Moissons
Une campagne moyenne en perspective

Françoise Thomas
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Cette année encore, la météo capricieuse joue les troubles fêtes pour des moissons qui s’annonçaient plutôt très bien. Après trois années successives de canicule et de sécheresse, c’est cette fois l’excès d’eau voire l’absence de chaleur qui pénalisent les rendements. Point de situation en ce milieu d’été.

Une campagne moyenne en perspective
Une situation plus hétérogène que jamais cet été 2021 avec de très belles parcelles et d’autres qui ont accumulé les accidents climatiques.

En ce début de mois d’août, du côté des foins et des grandes cultures, tout n’a pas encore été récolté, et la pluie ne cesse de tomber…

Si les données ne sont donc que partielles et les bilans quantitatif et surtout qualitatif ne peuvent être dressés, une première tendance se profile malgré tout. Alors que mi-juin, les producteurs constataient des parcelles en bon état et des cultures qui s’annonçaient prometteuses, la fin du mois de juin et surtout le mois de juillet sont venus doucher les espoirs de nombre d’entre eux avec des situations comme à chaque fois hétérogènes : « ceux qui ont eu le temps de tout fauché et de tout rentrer sont satisfaits », résume pierre gay, à l’inverse de ceux qui n’ont pas pu tout faire ou se retrouvent dans des secteurs soumis aux inondations...

Les équipes ont assuré

« La fenêtre de tir a été très limitée cette année, rappelle le gérant de la minoterie Gay, normalement il faut 10 à 15 jours pour tout moissonner. Cette année, nous n’avons eu que quatre-cinq jours pour tout réaliser et ensuite nous avons eu du mal à avoir deux jours consécutifs de beau temps ». Des récoltes en temps record avec des équipes « qui ont assuré sur toute la chaine » et des équipements sur-sollicités mais qui ont globalement remporté ce pari fou.

Quelques parcelles n’ont cependant pas pu être faites à temps. Pour ces cultures toujours soumises aux pluies qui tombent encore ces jours-ci, difficile d’évaluer dès à présent ce qui en ressortira.

Quelques satisfactions

Pour revenir point par point sur les différentes céréales, du côté de Bourgogne du Sud on note un « rendement satisfaisant pour l’orge d’hiver, avec entre 75 à 80 quintaux en moyenne, précise Aline Saget, soit en légère hausse par rapport à 2020 ». Ce qui a évidemment sauvé cette culture c’est d’avoir été majoritairement moissonnée avant les grandes pluies. « La qualité correspond aux normes brassicoles, avec un rendement au-dessus du tonnage escompté ».

Pour ce qui est des colzas, la responsable communication de la coopérative constate, compte tenu des conditions d’implantation, « plutôt une agréable surprise, avec un rendement à 35 quintaux en moyenne ». Cependant malgré tout, les premiers retours font état « d’une baisse de teneur en huile ».

Un blé à la peine

En revanche, le blé a bien été, lui, impacté par les conditions climatiques compliquées voire, désastreuses. Malgré des situations variées selon les zones, les parcelles et la période de moisson, « il a beaucoup souffert, entre le gel, la pluie, la tempête sur certains secteurs », rappelle Aline Saget.

« Nous nous retrouvons aujourd’hui avec parfois un problème de germination sur le blé, souligne Pierre Gay, et des temps de chute de Hagberg nous contraignant à en déclasser en blé fourrager ».

Une situation constatée un peu partout « avec un poids spécifique parfois en-dessous de la norme du blé panifiable ce qui va forcément nous contraindre à déclasser une partie du blé en ‘’blé 2’’ », confirme-t-on du côté de Bourgogne du Sud. Compte tenu des conditions de fin de campagne, la phase de mise en silo a nécessité à chaque collecteur une organisation drastique et une vigilance particulièrement accrue, « Les capacités de stockage de la coopérative et la réalisation du travail de classement variétal par les équipes présentes dans les silos ont permis de limiter le déclassement des blés », souligne Aline Saget.

Le rendement est lui aussi impacté « avec une perte de potentiel de 10 quintaux hectare », estime a priori Pierre Gay. Pour le dirigeant de la minoterie, c’est d’autant plus rageant « qu’au 15 juin, on annonçait 10 % de rendement supplémentaire ! On se retrouve donc avec une récolte de blé moyenne. Ce n’est cependant pas la catastrophe car il y a de la surface », nuance-t-il.

De façon générale, les normes blé panifiable sont juste respectées mais aucun problème d’alimentation des meuneries à redouter. Reste à attendre la réaction des marchés face à la baisse de volume de blé panifiable et l’augmentation des tonnages en blé pour l’alimentation animale.

 

 

À noter cette année, un temps de moisson record pour bénéficier des rares fenêtres météo clémentes… et des « équipes qui ont assuré sur toute la chaine ». Ici au silo de Verdun de Bourgogne du Sud.