Ravageurs du colza
Collections automne/hiver et printemps/été

Alexandre Coronel
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Les insectes ravageurs des cultures de colza étaient au centre des demi-journées techniques organisées par la chambre d'Agriculture de Haute-Saône. Une faune variée, qu’il vaut mieux connaître pour atténuer les risques de dégâts, et traiter seulement en connaissance de cause.

Collections automne/hiver et printemps/été
Dans la cuvette jaune, les larves des insectes présentes dans les pieds de colza sont collectées afin de les dénombrer.

Parmi les grandes cultures pratiquées sous nos latitudes, le colza semble être une celle qui attire le plus les ravageurs : pucerons verts, chenilles, taupins, piérides, charançons du bourgeon terminal, de la feuille et de la silique, grosses et petites altises, tenthrèdes, méligèthes… Face à cette longue liste de menaces capables d’amputer le rendement de la culture, l’association des leviers agronomiques et insecticides donne les meilleurs résultats et présente la meilleure efficacité économique. Émeric Courbet, conseiller grandes cultures à la chambre d’Agriculture de Haute-Saône a réalisé un panorama très complet des insectes qui s’attaquent au colza, détaillant leur mode d’action, les facteurs de sensibilité de la culture, les auxiliaires, la manière d’évaluer le niveau de risque, et les éventuelles solutions de traitement quand elles existent. En amont de l’implantation – même si c’est trop tard cette année – signalons l’importance du choix variétal. « Les essais conduits par Terre Inovia et ses partenaires ont permis de classer les variétés selon leur vigueur de départ et leur comportement vis-à-vis des larves d’altises. Dans les situations à forte pression d’insectes (secteurs où le colza est historiquement très cultivé par exemple), ces classements permettent de choisir des variétés adaptées ».

Des colzas implantés tôt et vigoureux

Le premier levier à activer pour limiter la casse est agronomique. « Un colza robuste supporte mieux les attaques, en particulier celles des insectes d’automne, ainsi que les aléas climatiques : on vise une levée précoce (pour atteindre le stade 3 feuilles avant le 15 septembre), et on recherche une croissance dynamique et continue pendant tout l’automne. Pour cela, il faut leur donner à manger », expose le technicien, photos de cultures à l’appui. « Une fois que la plante a pompé tout le reliquat azoté du précédent, une faim d’azote peut provoquer son affaiblissement. C’est bien de prévoir une fertilisation appropriée, en apportant une fumure de fond avec du compost et du fumier par exemple, qui va minéraliser et prendre le relai pour soutenir la croissance du colza ». L’expérience des dernières années démontre en effet qu’en cas de fortes attaques de grosses altises, les colzas robustes qui ont bénéficié de bonnes conditions d’implantation et de fertilisation ont plutôt bien encaissé, tandis que dans la même parcelle, les zones moins favorables ont été entièrement dévastées, contraignant l’agriculteur à un ressemis. Une reprise dynamique en sortie d’hiver permet aussi de limiter le risque de dégâts de coléoptères à ce moment-là.

Reconnaître les principaux ravageurs et leur seuil de nuisibilité

À l’aide de photos agrandies, Émeric Courbet a fait le tour des ravageurs les plus fréquents, détaillant pour chacun le seuil de nuisibilité – en fonction du stade de la culture – et la situation cette année. L’occasion aussi de faire la démonstration du test berlèse, désormais nécessaire pour justifier d’une intervention sur l’altise d’hiver et/ou le charançon du bourgeon terminal, compte tenu du régime dérogatoire accordé à la cyantraniliprole (Minecto gold). « Dans un premier temps, faire un tour dans les parcelles et observer les pétioles permet d’évaluer rapidement les situations où les altises sont présentes, car là où elles ont piqué pour pondre, on a des boursouflures qui se forment. En cassant les tiges, on trouve les larves de différentes tailles ». Le test Berlèse permet une évaluation plus fine de la situation larvaire à l’échelle de la parcelle. Ce test consiste à laisser sécher à température ambiante (en intérieur) les plantes de colza, sur une grille disposée au-dessus d’une cuvette en plastique. « Au bout de deux à trois semaines, les larves sont sorties des plantes et on peut les compter. Pour faciliter leur dénombrement, on peut les répartir sur une feuille de papier quadrillée… ».

Une feuille quadrillée permet de dénombrer plus facilement les larves. Celles d’altise ont les deux extrémités noires.