Les brèves du 6 février 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 6 février 2023

Les brèves du 6 février 2023

Influenza : le plan Adour pourrait servir de modèle pour les Pays de la Loire
Alors que le dernier cas d’influenza dans les Pays de la Loire remonte au 17 janvier, les interprofessions des volailles mènent une réflexion commune pour préparer le repeuplement de la région, a appris Agra Presse de sources concordantes le 3 février. Un chantier basé en grande partie sur la méthode du « plan Adour », mis en place dans le Sud-Ouest cet hiver. Selon le Cicar (canards à rôtir), il s’agirait d’identifier les communes les plus à risque (densité d’animaux, répétition des foyers, etc.) et de « dédensifier cette zone à la réouverture », probablement via des remises en place plus tardives pour les palmipèdes (plus sensibles à la maladie). Une orientation confirmée au Cifog (canards gras), où la directrice Marie-Pierre Pé évoque « un repeuplement mesuré et échelonné dans le temps ». Trois points resteraient à trancher : la liste des communes concernées (en l’état, elle pourrait représenter plus de la moitié de la production de la Zone à risque de diffusion des Pays de la Loire) ; la date de fin d’application des restrictions ; et les mesures de protection des sites stratégiques (génétique). Du côté du Cicar, on souhaite une conclusion la semaine du 6 février afin « d’être prêt quand les zones réglementées rouvriront ». Le tout étant conditionné à un accompagnement financier des pouvoirs publics, alors que l’impact économique est encore en cours de chiffrage.

Manifestation du 8 février : la FNSEA élargit le mot d’ordre à toutes les filières
« La FNSEA appelle tout son réseau et l’ensemble de ses filières à se mobiliser à partir du 8 février à Paris et jusqu’au 20 février dans toute la France », annonce le syndicat dans un communiqué le 3 février. La FNSEA Grand bassin parisien, la CGB (betteraviers) et plusieurs FDSEA et fédérations locales des JA appelaient déjà à manifester mercredi 8 février à Paris pour protester contre la fin de la dérogation accordée aux néonicotinoïdes sur les betteraves. Un « coup de grâce », estime la FNSEA, qui avait déjà fait connaître son soutien à cette mobilisation. En brandissant la bannière de la « souveraineté alimentaire », la centrale syndicale élargit le mot d’ordre à toutes les productions et appelle le gouvernement à « passer du discours aux actes ». Et la FNSEA de déplorer les « contraintes réglementaires de tous ordres qui freinent les projets innovants », ou encore les « impasses » en matière de pesticides et de prédation. Autre sujet de mécontentement : les « tentatives des distributeurs de brader nos produits et le recours massif à l’importation », alors que les négociations commerciales annuelles s’achèveront fin février. « Toutes les productions agricoles sont [affectées]. Toutes les régions sont concernées », martèle la FNSEA, appelant son réseau à « se mobiliser sur la durée ».

Bassines en Charente-Maritime : le Conseil d’État rejette un pourvoi des irrigants
Le Conseil d’État a confirmé le 3 février l’interdiction, pour les agriculteurs, de remplir les cinq « bassines » controversées à usage agricole, qui font l’objet de nombreuses manifestations en Charente-Maritime. Dans un avis dont l’AFP a obtenu copie, le Conseil d’État rejette ainsi le pourvoi de l’association syndicale des Roches, représentant les irrigants qui souhaitent prélever le bassin de la rivière Le Mignon, sur les communes de La Laigne, Cramchaban et la Grève-sur-le-Mignon (Charente-Maritime). Depuis leur création en 2010, ces retenues autorisées par arrêtés préfectoraux ont donné lieu à nombre de recours de Nature Environnement 17 qui s’oppose à leur usage, comme pour celles toutes proches des Deux-Sèvres. Dans son jugement du 17 mai, la cour administrative d’appel avait noté « l’insuffisance » ou « l’absence de données » de certains aspects des études d’impact avancées par les irrigants, notamment sur les effets des prélèvements, l’absence de sources de certains chiffres avancés ou des mesures ne permettant pas un « ajustement pertinent » du remplissage des réserves. « On s’y attendait. On va refaire une demande d’autorisation encore une fois avec une nouvelle étude d’impact mais cela prend du temps », a réagi à l’AFP Thierry Boucard, qui préside l’association, qui « n’a aucune obligation à reboucher les réserves » car « légales ».

Gestion de l’eau : la Corse étrillée par la Cour régionale des comptes, agriculture inclue
La Cour régionale des comptes (CRC) a critiqué, dans un rapport publié le 3 février la politique menée par la Collectivité de Corse en matière de gestion de l’eau, notamment en matière d’agriculture. Globalement, elle estime que « le bilan de la planification entre 2016 et 2021 est modeste », avec des objectifs environnementaux « non atteints » et des effets d’investissements « en deçà des objectifs fixés ». En outre, « les rendements bruts des réseaux de distribution d’eau brute sont particulièrement médiocres en Haute-Corse, dans des territoires qui concentrent le plus grand nombre d’exploitations agricoles et qui sont particulièrement concernés par la vulnérabilité aux effets du changement climatique », regrette-t-elle encore. Elle dénonce enfin « les écarts considérables, de l’ordre de trente millions de m3, […] entre les volumes d’eau agricole distribués et ceux facturés » et que ces écarts « ne fassent l’objet d’aucune action correctrice ». Cela se traduit par un « manque à gagner annuel d’environ 3 millions d’euros, alors même que la tarification de l’eau agricole est déjà inférieure de moitié à celle relevée dans les autres bassins suivis par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse », déplore-t-elle.

Sucre : Tereos cède ses activités roumaines à deux investisseurs indépendants
Le groupe sucrier Tereos a annoncé le 1er février la reprise de son activité sucrière de Ludus (Roumanie) par Mihaela Neagu et Mihail-Daniel Matache, « investisseurs indépendants » dans l’agroalimentaire, selon un communiqué de presse. Tereos s’est félicité d’avoir trouvé un repreneur pour ce site industriel, pour lequel la finalisation de la transaction interviendra la semaine prochaine. « Cette poursuite d’activité pérennise les emplois et maintient l’activité sucrière dans le bassin de Ludus », indique Gérard Clay, président du conseil d’administration de Tereos. En 2021, « le sucre issu de la betterave cultivée en Roumanie fournissait environ 25 % des besoins de la consommation intérieure », souligne Mihaela Neagu. Pour les deux investisseurs indépendants, l’objectif est de « relancer la production de sucre dans le pays cette année ». Dans les prochains jours, ils entameront des négociations avec les agriculteurs, les betteraves à sucre de la campagne d’automne 2023 devant être « contractées prochainement ». « Nous voulons assurer aux quelque 300 producteurs de la région que nous sommes ouverts à la collaboration et nous voulons également assurer aux plus de 150 employés qu’ils garderont leur emploi », ajoute Mihaela Neagu.

Organisations de producteurs : les AOP de trois filières dénoncent un manque d’écoute
Dans un courrier adressé à Marc Fesneau le 26 janvier, trois AOP (associations d’organisations de producteurs) du Grand Ouest – le Cerafel (fruits et légumes), l’AOP Porcs Grand Ouest et Poplait – dénoncent « une politique agricole qui s’écrit sans les associations d’organisations de producteurs » et sollicitent un rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture. « Force est de constater que tout a été fait politiquement pour que les producteurs ne s’organisent pas et ne bénéficient pas d’un réel pouvoir de négociation », déplorent les organisations en rappelant les engagements pris par Emmanuel Macron sur le renforcement du pouvoir des OP, lors de la campagne présidentielle en 2017. Les industriels et les distributeurs « empêchent le développement de nos associations pour garder le plus de marges de manœuvre possible et imposer leurs prix et leurs conditions aux agriculteurs », poursuivent-elles. Elles regrettent, entre autres, que les AOP ne participent pas directement à la concertation nationale sur la loi d’orientation agricole (LOA), contrairement aux organisations syndicales et aux interprofessions. Les trois AOP ont déjà uni leurs voix à plusieurs reprises, notamment en juin 2022 sur le dossier des programmes opérationnels dans le cadre du plan stratégique national, déclinaison française de la nouvelle Pac.

Lait : la FNPL dénonce la « pression » mise sur les organisations de producteurs
À moins d’un mois de la clôture des négociations commerciales annuelles entre les industriels et les distributeurs, la FNPL (producteurs de lait, FNSEA) dénonce la « pression » mise par les laiteries sur les organisations de producteurs (OP). « Les échos que nous recevons des boxes de négociations indiquent que sous couvert de défense du pouvoir d’achat, prétexte habituel, certaines enseignes refusent les hausses au titre de la matière première industrielle qui n’est, elle, pas sacralisée » par la loi Egalim 2, rapporte le syndicat. « Les laiteries [mettent] par conséquent la pression sur les organisations de producteurs. » La FNPL fustige les pratiques de certains industriels « dénonçant les contrats-cadres pour chercher à faire signer en direct les producteurs sous la menace d’un arrêt de collecte ». Le syndicat se réfère aux affaires opposant l’OP St-Père et l’AOP Sunlait avec leurs acheteurs respectifs, la laiterie St-Père (groupe Agromousquetaires) et Savencia, précise le trésorier de la FNPL, Yohann Barbe, contacté par Agra Presse. « Sept ans après le discours de Rungis d’Emmanuel Macron, l’aval de la filière ne semble toujours pas avoir compris le sens de la construction du prix en marche avant », déplore le syndicat.

Nutrition animale : en Alsace, Sanders rachète l’activité aliment de Moulin de Sarralbe
Le leader de l’alimentation animale Sanders (groupe Avril) annonce l’acquisition de l’activité alimentation animale du meunier privé Moulin de Sarralbe (44 salariés, 13 M€ de CA), basé en Alsace, d’après un communiqué du 2 février. L’opération – dont le montant n’est pas communiqué – est menée de concert avec le GPB Dieuze-Morhange (Groupement des producteurs de blé), coopérative mosellane et fournisseur de Moulin de Sarralbe. Le GPB regroupe 217 adhérents pour un chiffre d’affaires de 36,8 M€. Ce rachat permet à Sanders de « renforcer sa présence en Alsace », avec une capacité de production de 25 000 t (sur 3,4 Mt au niveau national), « notamment au travers de la volaille chair Label Alsace ». L’usine de Keskastel (Bas-Rhin) de Moulin de Sarralbe – qui était partenaire de Sanders – devient le 24e site détenu en propre par la filiale d’Avril en France. Issue historiquement de « l’exploitation d’un moulin à farine, entraîné par la force hydraulique de la [rivière] Sarre », Moulin de Sarralbe exerçait trois activités : meunerie (10 000 t de blé), alimentation animale (25 000 t) et collecte (8000 t).

Fruits et légumes : Bayer s’associe au français M2i sur le biocontrôle
Le fabricant de produits phytosanitaires allemand Bayer a annoncé le 31 janvier un partenariat avec l’entreprise de biocontrôle française M2i afin de distribuer aux producteurs de fruits et légumes des produits phytosanitaires fabriqués à partir de phéromones. Émises par un organisme, ces molécules induisent un comportement chez un autre organisme de la même espèce. C’est sur ce phénomène que s’appuie le groupe français pour « combattre les ravageurs en les attirant et en les piégeant ou en interrompant leurs parades nuptiales », précise le communiqué de presse. « L’entreprise M2i est ravie de […] proposer des produits phytosanitaires durables à davantage de producteurs dans le monde », souligne Phillippe Guerret, p.-d.g. du groupe de biocontrôle français. « Les phéromones représentent une méthode efficace et économique pour protéger les cultures, puisqu’elles sont sélectives, non toxiques et qu’elles évitent naturellement le développement de résistances », affirme le communiqué de presse. À travers ce partenariat, le groupe allemand deviendra le distributeur exclusif des produits fabriqués par M2i à partir de phéromones et ciblant les papillons.

Porc : au Canada, un projet d’abattoir prévoit une ligne d’« euthanasie sanitaire »
Au Saskatchewan (centre du Canada), le projet d’abattoir de Donald’s fine foods prévoit une ligne d’abattage en cas d’épizootie – notamment de peste porcine africaine (PPA) –, relève le Centre de développement du porc du Québec (CDPQ) dans sa lettre hebdomadaire du 30 janvier. « Il s’agit d’une ligne complètement séparée du reste de l’abattoir, qui permettrait d’euthanasier sans cruauté n’importe quel porc en Saskatchewan ou dans l’Ouest canadien », précise le CDPQ. Ce projet a bénéficié de subventions du gouvernement de la Saskatchewan (700 000 $), ainsi que de l’organisation professionnelle Sask Pork (300 000 $). Quant à l’abatteur Donald’s fine foods, il a déjà consenti 12,7 M$ de travaux dans cet ancien abattoir bovin, converti pour les truies de réforme, et qui devrait être opérationnel dans l’année. Cette ligne dédiée aux crises sanitaires vise à limiter les perturbations du marché dans une province qui « dépend beaucoup des exportations de viande et de produits du porc ». Le Canada dans son ensemble est largement tourné vers le marché international : avec 2,1 Mt de viande en 2021 (un peu moins que la France), le pays est le septième producteur mondial, mais le troisième exportateur.

Consommation : face à l’inflation, l’alimentaire résiste mieux que les produits d’hygiène
Tandis que l’inflation sur les produits de grande consommation (PGC-FLS*) culmine à 13,7 % en janvier, les ventes reculent de 6,6 % en volume par rapport à 2022, d’après les chiffres de l’analyste IRI. Face à la hausse des prix en rayon et des dépenses contraintes (énergie, transports…), les produits d’hygiène et d’entretien semblent être la principale variable d’ajustement dans le budget « courses » des ménages. Les ventes de ce type de produits baissent de 15 % en volume sur le mois de janvier par rapport à 2022. Une décroissance « trois fois plus rapide » que celle des produits alimentaires (5 %). « L’historique « Covid » fort contribue largement à ces mauvaises tendances du mois dernier : la circulation du virus était active en janvier 2022 », nuance cependant IRI. Par rapport à 2019, avant la crise Covid, la baisse des volumes tous produits confondus reste « mesurée » (1,6 %). Sur l’alimentaire, les volumes sont même parfaitement stables. Sous l’effet de l’inflation, le chiffre d’affaires sur les PGC-FLS progresse de 7,9 % sur la dernière semaine de janvier.
* Produits de grande consommation - frais et libre service

Prix alimentaires mondiaux : un dixième mois consécutif de repli
Portés par la baisse des prix des huiles végétales, des produits laitiers et du sucre, les prix alimentaires mondiaux poursuivent leur repli en janvier, après neuf mois consécutifs de baisse, selon l’indice mensuel publié le 3 février par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les prix des huiles végétales ont ainsi diminué de 2,9 % par rapport à décembre, en raison de la chute des prix des huiles de palme et de soja dans le contexte d’une baisse de la demande mondiale. Quant aux prix des produits laitiers et du sucre, ils ont respectivement baissé de 1,4 % et de 1,1 % sur un mois. En revanche, les prix des céréales se sont stabilisés (0,1 %), tout comme ceux de la viande (-0,1 %), par rapport à décembre. Les fortes disponibilités à l’exportation ont notamment pesé sur les prix de la volaille, du porc et de la viande bovine. Concernant la production mondiale de céréales en 2022, elle devrait baisser de 1,7 % en glissement annuel pour atteindre au total 2765 Mt, estime la FAO.

Cabinet de Marc Fesneau : deux départs de conseillers
Dans des arrêtés parus le 4 février, le ministre de l’Agriculture a mis fin aux fonctions de deux de ses conseillers : Claire Briançon-Marjollet, conseillère communication, et Jean-Rémi Duprat, conseiller ressources, biodiversité, forêt-bois. Tous les deux étaient arrivés cet été, quelques semaines après l’arrivée de Marc Fesneau.