BAROMÈTRE
Les producteurs bio entre fierté et inquiétudes

En avril et mai 2023, l’Agence bio pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique, a mené une vaste enquête auprès de 11 625 agriculteurs et agricultrices bio, soit 20 % des producteurs nationaux. Résultat : 62 % des répondants ont indiqué garder confiance en l’avenir.

Les producteurs bio entre fierté et inquiétudes
Selon une enquête de l'Agence bio, 86 % des sondés affirment que le fait d’avoir passé le cap de la conversion en bio participe à leur bonheur. ©Xavier_Remongin_Min_Agri.

En France, les agriculteurs et agricultrices bio affirment en grande majorité (86 %), que le fait d’avoir passé le cap de la conversion participe à leur bonheur. C’est ce que révèle une enquête menée par l’Agence bio durant le printemps 2023, auprès de 11 625 personnes, sur un total de 60 000 producteurs en agriculture biologique. Selon l’agence, les filières bovines, légumes, plantes aromatiques, caprines et volailles seraient celles ayant le plus répondu à l’enquête. Parmi les motivations majeures pour se convertir en bio, les concernés évoquent, en grande majorité, prendre soin de l’environnement (85 %), préserver la santé (77 %) et retrouver la fierté de produire des aliments bons et sains (55 %). Les agricultrices et agriculteurs bio sont 62 % à exprimer leur confiance quant à l’avenir du développement du bio. Cet optimisme est encore plus marqué parmi ceux engagés en 100 % bio, avec 68 % de confiance exprimée.

Accélérer la communication autour du bio

Toutefois, cet optimisme n’occulte pas certaines préoccupations et difficultés. L’agence note que 50 % des producteurs déplorent la faiblesse de plus-value sur une ou toutes leurs productions ; tandis que 43 % s’inquiètent de la suppression des aides au maintien et 38 % disent devoir faire face à l’alourdissement et à l’augmentation des dépenses liées à la production et à la main-d’œuvre. Les filières lait, poulet, porc et grandes cultures sont les moins enthousiastes. Mais ce taux d’insatisfaction reste très faible et concerne entre 8 % et 11,5 % des répondants. Face à ces difficultés, la moitié des professionnels sondés pense qu’il est essentiel de renforcer l’information des bienfaits de l’agriculture biologique auprès du grand public, ainsi que les aides. Au total, deux producteurs sur trois ne sont pas satisfaits de la communication faite autour de la promotion de l’agriculture biologique. Incontestablement, la réponse la plus souvent donnée concerne la vente au juste prix de la production agricole bio et le développement de ses débouchés (55 %), tandis que 40 % des producteurs mettent l’accent sur la nécessaire baisse des charges.

Une satisfaction différente selon les filières

Les sondés originaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes, 3e zone en termes de surfaces et de nombre d’exploitations en 2022, se démarquent sur plusieurs points. Durant l’enquête, 88 % disent être fiers d'être en agriculture biologique, contre 95 % au niveau national. Les notes liées à la fierté et à la satisfaction d’être labellisé en agriculture biologique se révèlent particulièrement élevées pour les filières viticole et maraîchère. Les notes les plus basses concernent les producteurs de vaches laitières, les plantes à parfum aromatiques et médicinales et les monogastriques. L’installation est souvent citée comme une période particulièrement difficile dans le parcours professionnel. L’accès au foncier et le fait de ne pas bénéficier de revenus dès les premières années étayent cet argument. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2018 et 2022, la région Auvergne-Rhône-Alpes a connu un recul de 27 % des surfaces en conversion. Bien au-dessus des 12 % estimés au niveau national.

Léa Rochon