Légumineuses
Les légumineuses, panacées de la transition agricole ?

L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) organisaient fin février, les 3e Rencontres francophones légumineuses (RFL#3). L’objectif était notamment de montrer comment les légumineuses peuvent contribuer à la santé des individus et des écosystèmes.  

Les légumineuses, panacées de la transition agricole ?

Pour les prochaines décennies, les enjeux et les objectifs environnementaux sont connus : il faudra réduire les gaz à effet de serre, enrayer le déclin de la biodiversité et la restaurer en tout ou partie, contenir et/ou nourrir la pression démographique, rationner les ressources, limiter les zoonoses, etc.

Les légumineuses, « cultures orphelines de l’agriculture » pourraient être une « double bonne solution », a dit en substance Michel Duru, directeur de recherche au département Environnement et agronomie de l’Inrae. Complétées avec des céréales, les légumineuses peuvent être utiles à l’alimentation humaine et peuvent compenser la baisse lente mais régulière de la consommation de viande. « Elles sont bonnes pour la santé et le Plan national nutrition santé 2019-2023 les recommande », souligne le chercheur.

Objectif : 500.000 ha

Reste qu’introduire les légumineuses dans les champs est un « vrai défi », remarque Laurent Rosso, directeur général de Terres Inovia, l’Institut technique de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre. Car ces cultures orphelines nécessitent le développement de toute une filière (transformation et distribution) qui est aujourd’hui peu organisée mais également réticente à investir faute de débouchés clairement identifiés notamment dans l’alimentation humaine. « Il faudrait réussir à conquérir 500.000 ha en cultures de légumineuses » sur les plus de 10 millions d’hectares qui sont emblavés en grandes cultures traditionnelles (blé, maïs…). « Ça ne devrait pas nuire à la vocation exportatrice de notre pays », a-t-il glissé sans y prêter attention. L’idéal serait même « d’atteindre les 12 à 15 % de la sole en grande culture », a précisé David Gouache, directeur de recherche chez Terres Inovia. Pour les agriculteurs, produire des légumineuses « procure de nombreux avantages » a poursuivi Michel Duru : moins d’intrants, régénération des sols, meilleures qualités de l’eau, regain de biodiversité, plus de services à la société, ... « Associer les cultures peut également être favorable à la régénération des sols », ont plaidé les intervenants. Dans tous les cas, il faut changer de philosophie et de pratiques, d’un bout à l’autre de la chaine agricole et alimentaire.