EXCLU WEB / Les maires ruraux veulent des territoires vivants et dynamiques

Christophe Soulard
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L’Association des maires ruraux de France (AMRF) a présenté fin mars sa plateforme présidentielle en 20 points. Elle la complètera pour la prochaine législature. 

EXCLU WEB  / Les maires ruraux veulent des territoires vivants et dynamiques

Les maires ruraux restent « combatifs pour dénoncer les incohérences de la loi dite NOTRe que l’on n’a pas eu le courage de considérer comme “ruralicide” », dénonce l’AMRF qui s’inquiète des écarts de « dotations et de considération entre ruraux et urbains ». Confrontés à de nombreux problèmes, les maires ruraux se sentent « abandonnés » par le pouvoir central.
Il faut dire que la loi relative à la Nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) de 2015 a considérablement réduit leur champ d’action. Elle a forcé les communes rurales à se regrouper voire, à fusionner. Dès le 1er janvier 2017, les intercommunalités devaient atteindre au moins 15.000 habitants contre 5.000 auparavant. Il s’en est suivi une baisse de 39 % du nombre d’intercommunalités qui sont passées en un an de 2.062 (2016) à 1.266 (1er janvier 2017). Cette expérience a été vécue comme traumatisante pour de nombreux élus locaux. Non seulement les économies d’échelles escomptées n’ont pas eu lieu, mais ces regroupements obligatoires ont généré un « éloignement et une perte d’influence des maires ruraux vis-à-vis des intercommunalités », souligne-t-on à l’AMRF. Les citoyens ruraux ont eux-mêmes ressenti ce sentiment de perte de proximité, ont d’ailleurs souligné les députés dans un rapport établissant, fin 2019, le bilan de cette loi. Elle a eu un « un coût social et politique », ont ajouté les parlementaires. C’est ce qui explique pourquoi les maires ruraux plaident pour « permettre aux communes volontaires de recouvrer tout ou partie des compétences obligatoires transférées aux outils intercommunaux ».

« Villages d’avenir »

L’AMRF qui demande à booster un agenda rural actuellement en panne et à résoudre les problèmes d’accès aux soins et la mobilité, souhaite la mise en place d’un véritable statut de l’élu qui protège juridiquement le maire. « Il n’a pas de cette reconnaissance et cette protection que pourrait lui conférer un uniforme. De plus, les trajectoires individuelles peuvent être fragilisées. Il faut donc sanctuariser les droits et devoirs de l’élu », justifie-t-on à l’AMRF. Parmi les autres propositions émises pour les candidats à la présidentielle figure la mise en place d’un programme “Villages d’avenir”. Les maires ruraux font en effet le constat qu’environ 30.000 communes rurales ne disposent que du droit commun pour se développer quand d’autres bénéficient de programmes spécifiques comme “Cœur de ville” ou “Petites villes de demain”.
Pis : sur ces 30.000 communes, 13.000 n’émargent à aucun dispositif qui permettrait de les développer sur un plan économique, social, culturel, sportif, etc. Les maires ruraux qui bataillent déjà pour que leurs communes accèdent rapidement au numérique et à la fibre, souhaitent également le maintien de la téléphonie fixe, c’est-à-dire filaire et cuivrée. « D’ici 2027, l’opérateur historique se désengagera totalement de la téléphonie fixe. Nous redoutons des drames car le téléphone fixe est parfois le seul moyen de communication dans les zones reculées où le mobile ne passe pas. Or, cet opérateur ne répare plus les lignes fixes », explique l’AMRF. D’autres propositions devraient suivre pour la prochaine législature. « Elles seront plus détaillées et plus complètes », assurent les maires ruraux.