Dépérissement du vignoble français
Un plan d’envergure

Amandine Priolet
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En 2016, les interprofessions vitivinicoles, réunies au sein du Comité national des interprofessions des vins à appellation d'origine et à indication géographique (Cniv), se sont engagées dans un plan national de lutte contre le dépérissement du vignoble (PNDV). Explications.

Un plan d’envergure
Les chiffres clés sur l’impact du dépérissement sur la filière viticole française (crédit photo : https://www.plan-deperissement-vigne.fr/).

Avec le soutien financier du ministère de l’Agriculture et de FranceAgriMer (14 M€ mobilisés en cinq ans), le Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à indication géographique (Cniv) s’est lancé en 2016 dans un grand plan national visant à regagner de la productivité et de la longévité dans les parcelles viticoles en faisant face à un phénomène d’ampleur national : le dépérissement. Présent dans les différentes régions viticoles de France, il entraîne de fortes inquiétudes en termes de durabilité de la filière. Au total, près de 72 facteurs ont été identifiés comme cause de dépérissement : la flavescence dorée, le court-noué, l’esca, la sécheresse, etc. « Pour mieux lutter contre l’érosion durable des rendements et la forte mortalité des ceps de vigne, il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble des agressions biologiques qui frappe le vignoble français (virus, champignons, bactéries, phytoplasmes…), mais aussi les stress environnementaux, les pratiques culturales, les stratégies d’exploitation ou les contraintes technico-économiques », indique le Cniv.
Pour assurer la pérennité du vignoble, le plan présente trois axes de travail majeurs que représentent le matériel végétal, la recherche et le transfert et la régionalisation. « Sécuriser l’approvisionnement en plants de vigne reste un objectif prioritaire. Dans toutes les régions, le matériel végétal est perçu comme primordial, que ce soit pour l’adaptation au changement climatique, pour réduire les produits phytosanitaires ou face aux pathogènes émergents », note le Cniv.

Des pratiques à faire évoluer

Le lancement de la marque professionnelle de la pépinière viticole française, Vitipep’s, en 2018, renforce la garantie d’un matériel végétal sélectionné et produit en France.
Dans un deuxième temps, les actions se portent sur la recherche : le maintien de la productivité du vignoble, la gestion du risque sanitaire, l’anticipation de nouvelles émergences ou encore l’amélioration du matériel végétal sont autant d’éléments qui seront étudiés, dans les mois et semaines à venir, grâce à l’appel à projets de recherche PNDV-2 (2022-2025).
Enfin, il conviendra, pour les professionnels de la filière, de transférer les connaissances acquises en laboratoires ou sur des parcelles tests à l’ensemble du vignoble français. Pour cela, un appel à projets sera prochainement lancé, sur « la stratégie d’adaptation et changement des pratiques ». En parallèle, la filière a pour ambition de construire un observatoire de la santé du vignoble, regroupant trois thématiques phares : la biologie du sol, la coordination de l’innovation variétale et la surveillance des maladies et ravageurs émergents.
In fine, s’il n’existe pas de solution d’éradication des maladies du bois, le plan vise à apporter des solutions adaptées à chaque région viticole pour limiter ou contrôler les impacts du dépérissement des vignobles.