Écuries de Chaumont
Des écuries et une façade témoins de 500 ans d’histoire

Situé à proximité de la frontière historique entre le Mâconnais et le Charolais, le site de Chaumont recèle un monument particulier près d’un ancien château médiéval... Les Écuries de Chaumont croisent en effet une architecture inspirée des travaux de Léonard de Vinci et les ambitions militaires d’une famille noble locale, au service des rois de France ! Le site revit désormais grâce à la volonté d’une femme, Anne de la Guiche, qui a coordonné d’importants travaux de rénovation et qui favorise la tenue d’événements autour de ce bâtiment classé aux Monuments historiques.

Des écuries et une façade témoins de 500 ans d’histoire
La propriétaire des lieux et les Amis des Écuries de Chaumont organisent expositions et événements pour faire connaître le site.

C’est un site historique qui reprend vie peu à peu. Le Château de Chaumont Laguiche, à Saint-Bonnet-de-Joux, au nord-est du Charolais, vient d’être inauguré, en septembre dernier, après trois ans de travaux. Et chaque été, plusieurs événements sont organisés dans ce lieu chargé d’histoire, par les Amis des Écuries de Chaumont. L’association a réussi à faire jouer une pièce de cape et d’épée, à la fin juillet dans les allées du château. Sans les restrictions sanitaires, les bénévoles auraient aussi organisé un concert de jazz et un tournoi médiéval. Ces deux événements auront lieu en 2022, le tournoi du 13 au 15 août, le concert à une date à fixer.

La pièce de cape et d’épée "Les aventures des Trois Mousquetaires" a engendré une vingtaine de duels à un rythme effréné, en costume d’époque, avec des dagues et des rapières. Certains combats sont réalisés en duo, ou en collectif, notamment les quatre Mousquetaires contre de nombreux gardes du cardinal Richelieu.

« Nous présentons des spectacles de qualité », déclare Michèle Pesenti, la présidente des Amis des Écuries de Chaumont, « avec l’objectif de développer la notoriété de Chaumont, en lien avec la famille de La Guiche. Nous nous attachons à faire venir du public vers nos événements, afin qu’ils reviennent ultérieurement visiter le site du château, riche de références historiques ».

Pour accueillir ces différents publics, le site a subi la mise aux normes des établissements recevant du public (ERP), ce qui permet le développement d’activités diverses. Pendant l’été 2021, les Écuries de Chaumont-Laguiche ont reçu un peu plus de 3.000 visiteurs et par la suite, des mariages, événements et expositions vont les faire vivre.

Au cours des années précédentes, les Écuries ont bénéficié d’importants travaux, dont la réception officielle s’est déroulée le 4 septembre dernier. La rénovation de nombreuses parties du bâtiment s’est effectuée pendant quatre ans, en mobilisant les aides des collectivités locales, tout en bénéficiant de l’aide formidable du Loto du patrimoine.

« Bénéficier du legs de l’histoire, c’est une chose ; savoir trouver l’énergie, fédérer d’autres énergies pour réunir des financements et conditions en est une autre », soulignait alors Fabien Genet, sénateur de Saône-et-Loire. Le 4 septembre, les élus nationaux et locaux ont salué l’investissement d’une femme pour rafraîchir les murs et l’intérieur d’un des joyaux du patrimoine du Charolais.

Des travaux conséquents.

La première tranche de travaux a concerné les façades est et ouest, en 2020, avec un montant de 686.800 €. La Mission Patrimoine a abondé à hauteur de 34.000 €. La collecte de fonds via le site de la Fondation du patrimoine a permis de collecter environ 30.000 €. La Direction régionale des affaires culturelles (Drac), qui finance traditionnellement 40 % des travaux, a augmenté sa participation jusqu’à 60 %, soit 405.000 €. La Région a participé aux travaux pour 40.000 €.

Une deuxième tranche s’est achevée en 2021, pour 291.100 € de travaux, exécutés sur les façades nord et sud. Ce chantier a bénéficié d’une aide de la Drac de 116.110 € et de mécénat, notamment via la Fondation Mérimée pour 10.000 €.

« En 2016, il fallait vraiment procéder à une consolidation d’urgence, puis définitive en 2017 », explique Madame de la Guiche. « Il a fallu notamment insérer des tiges en fibre de verre pour renforcer les angles du bâtiment. D’autre part, il fallait aussi s’attaquer au problème des escaliers dont la pente inversée ramenait l’eau dans les murs plutôt que de l’évacuer. En 2019, afin de pouvoir accueillir des mariages de 300 à 400 personnes et non 19 seulement, il a fallu faire des écuries un établissement recevant du public. C’est très lourd ».

Sans les aides de la Mission Bern, qui représentent environ 30 % du montant total, « ces travaux n’auraient pas été réalisés rapidement », avoue Anne de la Guiche. « Ces rénovations étaient à prévoir, mais dans quel délai ? La Mission Bern est une aide énorme. Elle a apporté un effet accélérateur des travaux : c’est un moteur pour agir ».

Désormais rénové, le bâtiment retrouve son aspect majestueux. Les Écuries de Chaumont disposent d’une très belle porte centrale, surmontée d’un haut-relief équestre de Philibert de La Guiche. Le monument comporte aussi deux escaliers à double volée et rampes à balustres, situés à l’extérieur, aux extrémités de la façade sud. Ces escaliers desservant le premier étage des Écuries.

Pour visiter cet ensemble architectural, des visites guidées se produisent en été. Modalités à voir sur le site des Écuries de Chaumont :

À Saint-Bonnet-de-Joux. Tél. 03.85.24.26.30.

Un lieu chargé d'histoires
Léonard de Vinci, le génial inventeur du XVIe siècle, avait conçu, parmi tous ses projets, le modèle de "l’Écurie propre".

Un lieu chargé d'histoires

Commandé par Henriette de La Guiche, en 1648, ce bâtiment n’a nécessité que quatre années pour sa construction. Les écuries du château étaient capables de recevoir les chevaux et d’abriter toute la garde personnelle de l’époux d’Henriette qui battait alors campagne au temps de la Fronde.

« Henriette de La Guiche a fait construire ces écuries pour son époux, le duc d’Angoulême », relate Anne de La Guiche aux visiteurs du château. « Le rez-de-chaussée abritait les chevaux tandis que le premier étage était affecté à leurs cavaliers. Les sous-officiers dormaient dans la pièce au nord, les officiers dans la pièce au sud, qui était la plus chaude, et la troupe au centre ».

Les spécialistes pensent que ce bâtiment s’inspire d’un plan de Léonard de Vinci, car le génial inventeur du XVIe siècle avait conçu, parmi tous ses projets, le modèle de "l’Écurie propre". « Ce type de bâtiment se retrouve surtout en Italie, notamment à Bollatte, près de Milan, avec la demeure seigneuriale de la Villa Arconati », explique Anne de La Guiche, propriétaire du château de Chaumont. « Sa particularité réside dans sa nef divisée en trois espaces avec une rigole centrale pour recueillir les effluents ».

Les écuries “léonardiennes”, comme celles de Chaumont, sont en avance sur l’époque, avec des rigoles et canaux souterrains pour évacuer le purin ; ainsi que des systèmes pour faire descendre le foin conservé à l’étage.

Aux XVIe et XVIIe siècles, la famille de La Guiche fournit plusieurs militaires haut-gradés dans les armées des rois successifs. C’est le cas du maréchal, auprès de Louis XIII, Jean-François de La Guiche (1569 -1632) ; et du "grand maître de l’artillerie" auprès d’Henri III et Henri IV qu’est Philibert de La Guiche (1540-1607). La monumentale statue équestre en façade pourrait avoir été sculptée à son effigie, lui le père d’Henriette de La Guiche.