Des "crédits carbone" pour rémunérer les bonnes pratiques des éleveurs. Voici l’objectif que s’est fixée la FDSEA de Saône-et-Loire. En utilisant la méthode Carbon Agri, la profession entend redonner de la compétitivité aux agriculteurs. Mais combien espérer concrètement ? Éléments de réponse.

Pour rémunérer les bonnes pratiques des éleveurs

Avant de savoir combien cela va rapporter exactement, il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une démarche de « progrès », dans le sens où il faut amener la preuve que l’exploitation progresse sur un certain nombre de critères. Cela ne veut pas dire pour autant que ce que vous faisiez avant était « mal ». D’ailleurs, l’association France Carbon Agri a anticipé ce cas de figure et permettra aux agriculteurs ayant pris de l’avance de ne pas se voir pénalisé et entrer ainsi dans la démarche. En effet, l’objectif de l’association France Carbon Agri est de permettre de garder dans les exploitations la valeur liée aux efforts mis en œuvre par les éleveurs pour l’heure et de ne pas le lier à la vente du produit. Elle offre également l’opportunité aux éleveurs d’obtenir une rémunération pour les crédits carbones ainsi générés sur leur exploitation. La démarche Carbon Agri permet également d’améliorer les performances technico-économiques des exploitations, via le choix de leviers pertinents aux niveaux technique, économique et environnemental en fonction du contexte de l’exploitation. Cela permet une optimisation des outils de production, et donc un premier gain en terme de réduction de charges.

Qu’est-ce qu’un crédit carbone ?

Les crédits carbones générés sur une exploitation correspondent aux tonnes de CO2 évitées sur l’exploitation, durant la période d’accréditation, grâce à la mise en place d’un programme d’actions combinant une réduction des émissions de CO2 et une augmentation de la séquestration carbone. 
Carbon Agri est donc une méthodologie pour certifier les réductions d’émission de gaz à effet de serre sur les exploitations agricoles. Cette méthodologie (certifiée le 30 septembre 2019) permet aux producteurs d’obtenir le Label Bas Carbone attribué par les pouvoirs publics.
Carbon Agri s’appuie bien sur une analyse à l’échelle de l’exploitation afin d’évaluer les émissions des gaz à effet de serre, le stockage de carbone et surtout établir un plan d’action bas carbone personnalisé et adapté à l’exploitation. Au terme des cinq ans, un nouveau diagnostic est réalisé, déterminant ainsi le volume réel de carbone évité sur l’exploitation et donc le volume de crédits carbones pouvant être vendus. Pour les exploitations qui estimeraient que leur niveau de départ en terme d’émission de GES est très bon, il est possible de ne pas réaliser ce diagnostic « Cap’2ER niveau 2 » mais de partir des références génériques régionales. Dans ce cas-là, l’exploitation déjà performante d’un point de vue « carbone » pourra générer potentiellement plus de crédits carbones que si elle était partie de son diagnostic, mais le plan d’actions mis en œuvre sera alors moins personnalisé et les bénéfices technico-économiques moins faciles à évaluer.

Quels bénéfices pour son exploitation ?

Trois raisons peuvent motiver l’entrée dans cette démarche Carbon Agri. Premièrement, la certification d’exploitations « ferme bas carbone » permet de renforcer le discours positif autour des bienfaits de l’agriculture française dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est un argument concret et reconnu officiellement par l’État, qui donne de la force pour répondre aux attaques répétées des associations écologistes anti-élevage.
Deuxièmement, la mise en place d’un projet global à l’échelle de l’exploitation associant la mise en œuvre d’une ou plusieurs pratiques bas carbone permet d’augmenter la rentabilité de l’exploitation. Par exemple, en moyenne pour une ferme laitière, ce gain peut se chiffrer à 12 à 14 €/1.000l. 
Troisièmement, la vente des crédits carbones permet d’être rémunéré pour sa réduction d’émission de GES. Le montant de la rémunération s’élève à 30 € HT de la tonne de CO2 évité. Par exemple, pour une ferme laitière moyenne française, le volume s’élève en moyenne à 300 tonnes de CO2 évités sur cinq ans, et entre 250 et 300 tonnes pour une exploitation bovin viande moyenne.

Comment s’inscrire dans la démarche ?

La FDSEA 71 est votre interlocuteur principal si vous êtes intéressés par la démarche Carbon Agri. France Carbon Agri Association ne lance néanmoins que deux appels à projets par an. Le prochain appel à projet se clôture début décembre 2020. Si vous êtes intéressés pour entrer dans la démarche et être accompagnés par la FDSEA, il vous suffit de vous signaler auprès du service syndical de la FDSEA 71 au 03 85 29 55 16.
Enfin, notez qu’au-delà des filières d’élevage, la viticulture et les grandes cultures réfléchissent aussi à ce type de démarches autour du carbone, d’autant que les bons bilans carbone figurent dans les axes du plan de relance du gouvernement.