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Règles d’hygiène et préparations avant les grosses chaleurs

Des auges propres à l’ombre, de nombreux abreuvoirs, une aire paillée récurée très souvent, voilà quelques-uns des conseils délivrés par le Vétérinaire Conseil au GDS de l’Ain, Sébastien Mouillard pour que le troupeau supporte bien les fortes chaleurs sans pertes et sans dégâts.

Règles d’hygiène et préparations avant les grosses chaleurs
« Pour les troupeaux en zéro pâturage, l’éleveur doit redoubler de vigilance et réagir aux premiers signes de mal-être, vaches perchées inactives, regroupement dans un espace restreint… », avertit Sébastien Mouillard, vétérinaire conseil au GDS de l’Ain.

On ne rappellera jamais assez que la zone de confort thermique des bovins se situe entre 2°C et 15°C. Jusqu’à 22°C, ils arrivent encore à réguler. Au-delà, ils sont en stress physiologique. Conséquences, les vaches passent leur temps à lutter contre la chaleur. Cette thermorégulation aboutit au bout du compte à une baisse de l’immunité. 

Un troupeau en état


« Il faut donc faire en sorte que le troupeau présente le meilleur état sanitaire possible avant les fortes chaleurs », rappelle Sébastien Mouillard, vétérinaire conseil au GDS de l’Ain. « Nous incitons les éleveurs à être très vigilants, à prendre le temps d’observer leur troupeau, surtout les bêtes qui ne pâturent jamais. Il s’agit d’identifier les premiers signes de mal être, tels que les regroupements dans des zones plus aérées au détriment des espaces de fort ensoleillement, les vaches perchées et inactives… L’éleveur pourra ainsi modifier sa pratique et adapter ses équipements ».

À boire et à manger


La priorité des priorités reste le système d’abreuvement, son contrôle et son dimensionnement. Le réseau d’eau doit apporter une eau de qualité en quantité suffisante. Une analyse bactériologique est indispensable lorsque celle-ci provient d’une source ou d’un puisard. Il faut veiller à aménager une solution de secours afin de répondre aux besoins des animaux. En hiver, une vache perd 15 à 20 litres d’eau par le biais de la transpiration, en été cette valeur peut facilement doubler. Il faut prévoir au moins 150 litres d’eau par jour et par vache. « L’éleveur aura à contrôler régulièrement le débit des distributeurs automatiques, on ne doit pas entendre de bruits de succion. Prévoir éventuellement des abreuvoirs supplémentaires », poursuit Sébastien Mouillard.  
L’alimentation est tout aussi importante. La nourriture distribuée doit être fraîche et appétante. Pour cela, l’agriculteur fera en sorte que l’auge reste à l’ombre en procédant à des aménagements au niveau du toit, peindre, voiler enlever les translucides et sur les côtés, installer des rideaux ou des murs mobiles… Sébastien Mouillard préconise aussi le raclage quotidien de l’auge et l’élimination des refus asséchés par une température ambiante élevée. Même une alimentation humide, telle que l’ensilage de maïs, se déshydrate au cours de la journée. Il souligne aussi la nécessité d’apporter une complémentation en minéraux : sodium, potassium, bicarbonate de sodium dans la ration pour compenser les pertes dues à la transpiration et à la miction. « Ces deux points clés, l’eau et l’alimentation, permettront de lutter contre le déséquilibre engendré par le stress thermique », affirme Sébastien Mouillard.

Un habitat sain


« Lorsque l’on rentre dans un bâtiment, et que l’on sent l’odeur de l’ammoniaque, on peut être sûr qu’il y a un problème de ventilation », fait remarquer Sébastien Mouillard. « On sait désormais, la Covid nous l’a appris, que l’aération régulière des locaux permet de lutter contre les virus, les microbes et les bactéries. Un bâtiment d’élevage doit être bien ventilé tout au long de l’année. Ne pas hésiter donc à créer des ouvertures modulables ».
Dans le même temps, il faut veiller à la qualité des lieux de couchage des animaux. C’est particulièrement vrai pour ce qui concerne les aires paillées ou les logettes paillées. Pour le vétérinaire du GDS de l’Ain, la solution, c’est de curer plus souvent et de pailler normalement. Le sur-paillage favorise la surchauffe de la litière. La chaleur combinée à un taux d’humidité élevé vont favoriser l’apparition des germes thermorésistants pathogènes qui peuvent entraîner des mammites, des avortements… Les animaux potentiellement affaiblis par le stress thermique seront des proies faciles à ce nouveau microbisme. L’observation du troupeau reste encore le meilleur atout de l’éleveur qui pourra ainsi réagir dès les premiers signes de mal-être animal.

Magdeleine Barralon