Épisode de gel début avril en Bourgogne
Plus de peur que de mal

Cédric MICHELIN
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Les températures sont descendues jusqu’à -6 °C sur certains coteaux de Chablis et se sont maintenues entre -2 et -4 °C sur la Côte-d’Or et la Côte chalonnaise. Le Mâconnais a été relativement moins touché, autour de 0 à - 1 °C voire, -2 dans certains secteurs du nord Mâconnais.

Plus de peur que de mal

Même s’il est encore trop tôt pour tirer les conséquences de ce nouvel épisode, qui a mis les nerfs des vignerons de Bourgogne et de toute la France à rude épreuve, car ressemblant au douloureux précédent de 2021, les premiers échos des vignobles de Bourgogne se veulent rassurants. Ainsi, au Sud de la Saône-et-Loire, Aurélie Cheveau et Kevin Tessieux, pour, respectivement, les crus Pouilly-Fuissé et Saint-Véran, ne signalaient pas de dégâts, ou plutôt rien d’exceptionnel, hormis quelques craintes sur certaines vignes gélives en bas de coteaux. Il faut dire que la vigne n’avait pas la même avance qu’en 2021 avec son débourrement précoce sur les cépages blancs (chardonnay) qui avait été fatal à beaucoup de bourgeons l’an dernier. Ainsi, dans le nord Mâconnais, le président de la cave de Lugny, Marc Sangoy, semblait rassuré après deux nuits à surveiller les données des stations météorologiques et à préparer les moyens de lutte. En Côte chalonnaise, le président de la cave de Buxy, François Legros, se voulait rassurant lui aussi avec « peu de dégâts » à déplorer, « juste sur quelques jeunes pieds plus avancés en stade dans les chaussettes de protection et sur quelques bourgeons de bout de baguettes ». Par-ci par-là, des systèmes de lutte ont été activés (bougies, "éoliennes", feux de paille, thermonébulisation), notamment les systèmes d’aspersion d’eau dans les Grands crus de Chablis. Le directeur du BIVB, Christian Vannier, avait cependant quelques retours inquiets côté chablisien, avec « une perte de potentiel de -20 à -25 %, mais du potentiel pas comme l’an dernier, de la récolte », précisait-il bien. Les vignes et leurs ressources insoupçonnées ont donc le temps de s’en remettre, bien que des températures très froides pour la saison aient été enregistrées avec jusqu’à -9 °C en Champagne.
Les techniciens des différentes organisations professionnelles vont continuer de s’employer les prochains jours à visiter les parcelles pour constater les dégâts éventuels. Un premier bilan devrait être possible la semaine prochaine.

Plusieurs régions touchées et un « fonds d’urgence »

La Bourgogne a donc échappé au pire, mais ce n’est pas le cas dans toutes les régions de France. De la Charente aux Pyrénées-Atlantiques, le sud-ouest agricole de la France apparaissait le 3 avril au matin particulièrement touché par les dégâts dus au gel sur les jeunes pousses. « L’épisode de gel dans la nuit de samedi à dimanche a particulièrement touché la vallée de la Garonne, les Charentes, la Dordogne, jusqu’aux Pyrénées-Atlantiques avec des températures qui sont descendues à -2 et -3 degrés », a signalé Jérôme Despey, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Dans cette région du Sud-Ouest, les arbres fruitiers à noyaux, mais aussi les pommiers dont la végétation venait de commencer à sortir ont été touchés, de même que, dans les vignes, les cépages les plus précoces dans la région « comme le chardonnay, le cabernet ou le merlot », a précisé M. Despey. Dès le 3 avril, le Premier ministre Jean Castex a annoncé avoir « demandé au ministre de l’Agriculture de mobiliser, dès le début de semaine, le dispositif des calamités agricoles, en particulier pour l’arboriculture ». Le froid polaire qui a traversé la France depuis le 1er avril a persisté jusqu’au mardi 5 dans certaines régions du sud, dont le Tarn-et-Garonne où le Premier ministre s’est rendu auprès d’arboriculteurs redoutant des pertes « catastrophiques ».
Dans la vigne bordelaise, le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux Bernard Farges « craint un impact du niveau de 2021 », tout en estimant que « les vignes les moins avancées ont été épargnées ». « Indéniablement, les productions qui ont le plus souffert sont […] les fruits à noyaux, dans le sud, mais aussi localement dans le nord », a estimé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.