BIVB

3e édition du Grand Bourgogne Hôtel : une belle histoire entre Paris et la Bourgogne

Dans la Maison de Famille, magnifique demeure parisienne, les 56 producteurs bourguignons (vignerons, caves coopératives et négociants) étaient répartis sur deux étages. Au rez-de-chaussée, se trouvait le "salon de dégustation des Bourgogne + " (voir l’image), dédié aux treize dénominations de l’appellation Bourgogne (Bourgogne Côte chalonnaise, Bourgogne Côtes du Couchois, Bourgogne Hautes Côtes de Beaune, Bourgogne Côte d’Or…). Au total, 205 vins ont été proposés à la dégustation, issus de 46 appellations différentes, couvrant les millésimes 2017 à 2022. Les vins les plus représentés : les blancs (62 %), suivis des rouges (33 %) et des crémants pour les 5 % restants. La diversité des producteurs et des metteurs en marché de vins bourguignons n’est aujourd’hui plus à démontrer. Il s’agit de « vins dont les noms sont connus partout dans le monde », souligne Michel Barraud, président de la commission communication du BIVB.

Cette année, le format a un peu changé. Les dégustations étaient ouvertes de 13 à 18 h, et non plus de 11 à 17 h, comme elles l’étaient en 2022. L’affluence davantage concentrée n’a en rien perturbé l’organisation de cet événement, uniquement à destination des professionnels. Chaque personne portait un petit macaron de couleur pour différencier les secteurs d’activité : caviste, distributeur, restaurateur, sommelier, etc.

Pour l’occasion, Angelo Ferrigno, chef étoilé du restaurant Cibo à Dijon, a spécialement créé un menu inspiré du terroir bourguignon. Il s’agissait d’un parfait accord mets et vins. « On met en avant un grand nombre de vins de Bourgogne », et aussi plus largement « les artisans et le savoir-faire bourguignon », déclare le plus jeune chef étoilé de France 2016. L’objectif de cette table d’hôte éphémère, faire vivre une expérience gustative mémorable. Au troisième étage, la Master class d’Olivier Poussier, élu meilleur sommelier du monde en 2020, a connu un grand succès. Les 45 places ont été prises d’assaut. Il était devenu difficile de se faufiler dans la salle. L’historique des grandes régions viticoles bourguignonnes a été dépeint, en se basant sur des millésimes plus anciens que ceux proposés aux étages inférieurs.

Des vins abordables

Les viticulteurs pouvaient présenter trois bouteilles, sélectionnées selon un des trois critères suivants : faire partie de la "cave de prestige" du BIVB, être nommé dans le Guide Hachette et/ou avoir un prix de vente entre dix et vingt euros. 80 % des vins qui ont été proposés à la dégustation coûtent d’ailleurs moins de vingt euros. Du domaine éponyme à la Roche-Vineuse, Sylvaine Normand, heureuse de pouvoir présenter sa gamme de vins, participe à l’événement depuis 2019. Elle est d’autant plus fière que cette année, elle peut faire goûter son tout premier pouilly-fuissé, classé parmi les 22 premiers crus de l’appellation. Il s’agit d’une véritable affaire de famille puisqu’en plus de travailler avec son mari et son fils, Sylvaine était accompagnée de sa fille (voir l’image), résidant à Paris et venue l’aider pour la journée.

2023 n’est pas synonyme de manque de volumes. Contrairement à l’année 2022, où des bouteilles présentées et dégustées n’étaient plus à la vente, du fait de la mauvaise récolte 2021. « On ne pouvait plus tout fournir », affirme Romain Picard, commercial au Domaine des Deux Roches à Davayé. Bonne nouvelle donc pour les clients, « cette année, on sera plus en capacité de relancer nos offres », ajoute-t-il.

De quoi se créer un beau carnet d’adresses

Les viticulteurs du département ont, bien sûr, répondu présents. Sur les 56 stands installés, 18 entreprises provenaient de Saône-et-Loire. Les producteurs sont globalement très satisfaits de l’ambiance et des rencontres effectuées. Tout l’intérêt et la richesse du Grand Bourgogne Hôtel résidant dans les échanges avec la clientèle parisienne. Clientèle pouvant elle-même fournir des acheteurs étrangers.

Franck Touzot, de la maison Collin Bourisset à La Chapelle-de-Guinchay, est ravi de sa première participation. Il a vu s’arrêter « des gens qui connaissent et qui dégustent le vin ». Il se dit prêt à revenir l’année prochaine. L’augmentation de la demande et l’engouement pour les vins bourguignons se font donc nettement sentir.

« On ne s’arrête pas sur ces acquis »

Ce n’est pas une nouveauté, la viticulture subit de plein de fouet les effets du changement climatique. Elle se retrouve face à d’importants défis, notamment en termes d’adaptation, de protection et de transmission du matériel végétal. « Tous les acteurs œuvrent pour pérenniser les choses à tout point de vue : environnemental, économique et humain », déclare Michel Barraud, qui en tant que président des Vignerons des Terres Secrètes, a engagé la cave dans des démarches RSE et Vignerons Engagés.

En résumé, « tout va bien et tout va mal », ironise Thiébault Huber, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), dans le sens où « tout va bien et tout phosphore ». En effet, de nombreux essais sont menés en Bourgogne pour maintenir une identité de terroir. On compte trois principaux volets de travail : la résistance à la sécheresse, le débourrement tardif et l’acidité. Seulement, « changer un vignoble, c’est une génération ». Thiébault Huber se veut rassurant et optimiste lorsqu’il affirme que « tout est en place ».

Un des sujets sensibles reste, néanmoins, l’empreinte carbone du secteur viticole, au-delà de la culture. La logistique, la fabrication des verres, les déplacements des, ou chez les clients, viennent lourdement peser dans la balance. Tous ces enjeux sont donc bien pris en compte par les acteurs de la filière. C’est d’ailleurs pour cette raison que d’importants moyens sont mis, en plus de la recherche et de la communication, sur la pédagogie.