EXCLU WEB : Présidentielle 2022 : le programme des semenciers

L’Union française des semenciers (UFS) a dévoilé le 3 novembre, lors d’une conférence de presse, ses 12 propositions aux futurs candidats à la présidence de la République. L’organisation professionnelle qui représente 122 entreprises semencières implantées en France, souhaite que le futur gouvernement issu de cette élection donne des perspectives et un cadre mais aussi soutienne l’innovation. 

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Sans le dire ouvertement, les semenciers aimeraient plus de reconnaissance, eux qui réalisent chaque année 3,6 milliards d’euros (Md€) de chiffre d’affaires dont plus de la moitié à l’exportation, dégageant un excédent commercial de plus d’1 Md€… Parce qu’ils sont les premiers producteurs européens et les premiers exportateurs au monde, ils entendent conserver leur leadership tout en contribuant aux trois objectifs de la transition écologique : préserver la souveraineté alimentaire ; accompagner le changement climatique et soutenir la 3e révolution agricole. C’est le message que les semenciers entendent faire passer aux candidats à la présidentielle. Mais ils attendront le mois d’avril pour les contacter « car on a besoin que le paysage s’éclaircisse un peu », a glissé le président de l’UFS Claude Tabel

Or, avec une pointe d’amertume sinon de regret, l’organisation constate que la France « perd en compétitivité », a souligné sa directrice générale Rachel Blumel, la France ayant rétrogradé à la sixième place des exportateurs mondiaux quand elle trônait il y a encore peu à la deuxième. L’UFS a donc dressé une liste de douze propositions réparties en trois thèmes. Elle souhaite dans un premier temps « développer une vision à moyen terme des politiques publiques relatives à l’agriculture », autrement dit faire coïncider le temps politique et législatif qui s’applique dans des délais restreints avec le temps de la recherche qui demande, quant à lui, un temps plus long, « entre sept et dix ans », a mentionné Rachel Blumel. Sur la même longueur d’onde que de nombreuses autres organisations agricoles, l’UFS souhaite la suppression des distorsions de concurrence entre les États membres de l’UE ainsi qu’une plus grande cohérence des politiques publiques « pour éviter de faire face à des injonctions contraires comme faire plus avec moins de moyens », s’est agacée la directrice générale.

Dans leur deuxième paquet de propositions, les semenciers souhaitent à travers cinq demandes que les futurs candidats s’engagent à soutenir l’innovation variétale. L’UFS ne comprendrait pas que l’on se prive des nouvelles techniques génétiques (NGT/NBT - lire encadré) et entend pérenniser le Crédit impôt recherche (CIR) dont l’enveloppe globale nationale représente pour leur secteur environ 80 millions d’euros. Par ailleurs, l’organisation souhaite que le futur gouvernement renforce ses dispositifs de financement public, « à condition de bien les flécher », a souligné Rachel Blumel. Elle émet aussi le vœu que les politiques élus en 2022 donnent les moyens de mieux faire connaître le métier de semenciers et qu’il lutte efficacement contre les « actions dogmatiques » dont certaines entreprises sont victimes. « Quand on fauche une parcelle expérimentale, on met cinq années de recherche à terre », s’est désolée Rachel Blumel exigeant « une protection efficace contre les atteintes à l’exercice d’une activité légale ».

Enfin sur le troisième volet, décliné en quatre propositions, l’UFS souhaite que l’État garantisse un cadre de production conforme aux exigences de qualité. Cela passe par une « réglementation européenne stabilisée », une « garantie de l’accès à l’eau », « un accès aux solutions de traitement de semences en cas d’impasse technique » et « un maintien de l’accès au marché international ».

NBT : Un nouveau règlement en 2023 ? 

Le calendrier semble sinon se préciser, au moins s’éclaircir pour les NBT. En avril dernier, la Commission européenne avait publié son étude sur le sujet. Celle-ci a fait l’objet d’une étude d’impact fin octobre. L’objectif était d’examiner les « options politiques potentielles ». Cette étude d’impact devrait déboucher dans les prochaines semaines sur une proposition d’évolution de la réglementation de ces nouvelles techniques de sélection génomiques. Cette proposition sera soumise à une évaluation publique puis aux fourches caudines du trilogue européen (Commission, Conseil, Parlement) . « Ce qui devrait nous amener à un nouveau règlement vers le 1er semestre 2023 », a estimé Claude Tabel, président de l’UFS.