Colloque énergies renouvelables
Le photovoltaïque à privilégier sur les bâtiments

Au moment même où les principales organisations agricoles signaient une charte de bonne conduite avec EDF sur le photovoltaïque. Le Syndicat des énergies renouvelables organisait, le 19 janvier un colloque sur ce même thème du photovoltaïque avec pour intitulé "Accélérons ensemble". 

Le photovoltaïque à privilégier sur les bâtiments

Le colloque du Syndicat des énergies renouvelables (SER) a été l’occasion de signaler que l’industrie du solaire est à un tournant et que la France ne doit pas rater le coche. Pour cela, « il faut créer un climat de confiance », a déclaré Jean-Louis Bal, président du SER, regrettant au passage que ce dernier avait été « dégradé » par la récente renégociation des tarifs. Alors que la croissance du marché va reprendre, « la puissance installée annuelle stagne », a-t-il rappelé, « plusieurs projets représentant 7.500 mégawatts au total sont en file d’attente, il faut un débat pour l’accès au foncier, c’est essentiel ». Pour installer ces nouveaux projets, la filière solaire estime ses besoins à 25.000 hectares mais se heurte à « la complexité administrative » pour les concrétiser. Elle est en négociation avec les Voies navigables de France, qui envisagent d’installer des panneaux solaires le long de certains canaux ; avec les producteurs de granulats qui pourraient céder des carrières en fin d’exploitation ; avec l’armée qui possède 270.000 hectares et qui pourrait mettre à disposition du solaire sur 2.000 hectares.

Priorité à l’alimentation

Mais c’est bien sûr vers le monde agricole que les porteurs de projets se tournent. Chaque année plus ou moins 50.000 hectares de terre sont « artificialisés », c’est-à-dire convertis de l’agriculture en espace urbains, en routes, parkings, grandes surfaces, etc. Une partie de ces terres pourraient être utilisées pour produire de l’énergie. « Avec la transition écologique, l’agriculture est à la croisée des chemins », déclare le député Jean-Luc Fugit (Rhône) coauteur du rapport L’agriculture face au défi de la production d’énergie*. « Le monde agricole a un impact mais il offre aussi des solutions pour réduire les gaz à effet de serre. Les photons captés par les végétaux créent de l’alimentation et ils peuvent aussi produire de l’énergie. La priorité des terres doit cependant être la production alimentaire et la valeur doit revenir au monde agricole », a déclaré Henri Biès-Péré, 2e vice-président de la FNSEA. Il estime également que si l’on peut concilier production d’énergie et alimentation, les sols sont indispensables pour la production alimentaire et la biodiversité.  « L’idéal serait que les porteurs de projets rencontrent les chambres d’agriculture pour gêner le moins possible la production agricole. La priorité reste la couverture des bâtiments d’élevage ».

Objectif : 44 GW 

« Il faut arriver à des accords gagnant-gagnant avec le monde agricole », souhaite Xavier Daval, vice-président du SER. La filière photovoltaïque souhaite renforcer ses liens avec le monde agricole pour saisir les opportunités d’un marché en pleine croissance. La révision de la Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit de réduire les gaz à effet de serre non plus de 40 % mais de 55 % d’ici 2030. Et le solaire est un moyen d’y contribuer. Il faudrait atteindre l’objectif de 35 à 44 gigawatts installés en 2028. Soit construire 3 à 4 GW par an, estime Jean-Louis Bal. Un développement qui contribuerait à la réindustrialisation du pays. La France possède des centres de recherche de pointe en matière d’énergie solaire. Le projet du norvégien Rec Solar d’installer près de Sarreguemines une usine de fabrication de panneaux photovoltaïques de 2 GW annuels témoigne du sursaut de la filière européenne. Rappelons qu’il faut au moins 1.000 ha (10 km2) de panneaux solaires pour produite 1 GW…. 

* https://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-646-notice.html