Didier Sotty à Neuvy-Grandchamp
De grosses économies de paille grâce au raclage

Marc Labille
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Les 128 vaches de Didier Sotty passent l’hiver dans deux stabulations dotées d’aires raclées avec fosses à lisier. Grâce à ce système idéal pour une ration humide et des vêlages précoces, la consommation moyenne de paille n’est que de 3,5 kg par vache et par jour.

De grosses économies de paille grâce au raclage
A Neuvy-Grandchamp, Didier Sotty hiverne toutes ses vaches dans des stabulations équipées de raclage avec fosse à lisier.

À Neuvy-Grandchamp, Didier Sotty est à la tête d’une exploitation de 128 charolaises dont la production est engraissée, exceptée une partie des laitonnes vendues maigres. L’alimentation des animaux est à base d’ensilage de maïs et d’ensilage d’herbe et distribuée en ration mélangée tous les deux jours. La reproduction est assurée par insémination artificielle. Précoces, les vêlages sont regroupés entre le 10 novembre et le 10 janvier. Les 128 vaches de l’élevage sont hivernées dans deux stabulations dotées d’aires raclées avec fosses à lisier. La famille Sotty avait construit un premier ouvrage de ce type en 1996 lors de la mise aux normes de leurs bâtiments. Cinq ans plus tard, un second raclage doté d’une fosse à lisier était inauguré sur le site qu’exploite aujourd’hui seul Didier. La stabulation de 64 places a été doublée en 2016 avec une autre aire raclée de même capacité juste à côté.

Vaches propres et confort de travail

En optant dès 1996 pour un raclage plutôt qu’une litière accumulée, Didier et son frère s’étaient montrés visionnaires. À l’époque, la paille n’était pas chère et la solution aire paillée sur terre battue était pourtant plus abordable. Mais les frères Sotty avaient leurs raisons. « D’abord, on aime bien que les vaches soient propres », confie aujourd’hui Didier qui évoque aussi le confort de travail induit par cette configuration. Dans les deux bâtiments, un large couloir bétonné d’au moins 4 m de large longe les cornadis. « Lorsqu’elles sont prises au cornadis, on peut intervenir à l’arrière des vaches en toute sécurité sans devoir grimper sur la fourche d’un chargeur et sans être gêné par la marche surplombant la litière accumulée », fait valoir Didier. Éleveurs, inséminateurs, vétérinaires apprécient de pouvoir intervenir les pieds sur un sol plat et bétonné, sans risque de chute.

Raclage au tracteur

Les deux couloirs sont raclés au tracteur deux fois par semaine. Les Sotty n’ont pas souhaité investir dans un racleur mécanisé car, échaudés par les déboires des anciennes chaînes de curage, ils redoutaient des problèmes d’entretien et de fiabilité. Équipé d’un rabot large, Didier met une demie heure pour nettoyer ses deux aires raclées. Le lisier est poussé vers une fosse bétonnée circulaire à l’extrémité de chaque bâtiment. Prévues pour pouvoir stocker le lisier et les eaux de pluie de tout un hiver, les deux fosses ont 382 et 400 mètres cubes de capacité pour des profondeurs de 3 et 4 m.

Idéal pour des vaches, estime l’éleveur, ce système raclage avec fosse à lisier est d’autant plus pertinent que l’élevage fait naître ses veaux de bonne heure et que l’alimentation est humide. « Les vaches vont souvent sur l’aire raclée que ce soit pour manger ou se dégourdir », confie Didier qui signale aussi que les animaux sont bloqués aux cornadis entre 7 h et midi et de 17 h 30 à 21 h. Cela permet de concentrer les déjections sur l’aire raclée et de préserver la litière paillée qui sert de zone de couchage à l’arrière de la partie bétonnée et qui donne sur les boxes à veaux. Ce couchage sur litière accumulée est curé deux fois par an, informe l’éleveur. 

3,5 kg de paille par vache et par jour

Pour ses deux stabulations totalisant 128 vaches à veaux, Didier Sotty consomme chaque semaine huit bottes de paille de 400 kg chacune. Cela équivaut à une consommation de moins de 3,6 kg de paille par vache et par jour. Moitié moins qu’une litière accumulée, estime l’éleveur. Le bâtiment le plus récent est ouvert sur son long pan côté sud sud-est. En comparaison de l’autre stabulation fermée sur ses quatre côtés, le pan ouvert a un impact sur la consommation de paille, car la ventilation et le soleil ont l’avantage de « sécher un peu la litière », d’où un moindre besoin en paille, signale-t-il.

Le coût du bâtiment de 2016 est revenu à environ 180.000 € (subventionné à hauteur de 48.000 € dans le cadre du PCAE), indique Didier Sotty. Ce montant comprend la maçonnerie, toiture, aménagements intérieurs, etc.. Réalisé par l’éleveur lui-même, l’important terrassement qu’a nécessité l’implantation de la fosse et de la stabulation n’en pas compté, signale l’éleveur. L’adjonction d’une fosse à lisier et les aires bétonnées induites représentent un supplément de plus de 30.000 €, évalue-t-il. C’est un investissement conséquent, convient Didier Sotty. Mais les sécheresses successives et la flambée du prix de la paille lui ont depuis longtemps donné raison pour ce choix. D’ailleurs, son neveu qui est installé sur une ferme voisine a lui aussi opté pour une aire raclée avec fosse à lisier. 

 

Long pan ouvert et couloir desservant les cases à veaux

Conçues sur le même principe d’une large aire d’exercice raclée derrière les cornadis, les deux stabulations diffèrent cependant par quelques points. Dans le bâtiment de 2016, l’aire raclée est un peu plus large (4,30 m). Un long pan ouvert place le couloir de distribution sous un haut-vent alors que dans le plus ancien des bâtiments, le couloir de distribution large de 7,50 m sert aussi de stockage de fourrage. Cette ouverture bien orientée permet aux animaux de profiter des rayons du soleil. La lumière extérieure est bénéfique aux chaleurs des femelles, observe Didier qui signale que ce bâtiment bien aéré est aussi bien utile et confortable en été lorsqu’il faut sevrer les veaux de bonne heure ou bien pour parquer les broutards avant de débuter leur engraissement. Alors que dans le premier bâtiment, l’accès aux boxes à veaux et cases de vêlage se fait en passant à travers les cases des vaches, dans la nouvelle stabulation, un large couloir de 5 m dessert tous les boxes à veaux à l’arrière du bâtiment. Ce couloir permet de pailler par l’arrière. Autre amélioration notoire, chaque case de veaux est équipée d’un râtelier pour du foin en libre-service.

Un bâtiment financé par le photovoltaïque

Le dernier investissement qu’a réalisé Didier Sotty est un bâtiment à toiture photovoltaïque. D’une puissance de 100 Kilo Watt Crête (KWC), la centrale solaire appartient à l’éleveur qui produit ainsi de l’électricité revendue à Enédis au tarif de 0,112 € Kilo Watt Crête avec un contrat de vingt ans. « Je facture la production à Enédis tous les six mois. La vente d’électricité me rembourse le prix du bâtiment », confie Didier. Mesurant 42 m de long par 16,40 m de large, ce bâtiment sert de stockage à fourrage, paille et céréales. L’éleveur y a fait aménager quatre cases bétonnées pour recevoir des grains. Le coût du bâtiment photovoltaïque s’élève à 150.000 € comprenant la centrale photovoltaïque et le raccordement au réseau EDF. À ce montant, il faut ajouter le coût du terrassement et 30.000 € de béton pour les cases à céréales. Supplément en partie couvert par l’aide de 28.000 € attribuée pour ce projet, complète Didier Sotty.