Le 15e Forum Économique du Medef 71, organisé à Chalon-sur-Saône, a battu un record de participation avec près de 900 participants. L’édition, placée sous le thème de l’intelligence artificielle (IA), a permis de mettre en lumière les transformations technologiques majeures touchant les entreprises, grandes ou petites.
Animée par une vraie « animatrice », Alexia Borg, LaRef71 a rassemblé des experts qui ont souligné les opportunités, les défis et les limites de l’IA dans le tissu entrepreneurial français. Le tout, en offrant des perspectives concrètes aux dirigeants et décideurs présents. Etaient justement présents, le Préfet de Saône-et-Loire, le vice-président du Département et président du Grand Chalon et d’Intercommunalité de France, Sébastien Martin ou encore le député, Eric Michoux qui est à la tête d’une myriade d’entreprise au sein de Galilée, qui a développé une IA.
Pour bien souligner la révolution en cours, l’ouverture a été faite par l’intervention de LIA, une intelligence artificielle conversationnelle spécialement conçue pour le Medef 71. Sa présentation, entièrement générée par IA, a captivé ou terrorifié l’audience. En tout cas, cette génération d’un visage animé parlant comme un humain a illustré les capacités immersives de ces technologies, qui désormais ne sont plus réservées aux studios Hollywoodiens. En plaisantant sur son "trac", les organisateurs (qui avaient dû lui demander ou commander de le faire) ont mis en avant l’ambition de l’IA : non pas remplacer, mais compléter les humains dans leurs activités.
Une révolution technologique
Fabien Rossignol, président du Medef 71, a rappelé dans son discours les profondes mutations induites par l’intelligence artificielle. Il a décrit l’IA comme un « amplificateur de capacités humaines », capable de transformer des PME locales et des multinationales en leur permettant d’analyser leurs données, d’optimiser leur chaîne de production et d’anticiper les besoins des clients. Toutefois, il a aussi insisté sur les défis éthiques, humains et stratégiques associés à l’intégration de cette technologie.
Les conférenciers Emmanuel Moyrand et Olivier Babeau ont ensuite enrichi les débats par leurs perspectives. Emmanuel Moyrand a abordé la dimension macroéconomique, positionnant l’Europe face aux mastodontes américains et chinois dans la course à l’IA. Il a souligné l’importance de former la population à grande échelle, citant des initiatives comme celle de Singapour, qui a formé quatre millions de personnes en trois mois.
Olivier Babeau a, quant à lui, exploré l’impact sociétal et culturel de l’IA, évoquant la possibilité d’une vie professionnelle enrichie par des outils autonomes, mais avertissant aussi contre le risque de bulle cognitive, encore plus forte que celles des réseaux sociaux. Il a insisté sur la nécessité de garder l’humain au centre des décisions, même dans un monde où les IA se perfectionnent chaque jour.
L’IA, un outil sur-mesure pour les entreprises
Anne Bretonnière, responsable IA chez Renault, a présenté des cas concrets d’utilisation, comme la détection automatique des défauts en chaîne de production grâce à la vision par ordinateur et surtout par apprentissage profond (par le seul programme informatique). Elle a insisté sur l’importance d’un usage raisonné de l’IA, non seulement pour répondre à des besoins spécifiques, mais aussi pour limiter l’impact écologique de ces technologies gourmandes en ressources. Un litre d’eau environ pour chaque requête à ChatGPT
Thomas Ranvier, à la tête de Galilée IA, a évoqué les solutions adaptées aux PME, comme les agents conversationnels sécurisés ou les outils d’analyse automatisée de documents, qu’il développe. Il a mis l’accent sur la nécessité de sensibiliser les équipes et d’intégrer l’IA de manière progressive pour maximiser les bénéfices.
Des questions éthiques et pratiques
Les discussions ont également abordé des sujets sensibles, comme la propriété intellectuelle et la transparence dans l’usage de l’IA, ou encore la régulation européenne visant à encadrer ces technologies. Tous les intervenants ont convenu que l’adoption éclairée de l’IA est indispensable pour rester compétitif tout en préservant les valeurs humaines.
En conclusion, les intervenants ont appelé les entreprises, y compris les plus petites, à considérer l’IA comme une opportunité stratégique. Si l’outil est encore jeune et nécessite des ajustements, il promet d’augmenter la productivité et d’améliorer les conditions de travail, notamment prochainement avec les Agents qui prendront les commandes des ordinateurs. Le Préfet a rappelé que l’administration utilisait déjà une IA baptisée « Albert France Service ». Cependant, tous ont insisté sur l’importance d’un apprentissage continu pour accompagner cette révolution. Dans la salle, très peu levait la main à la question si, en tant que dirigeant ou chef d’entreprise, il n’avait jamais essayé une IA, preuve que l’idée fait son chemin avant l’usage certainement.
Ce Forum Économique du Medef 71 a démontré que l’intelligence artificielle, loin d’être un gadget, s’impose comme un levier crucial pour les entreprises françaises. Dans un contexte où innovation et humanité doivent cohabiter, les dirigeants présents sont repartis avec une certitude : l’avenir passe par l’IA, mais un avenir réfléchi et maîtrisé. Le mot de conclusion revenait à une IA faisant parler le président de la République depuis l'Elysée pour annoncer une promotion commerciale pour Constance Prod basée à Chalon.
Intelligence ? En anglais, il s’agit aussi des… renseignements
En anglais, le mot « intelligence » désigne à la fois la capacité d’apprentissage, de compréhension et de résolution de problèmes, mais aussi la collecte et l’analyse d’informations (comme dans intelligence service de la CIA pour les services secrets). Appliquée aux machines, cette notion s’étend à des systèmes capables de « simuler » ces facultés pour traiter des données, s’adapter et prendre des décisions. Les principales IA ont été programmée par des Américains et des Chinois, avec donc des biais par rapport à nos valeurs Européennes.
Adopté en 2023, l’Artificial Intelligence Act (IA Act) positionne l’Europe comme un précurseur en matière de régulation des technologies d’intelligence artificielle. Ce texte établit un cadre juridique structuré autour de quatre niveaux de risque :
1. Risque inacceptable : Certaines applications, comme la manipulation cognitive ou la surveillance de masse indiscriminée, sont strictement interdites.
2. Risque élevé : Les systèmes utilisés dans la santé, l’éducation ou la justice doivent respecter des obligations strictes de transparence et de sécurité.
3. Risque limité : Pour des outils comme les chatbots, une simple transparence suffit (ex. : avertir les utilisateurs qu’ils interagissent avec une IA).
4. Risque minimal : Les applications comme les jeux vidéo par exemple ne nécessitent aucune contrainte particulière.
L’objectif de l’IA Act est de garantir un équilibre entre innovation et protection des droits fondamentaux. En créant un cadre éthique et légal, l’Union Européenne espère favoriser une adoption de l’IA respectueuse des valeurs humaines. En revanche, l’Europe bride le développement de services commerciaux basés sur l’IA.
L'évolution de l'IA et son avenir vers l'IA forte
L'intelligence artificielle (IA) a parcouru un long chemin depuis ses débuts dans les années 1950. De simples programmes capables de résoudre des problèmes mathématiques, nous sommes passés à des systèmes complexes qui peuvent reconnaître des visages, comprendre le langage naturel, détecter des cancers, découvrir des molécules et même battre des champions du monde aux échecs et au jeu de Go. L'évolution de l'IA peut être divisée en plusieurs étapes clés, chacune apportant des avancées significatives qui nous rapprochent de l’IA ultime : l'IA dite forte. Actuellement, il n’existe que des IA « faibles » (qui ne sont que probabilités, sans forcément même de calcul algébrique possible). Le tournant majeur est arrivé au début du XXIe siècle avec le développement des réseaux neuronaux artificiels, inspirés du fonctionnement du cerveau humain. Grâce à l'augmentation de la puissance de calcul et à la disponibilité de grandes quantités de données, le « deep learning » (apprentissage profond) est devenu possible. Les modèles comme ChatGPT ont ensuite démontré des capacités impressionnantes en matière de compréhension et de génération de langage naturel. Ces LLM sont capables de rédiger des articles, de traduire des langues et de répondre à des questions de manière cohérente. Cependant, ils restent des IA « faibles », car ils n'ont pas de conscience ou de compréhension réelle du monde.
Bien que l'IA forte reste pour l'instant une notion théorique, la recherche progresse, promettant des innovations qui pourraient transformer radicalement notre société. Elle reste spéculative mais l'avénement de l'ordinateur quantique pourrait rendre ce scenario plausible.