EXCLU WEB : Engrais : flambée de prix mais pas de pénurie

L'Union des industries de la fertilisation (UNIFA) a tenté, le 3 novembre, dans une conférence de presse, de rassurer la profession agricole sur l’approvisionnement en engrais. Si la pénurie n’est pas certaine, les prix devraient rester élevés. 

EXCLU WEB : Engrais : flambée de prix mais pas de pénurie

Les céréaliers avaient alerté dès la fin du mois de septembre sur une possible pénurie des engrais azotés pour les cultures d’hiver et de printemps. La situation est d’autant plus tendue que l’explosion du prix de l’énergie provoque également celle du prix des engrais.

Ces derniers ont été « multipliés par deux par rapport aux références historiques », a indiqué Florence Nys, déléguée générale de l’UNIFA. L’engrais minéral le plus utilisé, l’ammonitrate 33,5 % a vu son prix à la tonne tripler en un an, passant de 250 € en novembre 2020 à 750 € aujourd'hui.

A cette hausse des prix, s’ajoute le rôle peu solidaire joué par certains pays membres comme la Lituanie ou la Pologne. Ils ont convaincu l’Union européenne d’imposer des surtaxes à l’importation, ou plutôt ce qu’on appelle dans le jargon fiscal, des droits additionnels car ils s’ajoutent aux droits de douane ordinaires de 6,5%. Ces taxes frappent les importations de solutions azotées originaires de Trinité-et-Tobago, des États-Unis et aussi de Russie, avec des surtaxes variant de 22€ à presque 43€/tonne.

L’UNIFA se veut toutefois rassurante : « En France, les cinq unités de fabrication d’engrais simples tournent, soit avec de l’ammoniac produit en France, soit avec de l’ammoniac importé », a affirmé son président Renaud Bernardi. « Les distributeurs étaient couverts à plus de 60% en ce début du mois de novembre », a-t-il ajouté, sans plus de précisions sur la nature de ces engagements.

Jusqu’où grimperont les prix ? 

A quelque chose près, la production française devrait se stabiliser autour de 10,9 millions de tonnes, en légère baisse de 1,5 % par rapport à la campagne précédente (2019-2020) : 8,3 millions de tonnes d’engrais minéraux et organo-minéraux livrées (- 5.8 % /2019-2020) auxquels s’ajoutent 2,6 millions de tonnes d’amendements minéraux basiques (+ 12 % /2019-2020).

L’inquiétude est plus perceptible sur deux points : tout d’abord l’approvisionnement en urée et en solution azotée qui représentent 40 % des intrants pour les agriculteurs français. « Il y a des questionnements sur la fourniture de ces engrais, correspondant aux deuxième et troisième apports, caractérisés par des quantités importantes et des délais très courts. Le produit peut s’avérer disponible mais il faut une logistique efficace pour pouvoir livrer en temps », a indiqué Renaud Bernardi.

Ces importations sont aussi soumises à des logistiques maritimes aléatoires et le prix du transport a flambé depuis quelques mois.

Seconde incertitude : jusqu’où grimperont les prix ? L’UNIFA n’établit ici aucun pronostic. Pour son président, « la situation va rester tendue d’ici la fin de l’hiver. Nous sommes dépendants des approvisionnements en gaz naturel et c’est bien cet élément qui va piloter le marché des engrais azotés ». Les producteurs d’engrais veulent s’affranchir de leur dépendance au gaz, et lorgnent déjà sur des méthodes de fabrication plus vertueuses avec l’hydrogène comme source de production d’ammoniac bas carbone.