Projet Arena
Clap de fin et perspectives

Françoise Thomas
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Lancé il y a quatre ans (en janvier 2017), le projet Arena vient d’être clôturé. Arena fut le nom donné au projet visant à « anticiper les régulations naturelles », ou autrement dit apporter des solutions en matière de régulation de pression ravageurs. Arvalis et ses différents partenaires ont présenté le 12 novembre dernier le fruit de leurs observations, pleines d’enseignements et ouvrant sur de nouveaux outils.

Clap de fin et perspectives
Parmi les freins qui sont aussi ressortis pendant le projet Arena : le manque de formation des conseillers eux-mêmes sur les auxiliaires pour une action sûre et efficace sur les ravageurs.

Ces dernières décennies, la lutte chimique était la norme en matière de production végétale. Depuis quelques années, les nouveaux enjeux environnementaux et sociaux conduisent à trouver d’autres alternatives. Encore faut-il que ces alternatives soient efficaces car en matière d’études scientifiques, agriculteurs et conseillers ont encore peu d’éléments sur lesquels véritablement se baser.
C’est pour progresser en ce sens que le projet Arena a été lancé il y a quatre ans par tout un ensemble de partenaire dont Arvalis Institut du végétal, Inrae, Terres Inovia, les chambres d’agriculture de Vendée, Centre-Val de Loire et Hauts de France, ou encore le lycée Dijon Quétigny.

État des lieux

Durant quatre ans, techniciens et stagiaires se sont plus spécifiquement focalisés sur les pressions limaces et pucerons de printemps et d’automne sur les cultures de blé, orge, colza et maïs.
Après avoir enquêté sur les besoins du terrain, leur but a été notamment d’élaborer des outils de prévisions et de protection pertinents en combinant plusieurs leviers.
L’un des principaux ressorts en matière d’agriculture pour lutter contre les ravageurs, autre que le chimique, est de faire appel aux auxiliaires. Encore faut-il les connaître, dans leur diversité, leurs interactions (entre eux, avec les ravageurs, avec l’ensemble des autres insectes), leur fonctionnement. Et c’est bien actuellement là que le bât blesse : peu de ressources en effet existent sur l’ensemble de la population d’insecte.

Alors certes vers de terre, coccinelles, micro guêpes, et quelques autres sont connus pour être des aides précieuses à différentes étapes de la croissance des plantes. Mais ces connaissances sont loin d’être suffisantes pour une action globale, précise, sûre et qui plus est sur le long terme.
« Au-delà du besoin de connaissance, précise Véronique Tosser cheffe de projet Arena, il faut également être en mesure d’apporter des éléments de prédictions aux agriculteurs ».
Ce qu’a confirmé l’un d’eux : « le Bulletin de Santé du Végétal, le BSV, fourni chaque semaine des données objectives, fiables et régulières sur les ravageurs en présence. Je souhaite minimiser mon impact sur la biodiversité et je suis convaincu de l’importance des auxiliaires. Hors nous n’avons que très peu d’éléments sur ces auxiliaires ».

Deux outils

Parmi les « livrables » attendus du projet Arena, des méthodes d’observation au champ des régulations naturelles et des outils d’aide prévoyant les niveaux de régulation.
Aussi deux outils d’aide à la décision ont été à la fois élaborés et testés : Dexi-Arena et i-Arena.
Si le premier permet, à travers une évaluation multicritère, de prévoir le potentiel auxiliaire à l’échelle parcellaire, le second tend à prédire l’abondance des pucerons sur la saison à venir.

Pour Dexi-Arena, l’outil regroupe les connaissances bibliographiques sur les auxiliaires et les pucerons en grandes cultures, le tout conjugué avec les données renseignées par l’utilisateur concernant 12 critères de paysage et 14 critères sur le système de culture de la parcelle.
Cet outil assez sensible permet donc de bien différencier les situations d’une parcelle à l’autre et de visualiser à chaque fois les points à améliorer.

i-Arena est un outil qui a, lui, été paramétré en fonction des données connues sur certaines grandes cultures et à partir d’une centaine de combinaisons parcellaires.
Après avoir renseigné le taux de parasitisme, les caractéristiques de la parcelle et du paysage environnant, l’utilisateur peut donc faire des simulations de l’évolution des présences d’auxiliaires/ravageurs en fonction de ses pratiques et à l’inverse décider d’intervention selon les quantités auxiliaires/ravageurs estimées.

La clôture du projet Arena est loin d’être une fin en soi, tant les perspectives ouvertes offrent désormais des champs d’action à poursuivre et à approfondir.