Vente de Charolles
Bilan et nouvelles idées pour la vente de Charolles…

Marc Labille
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La dernière vente de Charolles a permis la commercialisation de 54 veaux charolais. Deux tiers des veaux de la vente aux enchères ont trouvé preneurs à des tarifs plus qu’honorables. 

Bilan et nouvelles idées pour la vente de Charolles…
A l’instar d’Yves Rollet, certains éleveurs qui participaient pour la première fois à une vente aux enchères, ont très bien vendus à Charolles.

Le 27 septembre dernier, la vente aux enchères de reproducteurs de Charolles a une nouvelle fois créé l’évènement. Une centaine de veaux de l’année étaient rassemblés sous le parc des expositions : 62 pour la vente aux enchères et 40 en vente à l’amiable. Pour la seconde année consécutive, l’association des éleveurs charolais d’entre Saône-et-Loire avait accompli une sélection en ferme. Un recrutement qui a eu du succès puisque la commission de sélection a eu à examiner 155 veaux dans 87 élevages de la France entière. 72 veaux ont été retenus pour la vente aux enchères, mais une dizaine n’ont pas pu venir pour incident de dernière minute.

Comme en 2022, la vente était animée par l’équipe du marché au cadran de Moulins-Engilbert avec écran géant et possibilité de miser en ligne. Elle était précédée d’un défilé des animaux en extérieur, moment très apprécié des éleveurs qui ont pu jauger les veaux sous tous les angles et en mouvement.

De 3.000 à 21.300 €

Au terme de près de trois heures de ventes, 38 des 62 veaux présentés avaient trouvé preneurs au prix moyen de 5.545 €. Le taux de vente (61%) - laissant 24 invendus - était une petite déception pour les organisateurs qui s’attendaient à mieux.  Mais le nombre de veaux vendus est tout de même dans la moyenne des autres ventes de la saison. Sachant que la vente nationale ne propose que 29 veaux aux enchères et que la vente de Moulins comptait tout de même 16 invendus, relativise Didier Métrop, président de l’association des éleveurs charolais d’entre Saône-et-Loire. Quant à la moyenne des prix, elle montre bien qu’un certain nombre de veaux a fait monter les enchères. 16 veaux ont dépassé 5.000 € dont sept ont été adjugés au-delà de 8.000. Ces animaux d’élite étaient attendus par les acheteurs et dès que l’un d’eux entrait dans le ring, les enchères s’affolaient. Aucun étranger parmi les acquéreurs, mais des éleveurs du berceau de race et d’ailleurs. Des sélectionneurs affûtés qui n’ont pas hésité à y mettre de l’argent. Le veau le plus cher a été adjugé 21.300 € (lire encadré). 

D’autres ventes à l’amiable…

Cinq veaux ont été vendus sur place après les enchères ce qui abaisse d’autant le nombre d’invendus. Certains de ces animaux ont même dépassé 3.000 €, le montant de la mise à prix. Une pratique que regrettent les organisateurs de l’évènement qui auraient préféré que la transaction se fasse sur le ring, confie Didier Métrop. En effet, seules les ventes réalisées aux enchères participent aux frais d’organisation d’une telle vente collective, explique le président. 

Onze autres veaux ont été vendus dans le cadre de la vente à l’amiable et ils ont bénéficié de bons prix, fait valoir Didier Métrop. Au total, cela fait 54 veaux vendus, un bilan somme toute honorable.

Achats à distance

Au lendemain de cette quatrième vente qu’il préside, Didier Métrop notait la présence d’un public d’éleveurs nombreux. Le fait d’avoir ouvert à des apporteurs d’autres régions a fait venir d’autres éleveurs qui sont venus acheter aussi. Les nouveaux apporteurs avaient amené de très bons veaux qu’ils ont d’ailleurs bien vendus, observe le président. Ce dernier se félicite également de la montée en puissance de la vente en ligne. Quatre éleveurs à distance s’étaient inscrits dont deux ont acheté en ligne. Deux autres ont appelé directement le président pour lui demander de miser pour eux.

« Faire revenir ces éleveurs qui ne viennent plus »

Le succès en demi-teinte de cette vente questionne néanmoins les organisateurs. La baisse du nombre d’éleveurs et la décapitalisation sont une des explications ; les ventes en ferme et la multiplication des évènements pèsent probablement aussi. L’association s’interroge sur le nombre de veaux présentés. Dans ses tournées de recrutement, elle avait joué la carte de l’ouverture. Mais certains de ces veaux n’ont pas trouvé preneurs aux enchères. D’où la question de sélectionner davantage pour une vente moins longue aussi. Mais dans le même temps, les éleveurs charolais d’entre Saône-et-Loire souhaitent « tout faire pour faire revenir ces éleveurs qui ne viennent plus ». Entendre par là des éleveurs non inscrits, qui produisent des broutards ou des bovins de boucherie. Pour eux, « il faut des veaux moins soignés, avec une morphologie plus typée viande », fait valoir Didier Métrop.

Ayant déjà accompli de sacrées évolutions depuis quatre ans, l’association des éleveurs charolais d’entre Saône-et-Loire a d’ores et déjà de nouvelles idées pour la suite. A commencer par une mise à niveau de la mise à prix qui, à 3.000 €, n’est plus à la hauteur des frais engagés et des garanties offertes, comme la connaissance du statut Ataxie.

 

Au palmarès des meilleures ventes…
Untantinet, record de prix de la vente à 21.300 €

Au palmarès des meilleures ventes…

Le record de prix de la vente de Charolles 2023 revient à l’élevage Gagnepain-Champenois de Rigny-sur-Arroux dont le veau Untantinet a été adjugé 21.300 € à trois élevages. Ce fils de Pomerol (Gaec Boileau) sur une fille de Drapeau avait tapé dans l’œil de Vincent et Geoffrey Froidurot (21), déjà acquéreurs du record de prix de Charolles en 2022. Pour ce nouvel achat, ils ont convaincu deux autres élevages de se joindre à eux : Caroline et Jacques Devillard de Champlecy et Didier Métrop de Grandvaux. Les éleveurs saône-et-loiriens se sont laissés tenter. « Ne pouvant se permettre d’acheter seuls », ils ont pris chacun une part dans cet achat pour un charolais exceptionnel issu de très bons parents et au sang encore peu diffusé.

La seconde meilleure vente a été réalisée par le Gaec Lacour de Saint-Vincent-des-Prés qui a cédé Umberto pour 13.000 € au Gaec Nanotti en Moselle. Umberto est un fils de Ravissant (Gaec Vannier) sur une fille de Matuvu. La troisième meilleure vente (10.500 €) a été réalisée par le Gaec Micaud (03) qui livrera Ulrich au Gaec Blandin-Cury dans le même département de l’Allier. Le Gaec Micaud qui a aussi acheté un veau à Charolles, en l’occurrence Ugolin, né chez Yves Rollet à Chenay-le-Châtel et adjugé 9.200 €. Pour sa toute première participation à une vente aux enchères, l’éleveur réalisait d’emblée la quatrième meilleure vente de cette édition.