EARL de Prayes à Tramayes
A Tramayes, l'EARL de Prayes pousuit sa quête d’autonomie

Marc Labille
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Éleveur de porcs et de bovins à Tramayes, Cédric Dubois a investi dans un bâtiment abritant un stockage de matière première et une fabrique d’aliments à la ferme. Il en a aussi profité pour installer une toiture photovoltaïque dont la production d’électricité est autoconsommée.

A Tramayes, l'EARL de Prayes pousuit sa quête d’autonomie
Avec des aides importantes, le stockage et la fabrique d’aliment de Cédric Dubois ne lui ont coûté que 50.000 €.

À Tramayes, Cédric Dubois est à la tête d’un élevage de cent vaches charolaises, 50 brebis et 140 truies. Toute la production des bovins est engraissée sur place, en babys et en femelles sous signe de qualité. Les porcelets quittent l’exploitation au sevrage. Dans ce secteur montagneux où l’on a pour coutume de se diversifier pour compenser le manque de surface, l’EARL de Prayes est un cas d’école. Les porcs ont fait leur apparition sur l’exploitation en 2002 quand Cédric s’apprêtait à s’installer avec son père. Cet atelier hors-sol évitait de devoir s’agrandir, confie l’éleveur. Au départ en retraite de son père en 2018, Cédric a fait le choix de conserver toutes les productions de l’exploitation.

Sur sa ferme implantée à flanc de coteau, Cédric reconnaît ne jamais avoir construit de grande stabulation « cathédrale ». Les vaches et les jeunes bêtes sont logées dans deux stabulations ainsi qu’une étable entravée convertie en stabulation. Un bâtiment spécifique pour l’engraissement des mâles a été construit en 2015 et cette évolution a permis de mettre un terme aux bêtes à l’attache, confie Cédric.

Fabrique d’aliment à la ferme

Une autre amélioration importante a concerné le stockage des céréales et l’alimentation des animaux. Jusqu’à ces dernières années, les récoltes issues de 10 ha de céréales autoproduites étaient stockées dans quatre cellules de 10 tonnes et le reste devait être stocké à façon par une coopérative. Ces céréales devaient être reprises puis transportées à la main, déversées dans l’aplatisseur, puis chargées dans le godet dessileur, le tout à l’aide de seaux. Une tâche harassante qui se faisait sous une vieille grange. Cédric a donc décidé de construire un abri pour la fabrique d’aliment. À la place d’un vieux bâtiment de pierre démoli, il a fait construire un hangar semi-ouvert sur sol bétonné. L’éleveur y a monté deux cellules métalliques de 45 tonnes à fonds coniques, permettant de stocker l’orge et le triticale produits sur la ferme. Bien que doublant le prix des cellules, le fond conique permet une meilleure ventilation et facilite grandement la reprise des grains, fait valoir l’agriculteur. Sous le bâtiment, quatre cellules de stockage à plat ont également été aménagées pour recevoir les matières premières par camion d’aliment de 17 tonnes : luzerne, pulpe de betterave, tourteaux de colza, tourteaux de soja. Céréales et matières premières sont acheminées par un jeu de vis vers un aplatisseur lui-même surmontant une mélangeuse de produits secs. Seules les matières premières des quatre cellules à plat sont chargées à la main dans une vis qui les élève vers la mélangeuse. Cette dernière est équipée d’un dispositif de pesée qui permet à Cédric de composer ses rations avec précision. Chaque matin, pour ses mâles et ses femelles à l’engraissement, il prépare ainsi deux godets dessileurs d’une tonne chacun, contenant du maïs ensilage et le mélange de céréales et de matières premières.

Gain de temps, performances, coût

Ce nouvel équipement fait gagner une demi-heure de travail chaque jour. Et les rations, élaborées avec plus de précision, se révèlent plus performantes. Sans compter que le fait de pouvoir confectionner soi-même son mélange permet de s’adapter aux évolutions des cours du tourteau, relève Cédric. Ce dernier fabrique aussi un aliment fermier pour ses broutards au pré. Constitué d’orge, de triticale, de pulpe, de colza et de luzerne, ce mélange distribué à volonté permet de préparer les mâles à l’engraissement, indique-t-il.

Toutes ces améliorations se traduisent aujourd’hui par un gain de trois à quatre mois sur la durée d’engraissement des mâles pour un poids de carcasse moyen alourdi de + 20 à + 30 kg à 440 kg, fait valoir Cédric. En outre, l’éleveur estime avoir gagné environ 30 € par tonne d’aliment distribué. Et il apprécie d’avoir accru l’autonomie alimentaire de son exploitation.

Le coût total de ce bâtiment équipé de ses cellules, de sa fabrique d’aliment et de ses bétons s’élevait à 83.000 € (25.000 € pour l’aplatisseur, la mélangeuse, les vis, la pesée…). Pour ce projet pour lequel il a été accompagné par le service bâtiment de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, Cédric Dubois a pu bénéficier de 33.000 € de subventions : une aide substantielle à laquelle il ne s’attendait pas.

Electricité solaire en auto-consommation
Exposé plein sud, le toit supporte 60 mètres carrés de panneaux photovoltaïques.

Electricité solaire en auto-consommation

La toiture de la fabrique d’aliment de l’EARL de Prayes est recouverte de 60 mètres carrés de panneaux photovoltaïques pour une puissance de 20 kWc (Kilo Watt Crête). Une unité de production d’électricité dont une partie est autoconsommée par la ferme. Cédric Dubois avait toujours eu l’idée de se diversifier dans le photovoltaïque mais le raccordement d’une centrale de 100 kWc au réseau EDF était impossible dans la configuration de l’exploitation. C’est par le biais de son groupement porcin que l’agriculteur a eu connaissance de la possibilité de consommer sa propre électricité. Gourmands en énergie (chauffage, ventilation…), les ateliers hors-sol sont en effet de bons candidats pour une autoconsommation d’électricité solaire. Cédric a donc profité de la construction de son stockage pour y installer des panneaux photovoltaïques.

31 % d’électricité autoproduite

L’exploitation consomme une partie de l’électricité solaire produite et ce qu’elle ne consomme par est revendue à EDF. La première année, la centrale a produit 24.620 kWh. 10,869 kWh ont été autoconsommés, ce qui équivaut à 1.590 € de dépense d’électricité économisée (au prix unitaire de 14,81 centimes). 13,751 kWh ont été réinjectés sur le réseau EDF. Ils sont en principe rachetés au prix unitaire de 6 centimes soit un gain de 825 €. Cette tarification incite à accroître l’autoconsommation, fait valoir Cédric qui constate que sur l’année 2020, l’électricité autoconsommée représentait 31 % de la consommation totale de l’exploitation.

En hiver, lorsque la porcherie est beaucoup chauffée et que le soleil est moins présent, la production de la centrale est presque totalement autoconsommée. Mais en été, c’est le contraire, fait valoir Cédric qui estime que l’idéal serait de disposer de batteries permettant de stocker cette énergie.

« Des charges en moins »

D’un montant de 30.200 €, l’investissement devrait se financer en 12 ou 13 ans, calcule l’agriculteur qui ajoute que cette durée raccourcit à chaque fois que le prix de l’électricité augmente. Sur le plan juridique, ce type de centrale solaire en autoconsommation dispense de devoir créer une structure spécifique pour la vente d’électricité, informe l’éleveur. « Une centrale photovoltaïque classique induirait du chiffre d’affaires en plus. Dans mon cas, ce sont des charges en moins », conclut Cédric Dubois.

200 porcelets toutes les trois semaines

Lorsqu’ils ont créé leur atelier porcin, les Dubois adhéraient au groupement départemental Techniporc 71. Leur porcherie a démarré avec cent truies en système naisseur et l’optique était de monter un bâtiment d’engraissement deux ans plus tard. Mais le projet n’a pas pu voir le jour. Face aux oppositions nées de la procédure d’enquête publique, Cédric et son père ont préféré abandonner, très éprouvés par cet épisode. Demeurant naisseur, l’élevage est passé à 140 truies et il produit aujourd’hui 200 porcelets toutes les trois semaines. Ils sont désormais livrés au groupement SIREPP fruit de la fusion entre les groupements de l’Ain et de la Saône-et-Loire.