Chez Mam’Cocotte
L’envol de la petite boutique

Françoise Thomas
-

En moins d’un an, Sandrine Melin et ses œufs ont su se faire une place dans le paysage de Gergy et de ses environs. Pourtant, le démarrage s’est révélé un peu chaotique. Puis 2020 est arrivée. Si l’année a surtout été marquée par le premier confinement, celui-ci a aussi eu des côtés positifs.

L’envol de la petite boutique
La boutique de produits de producteurs fonctionne tellement bien (ici juste avant Noël) que Sandrine Melin envisage de créer un emploi.

De l’achat, en avril 2019, d’un bâtiment de ferme à Gergy, en vente depuis dix ans, a découlé tout un ensemble d’activités. Après une période de chômage et lassée de son précédent emploi de caissière, Sandrine Melin voulait avoir sa propre production et être au contact des clients... d’où l’idée de la production d’œufs en vente directe.

Les lieux s’y prêtaient aisément. Si le moulin n’a malheureusement pas pu être sauvé de l’usure du temps et de l’absence trop longue d’entretien, le reste de l’ensemble des bâtiments en pierre a sans problème conservé son côté rustique et donne un indéniable cachet « ferme à l’ancienne ». C’est là qu’ont notamment été aménagés deux poulaillers, donnant chacun accès sur l’extérieur. Les poules profitent ainsi de plusieurs parcelles enherbées tout au long de l’année.

Patchwork d’œufs

Pour assurer sa production quotidienne d’environ 200 œufs, Sandrine Melin peut compter sur ses 245 poules « c’est le bon nombre pour assurer le roulement », précise-t-elle. Et s’il y a des poules de toutes les couleurs dans le poulailler, ce panel de coloris se retrouve aussi dans les boîtes. Ainsi les poules rousses donnent des œufs cuivrés, les plus foncés sont l’œuvre des poules marans, les rose pâle des poules Sussex, les leghorn donnent de beaux œufs blancs, quant aux poules azur, on leur doit les œufs bleus, « et ceux-ci sont particulièrement riches en oméga 3 », souligne la productrice.

Après un début un peu compliqué où la formule ne semblait pas convaincre, Sandrine Melin a depuis longtemps dû mettre en place un système de réservation. « J’ai étalé mes clients sur toute la semaine, ce qui fait que j’ai une quinzaine de clients par jour qui viennent récupérer leur douzaine d’œufs ».

Le magasin de producteurs

L’activité vente directe d’œufs a débuté à l’automne 2019. « En fait, je me suis vite aperçue que la seule vente d’œufs n’attirait pas assez car les gens se plaignaient de devoir s’arrêter à plusieurs endroits pour faire leurs courses », d’où l’idée de compléter la vente d’œufs par des produits d’autres producteurs. « J’ai ainsi ouvert la boutique de producteur début janvier 2020 », en équipant un espace de 45 m² d’un frigo et d’une vitrine réfrigérée. Mais là aussi, peu de clients finalement quotidiennement. Sandrine Melin s’apprêtait donc à lancer une mini-campagne de publicité… quand le confinement a été décrété. « Le Covid-19 a totalement boosté l’activité et à partir du confinement je n’ai plus vu le soleil ! ». Un extraordinaire phénomène de bouche à oreille s’est propagé, acheminant naturellement les clients chez Mam’Cocotte, nom de la boutique. « Le maximum que nous avons fait c’est 110 clients en une journée ! se rappelle-t-elle. Aujourd’hui, nous tournons avec une quarantaine ». Ce qui est appréciable, c’est qu’il n’y a pas eu qu’un effet confinement, beaucoup de personnes ont continué de venir même après la fin des restrictions de déplacement, l’habitude était prise et la diversité autant que la qualité des produits proposés correspondent aux attentes des consommateurs. « Et, aujourd’hui encore, nous constatons régulièrement de nouveaux clients ». Le bouche-à-oreille continue ainsi son effet… Il faut dire que chez Mam’Cocotte, il y a largement de quoi remplir le frigo et préparer un repas complet : « on trouve de tout depuis l’apéritif jusqu’au dessert en passant par les boissons, jus de fruits, bière et vin ».

Création d’emploi ?

Une vingtaine de producteurs du secteur écoule ainsi une partie de leurs produits chez Mam’Cocotte. Mais Sandrine Melin lance malgré tout un appel. « J’ai de tout : viande, fromage, fruits et légumes, confitures, soupes, etc, mais je recherche un pâtissier qui pourrait proposer des pâtisseries fraîches ». Ouverte tous les jours sauf le lundi, la petite boutique occupe beaucoup de temps à Sandrine entre la vente mais aussi les commandes et la réception ou la récupération des produits. « J’envisage la création d’un emploi, au moins à mi-temps. En étudier la faisabilité va être l’un de mes projets 2021 ». Jusqu’à présent, et surtout lors du premier confinement, elle a pu compter sur l’aide précieuse de ses parents et de ses enfants (alors confinés…). « Mais ce n’est pas viable sur le long terme, il faut trouver une solution ».

Et pour continuer de se faire connaître, la productrice a déjà de multiples idées qu’elle mettra en œuvre dès que ce sera possible, dont un vide-grenier et des journées portes-ouvertes pour inaugurer la présence des chalets (voir encadré).

Poules de plein air

Poules de plein air

Sandrine Melin est épaulée par son mari Laurent pour la partie poule pondeuse. Étant lui-même associé dans un autre Gaec, il arrive à dégager « une dizaine d’heures par semaine pour gérer avant tout les semences, le curage des poulaillers, le foin », et puis jusqu’à présent les travaux pour la boutique. En tout, les parcelles accompagnant l’élevage de poules pondeuses s’étendent sur 14 ha, dont 9 sont consacrés à la production de l’alimentation des poules. « Nous avons juste à compléter par l’achat de minéraux et de calcium », sinon les maïs, blé, pois, soja sont produits sur place « nous faisons donc aussi un peu de culture de vente ». Les poules, qui ont toujours accès à l’extérieur, sont généralement réparties en deux lots, « actuellement nous en avons un troisième qui est constitué des poules de réforme », explique Laurent Melin. Les parcelles pour les poules sont elles aussi divisées en quatre, « et il y a suffisamment d’espace et d’herbe pour que nous fassions du foin sur l’une des parcelles », précise-t-il encore.

Activités touristiques
Les chalets viennent d’être installés et sont prêts pour accueillir les premiers touristes.

Activités touristiques

Les activités de Sandrine Melin ne se résume pas à l’élevage des poules pondeuses et à la boutique de producteurs, le lieu est aussi aire d’accueil pour les camping-cars « nous sommes accueillant France Passion depuis cet été, et cela a super bien fonctionné ». D’autant que les voyageurs en camping-car se révèlent de très bons clients de la boutique car étant particulièrement sensibles à la notion de produits du terroir et en recherche d’authenticité.

En devenir aussi, l’endroit aura l’étiquette gîte à la ferme puisque deux chalets en bois (de quatre et de six personnes) ont été installés ces derniers temps. Le second confinement a forcément un peu mis en suspens toute publicité autour de ces gîtes, mais a finalement permis de peaufiner leur installation. Le grand démarrage de cette activité est espéré pour ce printemps. En tout cas, tout est prêt.