77e Congrès de la FNSEA
Le rapport d’orientation adopté à l’unanimité

Les congressistes de la FNSEA ont adopté, le 29 mars, lors du 77e congrès à Angers, le rapport d’orientation intitulé « Entreprendre en Agriculture, notre projet, notre futur ! ». Il servira notamment de support à la rédaction du futur Pacte et loi d’orientation agricole et d’avenir (PLOA) toujours en phase concertation.

Les 800 congressistes de la FNSEA ont longuement débattu sur le rapport d’orientation qui sera la ligne directrice pour le prochain conseil d’administration élu pour un mandat de trois ans. Ce document de 150 pages rappelle le contexte dans lequel les agriculteurs exercent leur métier, liste les victoires syndicales obtenues ces trois dernières années (lire encadré) et détaille les six principaux défis auxquels les exploitants agricoles sont confrontés : souveraineté alimentaire et énergétique ; transition écologique, compétitivité et rémunération ; attentes du consommateur ; vitalité des territoires et renouvellement des générations. Présenté de manière plus solennelle lors de la plénière du 30 mars, ce rapport « s’inscrit dans le droit fil de celui de 2020* », ont rappelé les deux vice-présidents, Arnaud Rousseau et Henri Bies-Péré qui ont, au passage, rendu un hommage appuyé à Christiane Lambert. Il donne des clefs pour que la ferme France soit en capacité de maintenir son agriculture en place et qu’elle soit attractive. En ce sens, la rémunération constitue l’un des points clés du renouvellement des générations. Plus encore quand la moitié des agriculteurs en activité doivent partir à la retraite dans les dix prochaines années.

« Citadelle assiégée »

« Oui, nous avons la volonté d’accueillir en agriculture tous les porteurs de projets en agriculture, tous les jeunes davantage attirés par un métier de sens. Donnons les moyens à notre réseau syndical d’accompagner le plus grand nombre », avait souligné peu avant la présidente de la FNSEA. Une stratégie dans laquelle s’inscrit Arnaud Rousseau qui « veut sortir l’agriculture de la citadelle assiégée dans laquelle on veut l’enfermer ». Le « temps de l’opposition des modèles agricoles est bien révolu », a renchéri Henri Bies-Péré, déterminé à ce que les actuels exploitants aient de nouveaux collègues agriculteurs. « Car nous avons besoin d’une politique d’installation dynamique, avec des patrons et des collaborateurs bien formés », a-t-il indiqué. Ceux-ci concourront naturellement à produire plus pour stopper « la croissance à la dépendance de la France sur de nombreuses productions ». Il faut « inverser les courbes », a-t-il martelé appelant incidemment à relocaliser des productions et à sortir de la spirale décapitalisation-délocalisation. Commentant ce rapport d’orientation, la présidente de la FNSEA a indiqué que ce rapport « répond aux enjeux de souverainetés, de transitions et de renouvellement des générations ». Le syndicat majoritaire a bon espoir de voir quelques-unes de propositions reprises dans le Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOA) : fonds de portage du foncier, nouveau statut du fermage, guichet unique installation/transmission.

 

(*) Faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture



Quelques victoires syndicales

Le rapport d’orientation liste quelques-unes des victoires syndicales remportées par la FNSEA depuis 2020. Parmi elles :

- La loi Egalim avec la formation du prix en marche avant
- Etiquetage de l’origine des viandes
- Certification Haute valeur environnementale
- Plan de résilience
- Le Varenne de l’eau et l’Assurance récolte
- Accès aux éco-régimes dans la nouvelle PAC
- Calcul de la retraite sur les 25 meilleures années
- Revalorisation de petites retraites à 85 % du SMIC
- Mise en place d’un dispositif épargne de précaution etc.

Vibrant hommage rendu à Christiane Lambert

Vibrant hommage rendu à Christiane Lambert

Entre legs et rétrospective. Au terme de son dernier discours comme présidente de la FNSEA, le 30 mars à Angers, Christiane Lambert a appelé à « faire grandir [le syndicat] en permettant aux femmes d’y avoir une plus grande place ». Alors que le nouveau conseil d’administration compte 12 femmes sur 64 membres, celle qui a été la première élue à la tête de la FNSEA a exhorté à « les aider à aller au plus haut niveau ». « Il faudra aussi veiller tous les jours à notre unité, dans le réseau et entre élus », a aussi glissé l’éleveuse du Maine-et-Loire. Avant d’inviter à « ne pas minimiser l’apport » du comité des parties prenantes qu’elle a créé afin d’« ouvrir les portes et les fenêtres de la FNSEA ». Dans un discours fleuve de presque une heure, Christiane Lambert, abondamment applaudie par une salle comble, a filé la métaphore sportive, en particulier rugbystique : « Le collectif de l’agriculture française a fait le job, mais perd chaque jour du terrain dans la compétition mondiale de l’alimentation », a-t-elle regretté. Ces vingt dernières années, « la France a enchaîné les hors-jeu », estime-t-elle, de l’inscription du principe de précaution dans la Constitution jusqu’aux zones de non-traitement des phytos. Et d’inviter le ministre de l’Agriculture à « renverser la table » : « Nous avons désormais un cap, les décisions doivent être prises en suivant ce cap : la souveraineté alimentaire ». Les élus politiques présents et ceux de la FNSEA ont tous tenu à rendre hommage à Christiane Lambert qui, après deux mandats, a décidé de passer la main. Un vibrant hommage lui a été rendu à la hauteur de son engagement.