Ordre de la Légion d’Honneur
La Croix de Chevalier remise à Jean-Paul Emorine

Cédric Michelin
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Le 31 octobre, dans la salle de la Maison pour Tous de Sennecey-le-Grand, l’ancien ministre et maire de Chalon-sur-Saône, Dominique Perben, a remis la Croix de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur à Jean-Paul Emorine. Cette haute distinction salue une carrière marquante d’élu et de parlementaire, au service de la profession agricole que Jean-Paul Emorine, éleveur de métier, a maintes fois défendue.

La Croix de Chevalier remise à Jean-Paul Emorine

Plus d’une centaine de personnes étaient présentes pour cette cérémonie attendue et méritée. Attendue, car fruit d’une carrière politique majeure. Sachant que la Légion d’Honneur ne peut être remise à un parlementaire en exercice.

Aujourd’hui sénateur honoraire, Jean-Paul Emorine a siégé au Parlement pendant 27 ans, d’abord comme député pendant deux ans, puis au Sénat durant un « quart de siècle ». Parmi les invités et fidèles figuraient des proches, des élus locaux, tels que Dominique Juillot, Gérard Voisin, Madeleine Mazière, Marie-Claude Jarrot, ainsi que des parlementaires en exercice : Marie Mercier, Josiane Corneloup, Fabien Genet et Éric Michoux. Christian Decerle et Bernard Lacour, présidents respectifs des Chambres d’agriculture régionale et départementale, étaient également présents, illustrant l’engagement indéfectible de Jean-Paul Emorine envers le monde agricole. Paul Pluchaud, éleveur et ancien suppléant de Jean-Paul Emorine au conseil général, a, lui aussi, assisté au premier rang à cet hommage.

Dominique Perben et Jean-Paul Emorine ont débuté leur « compagnonnage politique » en 1988, une relation née de leur amitié et renforcée lors de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président François Mitterrand. En tant que suppléant de Dominique Perben, alors appelé à des fonctions gouvernementales, Jean-Paul Emorine fit ses premiers pas à l’Assemblée nationale de 1993 à 1995, avant d’être élu sénateur à trois reprises (1995, 2004 et 2014). Dominique Perben évoqua avec émotion leurs « tournées auprès des maires de la circonscription », durant lesquelles Jean-Paul Emorine, fin connaisseur des dossiers et de la réalité du terrain, se révélait être un partenaire de confiance. Élu enraciné, il restait avant tout un homme de la terre, attaché à ses racines agricoles.

Grâce à sa voix unanimement reconnue sur les questions agricoles, Jean-Paul Emorine s’est vu confier des dossiers majeurs, notamment la loi de Modernisation agricole, l’avenir de la PAC en 1998, une mission sur l’élevage en 2002, ou encore la présidence de la commission des affaires économiques en 2004. Dominique Perben le décrit comme un « véritable libéral, attaché à la liberté et au mérite, enraciné dans un territoire ». Sous des applaudissements chaleureux, il a épinglé la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur sur la veste de Jean-Paul Emorine.

Visiblement ému, Jean-Paul Emorine, 80 ans, a remercié sa femme Élisabeth, ses fils Cyril et Brice, ainsi que son salarié, qui a assuré la gestion de l’exploitation dès ses premiers mandats de maire en 1983. Retenant ses larmes, il est revenu sur sa carrière, ses dossiers marquants en agriculture et la notion de libéral qu’il associe à la « liberté d’être candidat indépendant » face aux partis politiques, ce qui lui a valu des oppositions avant même son adhésion à l’UMP (devenu LR).

Plus de cinquante lois

Sa « vie départementale » au Conseil général l’a conduit à présider la commission agricole et à représenter le département dans plusieurs organisations agricoles, dont le Groupement de défense sanitaire, où il s’est engagé dans la prophylaxie des troupeaux jusqu’en 2004. Éleveur, il a toujours été attentif aux questions sanitaires, à la génétique, à la lutte contre l’érosion des sols et au drainage, des sujets qui restent d’actualité.

En 1994, il devient rapporteur de la loi sur la modernisation de l’agriculture et rencontre le ministre de l’Agriculture Jean Puech pour réduire la durée d’entrée en vigueur du cumul de la pension de réversion avec les droits propres des veuves et veufs d’agriculteurs. Ses combats se poursuivent au Sénat, où il intervient sur la loi sur l’avenir agricole, la réforme de la PAC en 2003 et l’aménagement de la ruralité en 2004. En 2016, il est nommé conseiller pour les relations avec les sénateurs et devient secrétaire du Sénat en 2017, rôle important auprès du président Gérard Larcher. Il aura été impliqué directement dans une cinquantaine de propositions de loi, dont le Grenelle de l’Environnement, souvent en avance sur son temps sur bien des sujets comme sur l’Union des capitaux en Europe actuellement évoquée face au déclassement de l’Europe face à la concurrence des États-Unis et de la Chine.

En 2020, il quitte la vie publique, motivé par la raison, mais avec le sentiment du devoir accompli, bien qu’il aurait souhaité en faire davantage pour la France et l’agriculture. Il conclut en citant Antoine de Saint-Exupéry et Jean d’Ormesson : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants » et « Un jour, je m’en irai sans en avoir tout dit », laissant entrevoir une riche vie de mémoires.