Pratiques
Vignes : la taille manuelle, vectrice de maladies

Amandine Priolet
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Identifier les effets du mode de taille de la vigne sur l’expression des maladies du bois, c’est l’objet d’une expérimentation menée par la chambre d’agriculture du Gard et l’Institut français de la vigne et du vin (IFV).

Vignes : la taille manuelle, vectrice de maladies
Axel Martinez est conseiller viticulture à la chambre d’agriculture du Gard.

Dans le cadre du plan national dépérissement du vignoble (PNDV), le projet Dep-Grenache vise à appréhender une approche globale sur le développement du grenache. L’un des axes de travail consiste à étudier des solutions curatives pour lutter contre les maladies du bois, freiner la mortalité et regagner en productivité, comme le curetage, le recépage et la taille. Lors de son intervention le 18 novembre dernier à Montélimar (Drôme), à l’occasion du PNDV Tour organisé par la filière, Axel Martinez, conseiller viticulture à la chambre d’agriculture du Gard, a présenté un essai factoriel sur les différents modes de taille sur une parcelle de sauvignon plantée en 2006 sur le site de SudExpé à Marsillargues (Hérault) : « Contrairement au grenache, le sauvignon est un cépage qui exprime beaucoup plus les maladies du bois, ce qui nous permet d’obtenir des résultats plus probants », explique-t-il. En effet, la taille a un effet important puisqu’en taillant, le viticulteur fait des plaies, véritables portes d’entrée des maladies. De ce fait, trois modes de taille ont été étudiés : la taille manuelle (en cordon de Royat classique), la taille mécanique de précision et la non-taille ou taille minimale. Les premiers symptômes de maladies du bois ont été observés en 2017.

La taille mécanique a ses limites

L’observation des données, sur ces six dernières années, a permis d’étudier le niveau d’expression des maladies : « nous avons très peu de pieds symptomatiques sur les rangs conduits en non-taille, peu en taille mécanique et beaucoup plus à la taille en cordon. De plus, nous n’avons pas vraiment de différences significatives en termes de mortalité des ceps », indique Axel Martinez. En effet, on observe près de trois fois plus de pieds symptomatiques en taille manuelle qu’en taille mécanique.
Cet essai factoriel a été complété par un suivi de quarante parcelles vigneronnes en 2021 sur lesquelles ont été comparés, là aussi, les effets de la taille manuelle et de la taille mécanique. Axel Martinez a alors évoqué des résultats similaires à ceux de l’essai factoriel.
In fine, la taille mécanique réduirait l’expression de symptômes foliaires de maladies du bois par rapport à la taille manuelle. Pour l’heure, aucun effet significatif sur la mortalité n’a été relevé.
À l’avenir, le projet visera à comprendre pourquoi la taille mécanique réduit les symptômes des maladies du bois et tentera de transposer les principes à la taille manuelle. Axel Martinez tient à souligner que la taille mécanique présente des limites et n’est pas réalisable partout : parcelles en pente, sol pauvre, vignes en appellation, coûts du matériel, etc. « Beaucoup d’éléments entrent en jeu dans la décision du mode de taille », conclut le conseiller de la chambre d’agriculture du Gard.