Les brèves du 5 décembre 2022

Voici les brèves du 5 décembre 2022

Les brèves du 5 décembre 2022

Influenza : le ministère annonce une « dédensification » localisée dans l’Ouest
Face à « l’accélération » de l’épizootie d’influenza aviaire en Pays de la Loire, le ministère de l’Agriculture a annoncé le 2 décembre une « dédensification » dans un rayon de 50 km autour de la zone la plus touchée. Sur les 91 cas en élevage en France au 30 novembre, 37 sont situés dans cette zone à cheval entre la Vendée et les Deux-Sèvres. Dans un rayon de 10 à 20 km autour des foyers en « zone à risque de diffusion » (ZRD), la dédensification passera par une réforme anticipée des palmipèdes et des dindes (avec valorisation dans la chaîne alimentaire). Les modalités seront différentes dans un rayon de 20 à 50 km : les éleveurs n’auront pas le droit d’y remettre en place de palmipède ou de dindes, espèces les plus sensibles au virus. En poulets de chair et poules pondeuses, les vides sanitaires y seront allongés, à trois semaines au lieu d’une. Présentées aux organisations professionnelles le 1er décembre, ces mesures visent à « éviter une accélération trop rapide des foyers », et donc à « prévenir la saturation des dispositifs d’euthanasie et d’équarrissage », a précisé le cabinet du ministre à la presse le 2 décembre. La dédensification sera mise en place à partir du lundi 5 décembre, et pour une durée minimale de trois semaines, en fonction de l’évolution de la situation. « Il y aura des dispositifs d’indemnisation déployés pour les réformes anticipées et les allongements de vide sanitaire », précise la Rue de Varenne.

Suicide : la mission sur le mal-être prolongée, Damaisin nommé référent en Guyane
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a déclaré au Sénat, le 30 novembre, que la mission sur le mal-être en agriculture « sera prolongée », car « c’est un élément essentiel ». L’annonce est intervenue à l’occasion de l’examen de la deuxième partie du projet de loi de finances (PLF) pour 2023 en première lecture, au sein de la Chambre haute. La forme et la durée de la prolongation de cette mission n’ont pas été précisées, mais l’idée serait de rendre ce travail plus pérenne. Pour rappel, la mission interministérielle visant à mettre en œuvre la feuille de route « Prévention du mal-être et accompagnement des populations agricoles en difficulté » a été confiée le 3 février à l’inspecteur général des affaires sociales Daniel Lenoir, proche de la retraite. D’autre part, l’ancien député Olivier Damaisin, auteur d’un rapport sur le mal-être en agriculture, a été nommé référent spécifique sur ce sujet pour la Guyane, territoire endeuillé par le suicide récent de deux agriculteurs, selon un communiqué du ministère de l’Agriculture du 30 novembre.

Porc : vers un probable rebond des importations chinoises en 2023 (presse)
Après une forte chute des achats en 2022, les importations chinoises de viande de porc pourraient repartir à la hausse en 2023 en raison de l’insuffisance de la production locale, prévoit Reuters (article en anglais repris par Swine Web). L’agence de presse se base sur les témoignages d’acteurs industriels locaux, selon qui les autorités sous-estiment la baisse du cheptel ces derniers mois. D’après le ministère chinois de l’Agriculture, le cheptel de truies s’élevait à 43 millions de têtes en septembre, contre 44,6 millions un an plus tôt. La baisse réelle serait « plus importante que ce qui a été rapporté », et « le troupeau de truies a diminué de 6 à 8 millions de têtes », estime Reuters, citant l’entreprise canadienne Genesus, qui vend des reproducteurs en Chine. D’autres signes attestent aussi d’une baisse de la production chinoise : le recul de la production d’aliment pour porcs (-8 % en un an sur les huit premiers mois de 2022), et surtout la flambée du prix du porc (+51,8 % en un an au mois d’octobre). Pour Reuters, « les observateurs notent que seule une insuffisance de l’offre peut provoquer des prix si élevés ». Un déficit de production lié aux importantes pertes subies par les éleveurs chinois – jusqu’à 600 yuans par animal (environ 81 €) –, entre une demande en berne et un coût alimentaire élevé.

Céréales : volumes records au terminal de Dunkerque, 22 M€ pour un nouveau silo
Lors de son assemblée générale annuelle le 2 décembre, le 3e terminal céréalier du port de Dunkerque, Nord Céréales, a annoncé avoir investi avec ses actionnaires plus de 22 M€ dans la construction d’un nouveau silo d’une capacité de huit cellules de 3 700 tonnes. « Une première depuis 15 ans », précise un communiqué de presse de Nord Céréales paru le même jour. Il précise au passage que ces « nouveaux travaux d’envergure » sont d’ores et déjà engagés, « après une vaste première phase de rénovation des outils qui s’achèveront au premier trimestre 2024 ». « Le silo n° 9 sera en 2024 un atout supplémentaire pour Nord Céréales, pour Dunkerque et pour la balance commerciale agricole française », s’est réjoui Laurent Bué, président de Nord Céréales lors de l’assemblée générale. Après une campagne 2021-2022 particulièrement « complexe à gérer » en raison de récoltes en deçà des attentes et très humides, la campagne actuelle s’annonce « très différente », précise le communiqué de presse. Dans la région des Hauts-de-France et du Grand Est, la récolte de céréales supérieure de 15 à 20 % en quantité et de bonne qualité. « Fin novembre, nous avons déjà chargé plus de 1,2 million de tonnes de céréales, ce qui est un record depuis plus de 10 ans » s’est félicité Joël Ratel, directeur général de Nord Céréales.

Numérique : Meta (Facebook) voit l’agriculture entrer dans le « métavers »
Parmi les géants du numérique, le groupe Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) est, à notre connaissance, le seul à ne pas avoir encore présenté de projet ou partenariat dédié à l’agriculture. Cela pourrait changer à en croire une publicité publiée sur le réseau social LinkedIn. « Dans le métavers, les agriculteurs optimiseront leurs rendements avec des données en temps réel », promet le groupe californien. Et d’ajouter : « Meta contribue au développement du métavers pour que les données agricoles puissent un jour aider à prendre des décisions plus éclairées. » En août, le groupe a lancé un nouveau réseau social en trois dimensions, intitulé Horizon World, puis une campagne de promotion du « métavers », concept d’univers virtuel aux contours encore flous (réalités mixtes, virtuelle, augmentée…). Les domaines d’application jusqu’ici évoqués par Meta étaient le divertissement, l’éducation, la santé et la vente. En matière de réalité augmentée, la société française Adventiel travaille depuis plusieurs années sur des lunettes adaptées au travail agricole. Chez Meta, notons que WhatsApp a été fortement investi par l’agriculture de groupe (voir notre enquête parue dans Agra Presse hebdo).

Pesticides interdits en UE : Phytéis défend les exportations des fabricants
« Si les autorités accordent aux entreprises implantées en France des permis pour l’export de produits phytosanitaires interdits en Europe c’est avant tout parce que les pays importateurs ont des besoins de solutions pour protéger leurs propres cultures », maintient Phyteis, ex-UIPP, dans un communiqué du 2 décembre. Un argument avec lequel les fabricants espèrent répondre « aux virulentes critiques portées par deux ONG » qui ont dévoilé le 30 novembre que la France a autorisé en 2022 des exports de 7 500 t de pesticides ne bénéficiant pas d’AMM en France, malgré l’interdiction prévue dans la loi Egalim. « La réglementation française, en étant systématiquement plus restrictive que les réglementations de pays concurrents, crée des distorsions de concurrence qui fragilisent simultanément l’agriculture française et le secteur de la protection des cultures », réagit Emmanuelle Pabolleta, directrice générale Phyteis, reprenant certains arguments du syndicalisme agricole majoritaire. Or face à ce cadre trop contraignant, et même si la France est « reconnue internationalement pour son excellence », « les trajectoires d’investissement des entreprises se voient réorientées vers d’autres pays ». Au risque, prévient Phytéis, de priver « la France de capacités de recherche pour développer de nouvelles solutions ».

ZNT : un enjeu national relativement faible, sauf en cultures pérennes (étude)
« Telles qu’elles sont définies actuellement par le gouvernement, les zones de non-traitement [de phytos] ne sont pas susceptibles d’avoir un grand effet sur la production agricole à l’échelle nationale », notent des chercheurs d’AgroParisTech dans une étude parue dans Building & Environnement. Car seulement 0,2 % de la SAU française se situerait à moins de 10 m de bâtiments et serait donc potentiellement concernée par les ZNT, estiment les auteurs. Cette proportion, soulignent-ils, monterait en revanche à 29 % en considérant une distance de 150 m. En termes de cultures, ce sont les prairies qui domineraient ces terres proches des habitations « avec 56 % de la surface à moins de 10 m des habitations, et 38 % à moins de 150 m ». Une prépondérance de l’herbe qui conduit les auteurs à estimer qu’« environ 50 % de la surface près des habitations, quelle que soit la distance considérée, ne serait pas traitée ». L’enjeu serait en revanche de taille pour les cultures pérennes, alors que 59 % de la surface d’oliviers, 53 % des surfaces de vergers, 45 % de la surface de vigne se trouverait à moins de 150 m des habitations. Autre résultat souligné dans l’article : près de 2 Mha de cultures traitées se trouveraient à moins de 100 m des habitations. « Convertir toutes ces terres à l’agriculture biologique ajouterait 7 % à la surface déjà convertie et permettrait d’atteindre les objectifs nationaux », notent les chercheurs.

Bio : la FNSEA rappelle le ministère à son engagement sur les aides non-consommées
« Julien Denormandie avait promis que les aides à la conversion qui ne sont pas consommées resteraient orientées vers l’agriculture biologique, et c’est que nous devons confirmer avec Marc Fesneau », indique Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA en charge du dossier. Sur les 340 M€ prévus en moyenne par an sur la période 2023-2017, jusqu’à 100 M€ pourraient ne pas être débloqués face au ralentissement des engagements, estime la FNSEA. Alors que la conjoncture est compliquée dans plusieurs filières bio, le syndicat majoritaire aimerait que cette enveloppe soit redirigée « pour soutenir les fermes déjà existantes, pourquoi pas au travers d’une MAEC sur le maintien, grâce à un assouplissement du cadre européen ». Autre demande : « Marc Fesneau ne doit pas relâcher la pression sur l’application d’Egalim dans la restauration collective », répète l’élu syndical. Face aux recommandations de la Cour des comptes, le syndicat majoritaire s’oppose en revanche à l’idée de doter l’Agence bio d’un budget de communication au montant similaire à celui des interprofessions. Une réticence qui ne l’empêche pas de reconnaître le « succès » de la campagne Bioréflexe, et d’appuyer la poursuite de son financement. « Le ministère de l’Agriculture comme celui de la Transition écologique ne doivent pas laisser tomber la dynamique », estime Étienne Gangneron.

Pisciculture : la production stagne en France, les pistes de relance du CGAAER
Alors que la production mondiale progresse, jusqu’à atteindre l’équivalent des produits de la pêche, le CGAAER (ministère de l’Agriculture) constate, dans un rapport paru le 29 novembre que la production piscicole stagne en France depuis une quinzaine d’années, après avoir connu un essor dans les années 80 et 90, puis reculé de 1995 à 2005. Le CGAAER met sur la table plusieurs pistes de relance. Pour l’aquaculture en mer, les auteurs proposent d’identifier des zones dédiées, cette activité y serait prioritaire, et imaginent un couplage de cette production avec l’éolien offshore. Face au changement climatique, la pisciculture d’eau douce (3/4 des volumes en France) doit, quant à elle, s’orienter vers des produits à forte valeur ajoutée pour compenser les investissements dans des systèmes moins gourmands en eau (ex. eaux recirculées) - le rapport inclut aussi une proposition de révision des normes ICPE selon l’effet sur l’environnement, et non plus le volume de production. Le CGAAER insiste sur le cas particulier de la pisciculture d’étang, en déshérence et qui revêt un fort potentiel en France selon eux, en misant sur des pratiques extensives. Les auteurs proposent des mesures fiscales et des plans d’action conjoints avec les Régions.

Affichage nutritionnel : la Conférence nationale de santé soutient le Nutri-score
Dans un avis du 25 novembre, la Conférence nationale de santé (CNS) apporte son soutien « pour généraliser le Nutri-score au niveau de l’Union européenne ». La Commission européenne doit se prononcer d’ici fin 2022 sur le choix d’un étiquetage nutritionnel obligatoire harmonisé dans tous les pays européens. Elle avait créé la surprise en indiquant, le 30 septembre, qu’elle n’allait pas proposer le Nutri-Score, rapportait l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir dans un article publié fin octobre. Bruxelles a justifié sa position en expliquant vouloir « éviter la polarisation du débat ». La Commission pourrait se diriger vers un système combinant plusieurs méthodes existantes. « À ce jour, seul le Nutri-score a fait l’objet de plusieurs démarches d’évaluation reprises dans des publications scientifiques, témoignant de son impact positif sur l’information des personnes et sur les changements de comportements alimentaires », estime la CNS, organisme consultatif placé auprès du ministère de la Santé. Elle dénonce « la mobilisation de plusieurs grandes entreprises agroalimentaires pour à la fois décrédibiliser le Nutri-score et pour empêcher ou retarder son adoption au niveau européen » et dénonce des « stratégies de lobbying ».

Consommation : 80 % des foyers sont inquiets face à la hausse des prix (sondage)
Selon l’Observatoire des nouvelles consommations E. Leclerc, présenté le 1er décembre à la presse, 98 % des familles ressentent la hausse des prix à la consommation et 80 % sont inquiètes. Ce sondage a été réalisé en octobre auprès d’un panel représentatif de 1000 familles par la société d’études et de conseil BVA. Quand elles font leurs courses, 92 % des familles comptent à moins de 10 € près, et 70 % font de plus en plus attention à leurs dépenses en général. Cela se ressent particulièrement sur le choix des loisirs : les familles se tournent de plus en plus vers des activités gratuites. Cependant, la consommation alimentaire pourrait bientôt en pâtir. Le président du comité stratégique de l’enseigne, Michel-Édouard Leclerc, redoute « un gros trou dans la consommation » sur les trois premiers mois de l’année 2023. Pour s’adapter à la nouvelle donne inflationniste, 78 % des foyers ont changé leur façon de consommer : fréquentation de plusieurs enseignes pour comparer les prix, diminution des quantités achetées, chasse aux promotions, réflexes de stockage… Les consommateurs sont dans une attitude « combative », observe BVA. Au final, 64 % des consommateurs ont le sentiment de bien s’en sortir, 56 % de tirer le meilleur parti de leurs ressources et 42 % considèrent que la qualité de vie de leur foyer n’a pas changé.

Similis végétaux de viande : Umiami reprend une ancienne usine Knor en Alsace
La jeune entreprise française Umiami a annoncé le 1er décembre avoir choisi l’ancien site de Knorr (groupe Unilever) à Duppigheim, dans le Bas-Rhin, fermé en 2021, pour installer son usine de production de substituts végétaux de viande, qui devrait permettre de créer 65 emplois en 2023. « Le bâtiment de 14 000 m2 abritera, dès le second semestre 2023, la première usine au monde capable de produire à grande échelle n’importe quel type de filet de viande et de poisson en n’utilisant que des plantes », indique dans un communiqué Umiami, qui a breveté sa technologie pour imiter le goût et la texture de la viande avec des protéines végétales. Basée en Essonne, l’entreprise – qui a éprouvé son projet avec une unité de production pilote pendant un an, comme le rappelle l’AFP – vise d’abord une production de 7500 t par an et par ligne de production. « À terme », une production atteignant jusqu’à 22 000 t et la création de 200 emplois qualifiés sont visés. Le montant de l’investissement total sur le site de Duppigheim n’a pas été communiqué. Pour se lancer industriellement en Alsace, Umiami devrait bénéficier d’une aide de 7,4 M€ de l’État, dans le cadre d’un appel à projets « Première usine », et de 3 M€ de la région Grand Est. Les substituts végétaux de viande et de poisson seront destinés à l’industrie agroalimentaire et aux chaînes de restauration des marchés européen et américain.