sont inchangés depuis 2005 et qui ne correspondent plus à la réalité des coûts de production. Autre demande : l’abandon du critère de baisse du chiffre d’affaires pour déclencher les indemnisations. Dans les circonstances actuelles, les éleveurs enregistrent souvent une hausse de leur chiffre d’affaires s’ils sont contraints de décapitaliser.

Planification écologique

Au-delà de la sécheresse, les Chambres d’agriculture dénoncent l’accumulation des réglementations environnementales qui pèsent sur les agriculteurs. Qu’il s’agisse du plan nitrates, des zones de non-traitement, des dispositions européennes pour restaurer la biodiversité, du projet de la Commission de Bruxelles de réduction des produits phytosanitaires, des règles sur le bien-être animal, « les agriculteurs n’en peuvent plus et décrochent », déplore Luc Servant, vice-président des Chambres d’agriculture en charge de l’environnement. « On n’est pas opposé à l’environnement, mais on ne veut pas d’un empilement de réglementations confuses souvent incohérentes qui brisent toute initiative », renchérit Sébastien Windsor. Les Chambres plaident pour que ces mesures fassent au préalable l’objet d’une étude d’impact tant sur le plan écologique qu’économique, soient planifiées dans le temps et que les agriculteurs soient mieux accompagnés pour faire face à ces changements. Première victime de cet excès réglementaire, les éleveurs et notamment les producteurs de lait qui renoncent. Comme ceux de viande bovine rendus aussi responsables du réchauffement climatique à cause des émissions de méthane de leurs animaux. « Face au risque de déprise, nous avons besoin d’une réflexion nationale sur les bienfaits de l’élevage », insiste Sébastien Windsor. Et de souligner la contribution des prairies au stockage du carbone, l’apport du fumier pour remplacer les engrais minéraux…

Statut du loup

Et ce n’est pas le maintien des dispositions actuelles en matière de gestion des prédateurs qui va redonner le moral aux éleveurs. La population des loups continue de croître et s’étend désormais au-delà de l’arc alpin. Les dégâts ne cessent de s’aggraver. « Ils s’en prennent maintenant aux veaux », observe Christine Valentin, première vice-présidente des Chambres d’agriculture. Elle plaide pour une évolution du statut du loup et son reclassement dans la Convention de Berne qui permettrait de mieux encadrer et de gérer sa présence. Considérée actuellement comme protégée, l’espèce ne peut être chassée et les tirs de prélèvement actuels relèvent d’un régime dérogatoire. En attendant, les Chambres demandent un assouplissement des dispositions qui président aux tirs et un renforcement des moyens de protection des troupeaux. Elles souhaitent également que les éleveurs soient indemnisés plus rapidement, grâce au versement d’acomptes, pour les moyens de protection qu’ils mettent en œuvre et les dégâts qu’ils subissent.