Ambiance des bâtiments d’élevage
Face aux effets du changement climatique, optez pour le modulable

Variations brutales des températures, vents violents, canicules, fortes précipitations : ces épisodes météorologiques excessifs nécessitent d’adapter les bâtiments pour préserver le bien-être animal et maintenir les performances. Suite de notre dossier pour adapter les bâtiments d’élevage au changement climatique.

Face aux effets du changement climatique, optez pour le modulable
En pratiquant des ouvertures libres le plus bas possible, on apporte de la vitesse d’air au niveau du flanc des animaux.

Les éleveurs confrontés aux caprices de la météo se voient dans l’obligation désormais d’apporter des aménagements à leur bâtiment. Ces réflexions sont au cœur des préoccupations de tous les spécialistes. Jean-François Mermaz, technicien ambiance bâtiment à la coopérative Éleveurs des Savoie est de plus en plus souvent confronté aux interrogations des adhérents. Face au déferlement d’informations, il exhorte les éleveurs à garder la tête froide et à prendre le temps d’analyser leur environnement (relief, exposition, etc.), les besoins de leurs animaux, selon que ce sont de gros ou des petits ruminants, des adultes ou des jeunes. Ces notions fondamentales et de bon sens vont leur permettre de choisir en connaissance de cause et d’optimiser leurs investissements afin de préserver le bien-être animal, d’anticiper les évolutions climatiques et de conserver de bonnes performances.

Vision globale et cadre de réflexion

« Procéder à un état des lieux afin d’identifier les facteurs de risque est indispensable », indique Jean-François Mermaz. Il s’agit de passer en revue certains aspects : l’isolation du toit, la présence de translucides, de murs maçonnés exposés au soleil. Il peut s’avérer nécessaire de réaliser une cartographie thermique. Ce dispositif de mesures créé par l’Institut de l’élevage met en évidence l’homogénéité de l’atmosphère intérieure du bâtiment. Il faut vérifier le réseau de distribution d’eau et son dimensionnement. « Les vaches ont besoin d’une eau de qualité, en quantité suffisante, ainsi qu’un nombre de points d’abreuvement adapté, poursuit-il. En hiver, par grand froid, il faut s’assurer que la température de l’eau ne soit pas inférieure à 10 °C. Il existe des réchauffeurs, qui viennent en plus du système hors gel ».

Du modulable pour être réactif

À partir de cet état des lieux, l’agriculteur va pouvoir trouver sur le marché les équipements adaptés à son bâtiment. Jean-François Mermaz préconise par exemple l’installation d’ouvertures mobiles de type persiennes qui permettent de moduler et de diriger l’entrée de la lumière et de l’air, selon la température et le taux d’hygrométrie. Il conseille également d’adopter un système de brassage d’air mécanique. Attention, toutefois, aux bons rendements de l’équipement et aux éventuelles nuisances sonores. S’il est nécessaire, il peut être important d’équiper le bâtiment de brumisateurs qui font baisser la température corporelle des animaux.

Automatisation des équipements

Lors de la construction d‘un bâtiment, l’agriculteur devra élaborer un cahier des charges précis pour faire valoir ses arguments face aux constructeurs. Il est déterminant d’examiner l’ensemble des matériaux, de mener une réflexion approfondie concernant le niveau d’isolation afin d’obtenir un bâtiment doté d’une grande inertie ce qui permet de pallier les variations brutales de température. Choisir des équipements modulables, persiennes, brise-vent. « Le bâtiment sera ainsi réactif pour répondre au mieux aux fluctuations du mercure, explique le spécialiste. La gestion automatisée de ces équipements apparaît comme l’auxiliaire incontournable pour améliorer le bien-être animal. C’est d’autant plus vrai lorsque l’éleveur doit gérer seul un gros troupeau », conclut-il.
Magdeleine Barralon

« Adapter les bâtiments d’élevage laitier aux conditions chaudes »

Les résultats du programme Climalait ont montré la nécessité d’adapter les pratiques d’élevage et de mener une réflexion sur les aménagements des bâtiments qui abritent les troupeaux pour limiter les effets du changement climatique. Lors du webinaire organisé par le Cniel, le mardi 12 janvier dernier, le groupe « Bâtiments d’élevage de demain* » a présenté les résultats de ses travaux sur la ventilation des bâtiments pour faire face au stress thermique des vaches laitières. Ils ont donné lieu à la mise en place d’un plan d’action en sept étapes qui vise à rendre les bâtiments polyvalents en toute saison. Le respect de ces préconisations, dans un ordre précis, est essentiel.

1.    Vérifier les conditions d’abreuvement : pour un bon accès à l’eau, les vaches doivent disposer d’une longueur d’abreuvoir de 6 cm, voire 10 cm en été avec un espace latéral supérieur à 3,60 m, un débit de 15 à 20 litres/min, pour une hauteur d’eau de 7 cm minimale.

2.    Mettre à disposition des aliments appétents.

3.    Offrir de l’ombre aux animaux en pâture.

4.    Réduire le rayonnement direct et indirect du soleil à l’intérieur des bâtiments : limiter les translucides en toiture ou bien les rendre opaques avec de la peinture. Aménager des débords de toitures. Installer des filets d’ombrage et réduire la hauteur des murs en béton. Créer un environnement végétal autour du bâtiment.

5.    Améliorer la ventilation naturelle : profiter du vent pour renouveler l’air. Selon l’orientation, démonter provisoirement des bardages ou bien les remplacer par des ouvertures modulables.

6.    Installer une ventilation mécanique : seulement dans certaines situations et en seconde intention. Elle doit être bien dimensionnée et adaptée au bâtiment pour ne pas créer des zones.

7.    Installer la brumisation et le douchage : seulement en dernier recours, avec précaution et toujours en association avec une ventilation mécanique.