Matériel viticole
Pas de concession sur la réactivité

Françoise Thomas
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Depuis 60 ans, Richy Viticulture est l’un des spécialistes régionaux du matériel viticole. Les trois concessions alimentent les professionnels du Mâconnais, de la Côte chalonnaise, mais aussi du Beaujolais. Et depuis plusieurs mois désormais, la société s’est exportée dans le Jura via un agent. Michel Weber est depuis septembre 2019 le nouveau directeur de l’entreprise. Entre crise climatique et crise sanitaire, il apprend, à l’instar de ses clients, à s’adapter.

Pas de concession sur la réactivité
L’entreprise Richy, spécialisée dans les engins viticoles, existe depuis 1960.

Depuis son arrivée chez Richy il y a bientôt deux ans, on ne peut pas dire que Michel Weber aura connu une saison « normale » pour le secteur viticole. Entre la crise Covid dès mars 2020, et qui perdure encore, la sécheresse de l’été 2020, puis le gel, la grêle et la pluie de l’année actuelle, rien ne se passe comme cela se devrait. « Le moral s’en ressent chez nos clients après cette collection d’accidents », résume-t-il. Pour autant, les viticulteurs peuvent compter sur l’entreprise sexagénaire. « Pour soutenir au mieux nos clients, nous avons mis en place cette année une permanence technique le samedi, car il fallait répondre présent quand les clients avaient besoin de nous » pour limiter le stress d’une panne mécanique en pleine période de traitement et entre deux fenêtres météo propices !

Deux engins « pompier »

L’autre adaptation majeure cette année fut l’augmentation du stock de pièces détachées. « Dès février mars, alertés par différents messages sur les difficultés d’approvisionnement, nous avons choisi d’augmenter sensiblement notre stock de pièces détachées pour ne surtout pas être pris au dépourvu en pleine période de traitement ou pendant les vendanges ». Au final, avec 20 % de stock en plus, la société est globalement toujours parvenue à répondre aux demandes.

« Déjà que c’est très compliqué pour nos clients, nous nous devions d’être le plus réactifs possibles pour eux ». Enfin, dernière adaptation : des engins de prêt en cas de panne d’un outil entrainant des délais de réparation un peu trop long. « Les fenêtres météo étaient tellement courtes que les engins étaient particulièrement sollicités et qu’il fallait être très réactifs ». Il s’avère que les deux machines « pompier » réservées à cet effet par Richy ont bien servi…

Évolutions dans le temps

Dans ces contextes sanitaire et climatique très particuliers, et qui ne laissent que peu de répit, Richy Viticulture se doit aussi de répondre aux évolutions plus globales des domaines, des normes et des pratiques culturales.

« Tout d’abord, nous constatons depuis quelques temps déjà un agrandissement des exploitations, en particulier dans le Rhône, avec notamment des rachats de petites structures par des plus grands groupes ». Avec des domaines plus vastes, dans un contexte de difficultés de recrutement, « il faut à la fois plus mécaniser et avoir du matériel plus simple d’utilisation », explique le directeur. Ce à quoi les fabricants de matériel sont sensibilisés en signant des partenariats entre eux pour assurer une parfaite compatibilité et interaction des outils aux engins et en allant vers une simplification des commandes.

Un intérêt… de courte durée

Par ailleurs, l’évolution des pratiques, du fait notamment du retour de l’enherbement, et l’évolution des normes au niveau des traitements entrainent aussi forcément des conséquences en matière d’équipement. « Il y a de ce fait plus de travail du sol et plus de difficultés à recruter des tractoristes : c’est le chat qui se mord la queue », constate-t-il malgré tout…

La lueur d’espoir suscitée par le premier confinement, qui a semblé entrainer une prise de conscience, ne semble pas se confirmer : « le secteur continue à avoir du mal à drainer des gens qui ne sont pas du milieu ». Et si certains professionnels d’autres secteurs, empêchés de travailler en 2020, sont venus prêter main forte dans les parcelles, cela ne s’est pas poursuivi « on a la mémoire courte. Pourtant on y avait cru » …

Cela n’empêche en rien Richy Viticulture de rester aux faits des évolutions, se tournant notamment vers les engins électriques (voir encadré).

Le futur électrique

Le futur électrique

Michel Weber a été agréablement surpris par l’intérêt suscité par les démonstrations d’enjambeur électrique proposées par Richy Viticulture fin juillet dans le Beaujolais puis en Côte chalonnaise. L’engin présenté, Alpo de la marque Sabi Agri, est en développement depuis plusieurs années « et est désormais abouti » pour le directeur de Richy qui en détaille les avantages : « cet enjambeur monorang est un nouveau produit. On n’a pas vraiment d’offre en face. L’un de ses grands avantages est d’être léger : un enjambeur classique fait facilement plus d’une tonne de plus. Et il se révèle idéal pour le travail du sol grâce à son centre de gravité très bas ». L’opérateur, étant assis très près des pieds de vigne, peut ainsi réagir vite. Enfin, compact, maniable, silencieux,

Alpo est de plus équipé d’un panneau solaire lui permettant de gagner 15 % d’autonomie ou de faire fonctionner un outil. « Plusieurs clients qui ont assisté à la démonstration se sont montrés très intéressés », a constaté Michel Weber.