EXCLU WEB / Lait (FNPL) : la transmission au cœur des préoccupations

Les éleveurs laitiers de la FNPL ont mis au centre des débats de leur assemblée générale les questions de l’installation et de la transmission. Si le secteur est aujourd’hui vieillissant, les motifs d’espoir et les projets de relance ne manquent pas pour donner un nouveau souffle à la profession.

EXCLU WEB / Lait (FNPL) : la transmission au cœur des préoccupations

« Pourquoi remettre aujourd’hui le dossier de la transmission sur le haut de la pile ? Parce nous avons collectivement la volonté de faire évoluer une pyramide des âges qui est aujourd’hui défavorable », a résumé Thierry Roquefeuil en clôture de l’assemblée générale de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) qui s’est tenue fin mars à Paris. « D’ici 2026, 45 % des exploitants agricoles prendront leur retraite », a rappelé Sébastien Windsor, le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA). « C’est un défi colossal », a-t-il poursuivi. « Il est vrai que le rythme de l’installation s’est accéléré, puisque l’on remplace aujourd’hui deux agriculteurs sur deux, contre un sur deux il y a dix ans. Mais la marche à gravir risque d’être haute », a poursuivi le président de l’APCA, pour qui la diversité des modèles d’exploitation (conventionnel, bio, circuits courts, agriculture de conservation, etc.) réclame un suivi de plus en plus fin de la part des conseillers et nécessite la création de références nationales spécifiques. Parmi les outils susceptibles de répondre à la demande au plus près du terrain, le président de l’APCA a notamment cité l’organisation de « rendez-vous de l’installation », de rencontres avec des territoires pilotes au niveau des cantons, mais aussi une politique d’anticipation auprès des cédants « en allant à leur rencontre dès 50 ans ».

Installation progressive, droit à l’essai

« Pour assurer le renouvellement, il faut d’abord qu’il y ait du revenu et ensuite des métiers attractifs », a poursuivi Samuel Vandaele. Le président des Jeunes agriculteurs (JA) s’est félicité que la profession ait obtenu l’année dernière le financement (à hauteur de 15 millions d’euros M€) de la campagne « des entrepreneurs du vivant et de la terre » et a souhaité qu’elle soit pérennisée. Samuel Vandaele a également salué le nouvel élan de l’association "Demain, je serai paysan", qui entend parler d’agriculture aux écoliers, le lancement du "P’tit Agri", bimensuel destiné aux 7-11 ans ou encore le partenariat mis en place en Vendée pour introduire l’agriculture dans les carnets de vacances scolaires.

Si le président des JA s’est félicité que le budget consacré au sein de la PAC à l’installation et à l’accompagnement soit en hausse, il s’est inquiété du risque de voir les régions, auxquelles cette prérogative a été confiée, « mener 14 politiques d’installation différentes ». « Il faut obtenir de leur part une dotation "jeunes agriculteurs" simple et efficace ». Samuel Vandaele s’est enfin félicité du bon fonctionnement du dispositif à l’installation et souhaité qu’il permette d’atteindre 10.000 installations aidées (sur 20.000) à l’horizon 2027. « Tous les outils possibles visant à faciliter l’installation doivent être mis en œuvre », a-t-il insisté, citant « l’installation progressive, le parrainage ou le droit à l’essai au travers des Gaec ».

Rareté de la matière première

Sur ce sujet qui incline parfois au pessimisme, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a souhaité adresser un message d’espoir. « Lorsque j’étais présidente des JA, la situation était moins enviable qu’aujourd’hui », a-t-elle rappelé. « Dans la foulée de la réforme de la Pac, on a connu un effondrement de 40 % des installations en 1993. Une pente que l’on a su remonter notamment en portant la charte nationale pour l’installation ». En outre, « la dépendance agricole de nombreux pays européens a remis la question de la souveraineté alimentaire au cœur de tous les discours », a-t-elle observé. « La Commission européenne a radicalement changé de discours et annoncé la publication d’une feuille de route souveraineté alimentaire et résilience des exploitations agricoles ». « Je suis sûre que chacun de vous sait qu’il y a aujourd’hui des perspectives qui n’existaient pas auparavant ». L’analyse vaut également pour le lait, a-t-elle estimé, assurant que 2022 « s’annonçait bien » et que la profession disposait d’outils « pour construire le prix en marche avant ».

Selon la présidente de la FNSEA, les agriculteurs doivent être les ambassadeurs d’une agriculture française à nouveau conquérante. « On compte aujourd’hui plus de jeunes dans les écoles d’agriculture et, dans le dernier recensement, c’est dans les tranches d’âge des moins de 40 ans que l’on a le moins perdu », s’est-elle félicitée. « La rareté de la matière première va redevenir un sujet », a abondé en conclusion Thierry Roquefeuil. Selon le président de la FNPL, « les éleveurs laitiers sont prêts à relever le défi de la consommation intérieure mais aussi à l’exportation et non plus comme autrefois sous la forme d’excédents. Assurer le renouvellement des générations, c’est aussi garantir à nos consommateurs une souveraineté alimentaire et un patrimoine gastronomique ».