Emmanuel François à Montsauche-les-Settons (58)
Un lien précieux pour la reproduction des vaches allaitantes

Marc Labille
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Depuis plus de 12 ans, Emmanuel François fait confiance à son inséminateur pour la reproduction de ses charolaises. Si les progrès génétiques ne se sont pas faits attendre, la collaboration fructueuse entre l’éleveur et le technicien va bien au-delà. 

Un lien précieux pour la reproduction des vaches allaitantes
Brunot Brochot, inséminateur-conseil à Elvanovia et Emmanuel François, éleveur de 75 charolaises à Montsauche-Les Settons.

Depuis 12 ans, Emmanuel François n’a plus du tout de taureau sur son exploitation. La reproduction de ses 75 vaches est assurée à 100 % par insémination artificielle avec les services de la coopérative Elvanovia. Situé au cœur du Morvan à 600 mètres d’altitude, l’élevage familial faisait autrefois saillir ses charolaises avec des taureaux de monte naturelle. La reproduction avait lieu au lâcher des animaux au pré d’où des naissances tardives. À son installation en 2002, Emmanuel François a eu envie d’avancer ses vêlages de sorte à pouvoir commercialiser ses broutards plus tôt tout en déchargeant les bâtiments. Pour obtenir des naissances plus précoces, « mettre des taureaux dans les cases s’est avéré une vraie galère ! », confie l’éleveur de 39 ans. L’insémination artificielle réglait ce souci avec en plus la garantie de meilleures performances et la promesse de vêlages plus faciles, explique Emmanuel.

Impacts sur les vêlages, la croissance…

Les effets de cette nouvelle stratégie génétique ne se sont pas faits attendre. Aujourd’hui, la plupart des vaches vêlent toutes seules et cela sur une période de seulement deux mois (novembre et décembre). « Pour moi, les vêlages ne sont plus une contrainte », fait valoir l’éleveur qui ajoute que « la différence est spectaculaire sur les génisses ». L’autre impact concerne la croissance des broutards grâce à l’amélioration de l’aptitude laitière des mères, témoigne Emmanuel. « Mes broutards sont aussi lourds qu’avant mais avec deux mois de moins d’âge et moins d’aliment consommés ! ». Et ces broutards sont aujourd’hui mis en marché dès le mois de septembre à 420-430 kg vif payable. Plus lourdes, les vaches de réforme - dont la moyenne des poids de carcasse avoisine 473 kg - génèrent de meilleures ventes, constate l’éleveur qui pratique une finition économe à l’herbe.

Planning d’accouplement

Pour Emmanuel, la réussite de cette conduite tient beaucoup au travail réalisé en confiance avec son inséminateur Bruno Brochot. Ce dernier l’accompagne au quotidien depuis le tout début et pour l’éleveur morvandiau, ce lien est très précieux et bénéfique. Chaque année, les deux hommes se côtoient régulièrement de septembre à avril pour appréhender la période de reproduction. La première étape de la saison est la réalisation d’un planning d’accouplement. « C’est un travail important en amont de la reproduction », présente Bruno. Emmanuel fixe ses objectifs en matière de génétique, notamment les qualités maternelles qu’il recherche : production laitière, aptitude au vêlage des filles et facilité de naissance des pères. L’éleveur morvandiau est aussi très attentif à la morphologie de ses animaux dont il attend de la finesse de viande et du rendement carcasse. Un logiciel (Optigène) permet d’optimiser les accouplements vache par vache, en corrigeant les défauts des mères, tout en gérant le gène culard et la consanguinité, décrit Bruno Brochot. La proposition du logiciel d’accouplement est affinée avec l’éleveur en faisant en sorte de ne pas dépasser quatre taureaux différents pour les vaches et pas plus de trois pour les génisses. Une règle pour que le cheptel soit plus harmonieux, fait valoir l’inséminateur.

Préparation au vêlage

Une autre étape déterminante dans la réussite de la reproduction est la préparation au vêlage. Une bonne alimentation est à la base de tout, estime Emmanuel. Et sur ce point, son inséminateur lui recommande, en amont du vêlage et de la future reproduction, un programme quotidien d’une minéralisation spécifiquement adaptée. La coopérative lui fournit le minéral ainsi qu’une cure de vitamines et d’oligoéléments. « Cette préparation au vêlage assure la vitalité des petits veaux, la qualité du colostrum, une bonne vidange utérine et que la bête se recycle bien derrière », explique Bruno Brochot.

Chez Emmanuel François, les inséminations débutent vers le 25 janvier et pendant deux mois, l’inséminateur revient tous les matins pour mettre en place les semences certifiées sur les femelles de l’élevage. 

Suivi de reproduction

L’éleveur recourt à un suivi de reproduction qui lui permet de détecter les vaches vides à inséminer de nouveau et de cibler les animaux à problèmes génitaux susceptibles de retarder la reproduction, explique Bruno Brochot. Ce dernier est équipé d’un échographe pour réaliser des constats de gestation et évaluer les aptitudes à l’insémination. Un examen qu’il pratique sur les primipares d’Emmanuel avant insémination. Le cas échéant, ce suivi peut déboucher sur un protocole de synchronisation des chaleurs, « pour ne pas perdre de temps sur les animaux non gestants ou non vus en chaleur à un stade avancé de la période », fait valoir le technicien. Étape ultime du suivi, mi-avril, Bruno réalise chez Emmanuel des constats de gestation très précoces. Certaines femelles vides sont ré-inséminées pour être vendues pleines. Les autres femelles vides sont réformées rapidement dès qu’elles ont fini d’élever leurs veaux. « Grâce aux constats de gestation, on sait où on va », commente Emmanuel François qui conclut « s’y retrouver économiquement ».