Bilan d’été du Sdis 71
Tout un département mobilisé et mobilisable

Françoise Thomas
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L’assemblée départementale qui s’est déroulée le 29 septembre a été l’occasion pour le colonel Frédéric Pignaud de dresser le bilan des intempéries survenues cet été et qui ont impacté les sapeurs-pompiers de Saône-et-Loire. Les besoins évoluent, les stratégies doivent donc elles aussi s’adapter.

Tout un département mobilisé et mobilisable
Le commandant Thierry Vuillemin, président de l’Union départementale des sapeurs-pompiers, le colonel Frédéric Pignaud (au micro), directeur départemental et chef de corps et André Accary, président du Département et du CA du SDIS 71.

Sur le front des intempéries de l’été qui ont nécessité l’intervention des pompiers, les violents orages de grêle qui ont impacté le Charollais-Brionnais ont donné la tendance dès le premier jour de la saison estivale. « Le 21 juin, les sept minutes de grêle ont entraîné 1.250 interventions », a rappelé André Accary. Devant l’ampleur des dégâts, il a fallu mobiliser les hommes et les moyens de plusieurs casernes de Saône-et-Loire et même d’autres départements.

À l’issue de « cet été 2022 hors norme », l’intervention du directeur des services de secours du département lors de l’assemblée départementale a permis d’aborder plusieurs problématiques : les besoins de recrutement de sapeurs-pompiers volontaires, l’évolution des formations et des moyens face aux nouveaux dangers, le rôle des territoires et in fine des agriculteurs dans ces nouveaux aménagements et réflexes à avoir.

Recherche volontaires

Concernant le besoin de recrutement de sapeur-pompier volontaire, le colonel Frédéric Pignaud a indiqué que les besoins sont très importants dans le département : sur les 1.250 agents (de terrain et administratif) du Sdis 71, « 86 % des effectifs du département sont constitués des sapeurs-pompiers volontaires », quand la moyenne nationale est de 80 %. Hors, sur ces dix dernières années, « leur disponibilité en journée a diminué de 30 % lorsque dans le même temps le nombre d’interventions a augmenté de 30 % ».

Une disponibilité mise à mal par le fait que les employeurs rechignent de plus en plus à libérer leurs salariés sur le temps de travail et aussi par l’évolution des interventions. Beaucoup de celles-ci ne relèvent pas du tout de l’urgence et viennent plutôt combler les carences des autres services d’aide à la personne : « les pompiers ne s’y retrouvent pas, leur engagement perd de son sens », insiste le colonel. D’où, tout un travail engagé depuis le 1er juillet dernier avec le Samu et les sociétés d’ambulanciers privés autour d’un logigramme commun pour beaucoup plus recentrer les missions des pompiers sur les urgences.

Les risques incendies

Il est fort à parier malheureusement que les pompiers auront de plus en plus à se concentrer sur les interventions incendie dont les feux de forêts.

« Le réchauffement climatique est bien là, commente le colonel Pignaud, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en dix ans, le nombre de feux d’espaces naturels a été multiplié par huit ». « Cela devient un risque courant à couvrir », poursuit-il.

Quelle que soit l’origine, départ naturel ou d’origine humaine, volontaire ou accidentelle (donc évitable dans l’absolu), ces incendies, qui concernent broussailles et récoltes, connaissent une progression continue depuis 2013 : 131 cas cette année-là, 755 en 2020, et déjà 420 interventions répertoriées en 2022. La courbe des feux de forêts est plus aléatoire mais suit de toute façon les courbes des températures estivales.

Ainsi cet été, sur l’incendie de Saint-Prix dans le Morvan (emportant 15 ha), « nous avons mobilisé tout de suite quatre groupes d’interventions feux de forêts et, pour la première fois, fait intervenir deux hélicoptères bombardiers d’eau, détaille le colonel. La stratégie étant désormais un plan d’attaque massif dès le départ d’un feu pour éviter que cela nous échappe ».

Ainsi, si 70 ha ont été détruits cet été, « il faut aussi rappeler les centaines d’hectares préservés », tiennent à souligner à la fois le directeur des services de secours départementaux et le président du Conseil départemental.

Stratégie et moyens adaptés

Pour cela, formation des personnels et acquisition de matériel sont en cours. D’ici 2026, 1.000 sapeurs-pompiers du Sdis 71 devraient être formés aux feux de forêts. Un "super" camion-citerne feux de forêt (capacité de 12.500 litres contre 4.000 pour un "moyen") présent depuis 2021 à Paray-le-Monial devrait être épaulé par six autres camions du même type d’ici 2026, pour mailler correctement le département.

Depuis 2021, un « ordre opérationnel départemental feux de forêt » est mis en place, pour graduer les mobilisations d’engins en fonction des risques, journée par journée (selon les températures et le vent notamment).

Un travail va être mené également pour mettre en place des réservoirs de captage des eaux pluviales répondant en partie à la problématique d’alimentation en eau et nécessitant aménagement du territoire mais surtout explications et concertation dans les secteurs concernés.

Il y aura de toute façon, prochainement, la création par le préfet de « la sous-commission départementale pour la sécurité contre les risques d’incendies de forêt, lande, maquis et garrigue ». Impliquant l’ONF, le Département, les communes soumises aux risques feux de forêt mais aussi les professionnels sylvicoles et agricoles, elle permettra de « mieux se préparer aux feux d’espaces naturels, grâce à ces échanges interservices ».

Solidarité nationale

Solidarité nationale

Depuis 2019, le Sdis 71 est engagé dans les renforts nationaux feux de forêts. Ainsi des dizaines d’hommes et d’engins ont été dépêchées plusieurs jours cet été en Gironde bien évidemment, mais aussi dans l’Allier, le Doubs et le Jura. Au-delà de l’aspect solidarité nationale qui a aussi servi au département lors des orages de grêle, « cela permet à nos personnels de s’aguerrir sur ce type d’interventions bien spécifique des feux de forêts. Car, on ne va pas y échapper ! ».

Toujours mobilisés
90 anciens pompiers et personnels administratifs ont souhaité intégrer l’équipe de soutien. C’est au-delà du nombre espéré !

Toujours mobilisés

Le jeudi 29 septembre après-midi, le président du Conseil départemental et le colonel Frédéric Pignaud se retrouvaient, cette fois dans le centre de formation des pompiers à Hurigny pour le lancement de l’équipe de soutien.
Ils sont 90 anciens sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, et personnels administratifs à avoir répondu présents pour continuer d’œuvrer pour les services de secours du département.
Ces hommes et (deux) femmes auront des missions de soutien logistique, notamment le convoyage de personnels et d’engins sur des lieux lointains d’intervention (ce qui a été le cas cet été pour emmener et rapatrier hommes et matériel mobilisés en Gironde) ou pour gérer le soutien logistique et alimentaire des pompiers en opération, certains pourront aussi venir en appui logistique lors d’interventions majeures. Des missions de soutien lors de cérémonie pourront aussi leur être proposées, ou d’opérations de communication pour développer le volontariat.