Etude Insee pré-recensement
Une étude de l’INSEE La France compte de moins en moins d’agriculteurs

Cédric MICHELIN
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Alors que le gouvernement a lancé le 1er octobre un nouveau recensement agricole, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a rendu publique le 23 octobre, une enquête sur la démographie agricole. Le nombre d’exploitants baisse et le métier peine à se féminiser. 

Une étude de l’INSEE La France compte de moins en moins d’agriculteurs

Bien que l’étude de six pages publiée dans Insee Focus n° 212 ne donne qu’une photographie de l’agriculture en 2019, les données qu’elle présente sont révélatrices des bouleversements importants que ce secteur a connus depuis près de quarante ans. Ainsi en 2019, la France compte quatre fois moins d’exploitants qu’en 1982. Le nombre d’exploitations est passé de 1,6 million en 1982 à environ 400.000 en 2019. Au sens de la définition de l’emploi ayant cours au Bureau international du Travail, c’est-à-dire comme activité principale, les agriculteurs exploitants ne représentaient plus que 1,5 % de l’emploi en 2019 contre 7,1 % presque quarante ans plus tôt. Surtout parmi ces 400.000 exploitants « 7 % effectuent des activités liées à l’exploitation de ressources naturelles, mais ne possèdent pas d’exploitation agricole ; ils sont entrepreneurs de travaux agricoles, exploitants forestiers, patrons pêcheurs ou aquaculteurs », précise l’étude. Dans le même temps, le nombre d’ouvriers agricoles, rattachés au groupe social des ouvriers, a lui aussi baissé, mais dans une moindre mesure. Il est passé de 310.000 en 1982 à 250.000 en 2019. L’Insee précise que l’an dernier, près des trois quarts des agriculteurs exploitants n'emploient aucun salarié : 69 % sont à leur compte sans avoir de salarié et 5 % sont des aides familiaux. L’Insee ajoute que « dans 53 % des cas, ils en ont un seul et dans 33 % des cas ils en ont entre deux et quatre ». Seuls 5 % des exploitants agricoles emploient au moins dix salariés. La forme sociétaire de l’exploitation s’est considérablement accrue puisque 4 agriculteurs sur 10 en 2019 exerçaient leur activité dans le cadre d'une société. En 1988, les sociétés ne concernaient environ qu’une exploitation sur 10.

55 heures de travail par semaine 

Alors qu’en France la moitié des « personnes en emploi » sont des hommes, le secteur agricole échappe à la règle. En effet, en 2019, 73 % des agriculteurs exploitants étaient des hommes. Les femmes qui se déclarent agricultrices dans leur emploi principal ont plus souvent que les hommes le statut d'aide familial (12 % contre 2 %). Il ne faut voir dans cette baisse aucun "caractère machiste" de la part du monde agricole alors même que tous les autres secteurs d’activité se sont féminisés. L’Insee justifie ce « recul de la part des femmes au sein des personnes ayant un emploi principal d'agriculteur par le fait qu'il y a de moins en moins de conjointes d'agriculteurs qui sont elles aussi agricultrices. Ainsi, en 1982, près de 60 % des hommes agriculteurs avaient une conjointe agricultrice ; cette proportion est de 19 % en 2019 ». L’enquête confirme également le vieillissement de la population agricole car plus de la moitié d’entre eux (55 %) sont âgés de 50 ans et plus. Ce qui soulève le problème du renouvellement des générations et de l’attractivité du métier. « Les agriculteurs constituent ainsi, et de loin, le groupe socioprofessionnel comportant proportionnellement le plus de seniors en activité », insiste l’étude. À l'inverse, seuls 1 % des agriculteurs ont moins de 25 ans, contre 8 % pour l'ensemble des personnes en emploi. Enfin, l’Insee confirme qu’en moyenne, les agriculteurs ont une durée de travail hebdomadaire plus élevée (55 heures en moyenne) que l'ensemble des personnes en emploi (37 heures), et qu’ils travaillent très fréquemment le samedi ou le dimanche. Il est fort probable que les résultats du recensement agricole qui se termine le 30 avril 2021 viendront confirmer ces tendances.