Sicarev Coop
Continuer de construire une filière

Marc Labille
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Il y a trois ans naissait Sicarev Coop fruit de la fusion de six groupements dont Charolais Horizon devenue section de la nouvelle entité. Cette structuration de filière se poursuit aujourd’hui avec un aval fort et des contrats pour sécuriser le revenu des adhérents. 

Continuer de construire une filière
Le 22 juin dernier, les jeunes adhérents de la section Charolais Horizon de Sicarev Coop ont été mis à l’honneur.

Le 22 juin dernier à Vitry-en-Charollais, les adhérents saône-et-loiriens de Sicarev Coop se sont retrouvés pour leur assemblée de section Charolais Horizon. Le dernier rendez-vous sans contrainte sanitaire datait de juin 2019 et il avait alors précédé la fusion des six coopératives à l’origine de Sicarev Coop : Charolais Horizon, Covido Bovicoop (03/63), Actis (42), Coop du Mézenc (43), Dauphidrôme (38, 26, 07…) et Cialyn (21, 58, 89, 18, 10…). La nouvelle entité représente plus de 420.000 bovins et près de 120.000 ovins collectés pour 7.500 éleveurs. Elle couvre un vaste territoire s’étendant sur tout le massif central, la Bourgogne et débordant largement jusqu’en Rhône-Alpes, le Centre, la Champagne-Ardenne.

Ancrage territorial préservé

Malgré ce nouveau périmètre, Sicarev coop a su préserver son ancrage territorial. « Le format a changé, mais pas le fond », fait valoir François Chaintron, directeur délégué Sicarev Coop. La structure est organisée en onze sections territoriales dont la section Charolais Horizon héritée de l’ancienne coopérative saône-et-loirienne. Un conseil d’administration de section est présidé par Didier Touillon, éleveur à Palinges. Trois administrateurs locaux siègent au conseil de Sicarev Coop et Didier Touillon fait lui-même partie du bureau de la coopérative. « Notre nouvelle organisation tient compte des spécificités locales (signes de qualité, partenariats…) », explique François Chaintron. « Nous avons conservé un réseau qui nous permet de rester proches du terrain et de nos adhérents », complète Didier Touillon.

La fusion porte ses fruits

« Depuis trois ans, le groupe s’est bien structuré et aujourd’hui, la fusion est réussie et elle fonctionne », assure François Chaintron. Le volume d’animaux commercialisés est important et le périmètre permet « un panel conséquent dans les sorties avec une bonne répartition dans l’année », fait valoir Didier Touillon. La fusion permet aujourd’hui de profiter de nombreuses synergies : en termes d’équipements par exemple (centres d’allotements, flotte de camions, etc.). C’est aussi le cas pour les approvisionnements où les volumes importants permettent de négocier des tarifs plus avantageux, fait valoir Didier Touillon qui ajoute que la mutualisation des compétences permet de profiter des savoir-faire des autres groupements.

Cette fusion aura aussi contribué au maintien et au développement d’abattoirs locaux et de filières spécifiques telles Charolais Label Rouge (dont Sicarev est le plus important fournisseur) et le Bœuf de Charolles… Attachée à la segmentation qualitative, Sicarev Coop développe une filière « artisans » dont fait partie l’abattoir Charollais Viandes de Paray-le-Monial.

Filière complète de l’amont à l’aval

La dynamique enclenchée depuis trois ans s’est poursuivie en 2021 avec notamment l’intégration de la partie élevage/amont au sein de Sicarev Coop et la fusion des activités viande/aval au sein d’une société unique Tradival. Cette dernière qui emploie plus de 2.000 salariés regroupe l’abattage, la transformation, la commercialisation des viandes de bœuf, agneau, porc, veau, y compris sous forme de produits élaborés. Fidèle à sa ligne de conduite fondatrice, le groupe coopératif poursuit son objectif de « répondre aux marchés de demain » dans un schéma complet de l’amont jusqu’à l’aval. Une stratégie que les adhérents - jeunes en tête - ont encore plébiscitée lors des dernières assemblées de section. Rejetant l’idée d’un marché désorganisé, favorisant les coups de commerce et le moins disant, les adhérents de Sicarev Coop ont redit leur attachement à une véritable construction de filière, confortant par là même les décisions des responsables du groupe.

Ainsi ce dernier continue-t-il d’investir dans l’aval. Un nouvel atelier de production de steaks hachés frais verra le jour à Migennes (89) en 2022 et la filière « artisans » va être renforcée avec la reprise d’une cheville de viande dans l’Aisne. Mais face à une inquiétante érosion de la production, Sicarev Coop entend en même temps conforter son amont et donc « soutenir les agriculteurs dans les actes de production », explique François Chaintron.

Amplifier la contractualisation

Sur ce point, courant 2021, le groupement a adapté son règlement intérieur pour la mise en place de la loi ÉGAlim 2. Il a également procédé à la mise en conformité de ses contrats de production existants, bien déterminé à amplifier ce type de démarche. Un nouveau contrat jeunes bovins a été présenté lors de l’assemblée de section du 22 juin dernier. Pour un groupement qui n’exporte que 65 % de ses broutards en Italie, l’engraissement des mâles sur le territoire national est une évidence et même une ressource au vu du risque de pénurie de viande. D’autres contrats de production ÉGAlim verront le jour courant 2022. Si pour Sicarev, la contractualisation ne pose pas de problème au niveau de l’abattage puisqu’elle détient ses propres outils, en revanche, ce sont les clients distributeurs qui créent des freins, confie François Chaintron. Ces derniers rechignent à s’engager pour trois ans et la hausse des prix de marché a tout déstabilisé en début d’année. Mais les responsables de Sicarev ne désespèrent pas d’avancer sur le sujet. « Nous voulons ramener de la valeur ajoutée dans les élevages. Il faut le temps que l’idée fasse son chemin, mais nous voulons être acteurs dans cette démarche qui représente les solutions pour la filière de demain », affirme Didier Touillon. Et ce dernier d’évoquer aussi l’export qui, pour l’instant, n’est pas très favorable à une loi perçue comme franco-française. Mais le besoin de sécuriser les approvisionnements pourrait bien changer la donne. « Les coûts de production commencent à entrer dans les discussions commerciales aujourd’hui », conclut confiant François Chaintron.

 

À l’échelle de la section Charolais Horizon, ce sont un peu plus de 28.000 bovins + 2.300 ovins qui ont été collectés en 2021 pour un total de 420.000 bovins + 119.500 ovins au niveau de Sicarev Coop. Le chiffre d’affaires agrofournitures du groupe s’élève à près de 12 millions d’euros dont 2,7 millions d’euros réalisés par la section Charolais Horizon. 

Les jeunes adhérents à l’honneur

Lors de l’assemblée de section du 22 juin dernier à Vitry-en-Charollais, les jeunes éleveurs de la section Charolais Horizon de Sicarev Coop ont été mis à l’honneur. Il faut dire qu’ils étaient présents en nombre dans l’assemblée. Un tiers des participants avaient en effet moins de 35 ans. Soucieuse de « renforcer l’organisation coopérative », Sicarev Coop accentue ses efforts auprès de ses jeunes adhérents en adaptant sa communication, ses informations internes, son conseil. Chaque jeune éleveur s’est vu remettre un chéquier cadeaux d’une valeur de 500 € (bons d’achat appro, services, etc.) ainsi qu’un gilet individuel signé de la marque « Sicarev – Éleveur de Goût ». Devant ces jeunes adhérents, le président de section Didier Touillon a réaffirmé la volonté de la coopérative de les soutenir techniquement. « La valorisation des animaux est fondamentale, mais il faut aller plus loin avec de l’accompagnement technique », concluait-il.

Gros dégâts sur le site de Vitry-en-Charolais

Le site Sicarev Coop de Vitry-en-Charollais a été durement touché par l’orage de grêle du 21 juin dernier. La couverture du centre d’allotement est entièrement détruite rendant l’outil inutilisable. La toiture en tuile du bâtiment administratif a elle aussi été entièrement pilée par les gros grêlons. Les bâches posées à la hâte au lendemain de l’intempérie n’ont pas pu empêcher les infiltrations lors des fortes pluies des jours suivants. Face à ce sinistre, l’ex Charolais Horizon a pu bénéficier de son appartenance à un groupe. Les animaux ont pu être transférés vers d’autres centres d’allotement (à Vougy dans la Loire). L’incident n’aura pas d’impact pour les adhérents, rassurait François Chaintron.