Vendanges 2020
La qualité sans forcément la quantité

Régis Gaillard
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S’annonçant comme très qualitatif, le millésime 2020 pêche néanmoins en terme de quantité, notamment du côté du pinot noir. Des vendanges qui, si elles sont d’ores et déjà terminées dans plusieurs appellations, ne font que se poursuivre voire débuter dans d’autres, faute d’une maturité suffisante des raisins.

La qualité sans forcément la quantité
Quel que soit le vignoble, le maître-mot sera, cette année, qualité.

L’année 2020 aura, comme bon nombre de ses prédécesseurs, été particulière en terme climatique. Avec, cette année, divers facteurs entre chaleur, lumière et manque d’eau qui auront impacté les vignes donc les raisins et, au final, les vins à venir. Ainsi, du côté de Mercurey, Loïc de Suremain relève que « c’est absolument nickel, très qualitatif, avec un très bel équilibre. Nous avons des degrés autour de 13,5°. Nous avons des jus francs et nets, avec une fin de bouche un peu acidulée, sur le fruit. Cela va donner un beau millésime ». Seul regret : les rendements en chute pour atteindre de 30 à 35 hectolitres par hectare pour les rouges. « C’est un peu mieux pour les blancs. Le souci est que l’on a manqué d’eau. Nous avons débuté les vendanges le 22 août et nous finissons ce matin (NDLR : le 1er septembre) ».

De belles promesses

La sérénité est également de mise à Givry où les vendanges ont débuté le 17 août pour s’étirer jusqu’à tout début septembre avec une grosse majorité des vendanges entre le 19 et le 26 août. Baptiste Lumpp estime que « l’équilibre est au top. Personne n’a trouvé la moindre grappe pourrie. Les degrés sont assez élevés, avec pas mal de chose au-dessus de 14. Il y a une bonne acidité » En terme de qualité, les mots qui reviennent sont richesse, arômes et couleur. Et Baptiste Lumpp d’effectuer une comparaison avec le millésime 2003 en terme d’équilibre « avec plus de sucre et une meilleure acidité ». Côté rendements, il y a une chute de 30 à 50 % en rouge. Par contre, c’est nettement mieux en blanc où l’on est plutôt proche des rendements même si certaines parcelles sont à – 30 %.

Pour sa part, Maxime Venot à Moroges souligne l’une des particularités de ce millésime : les variations, d’une exposition à l’autre, d’un cépage à l’autre, d’une vigne à l’autre. « Les quantités sont très correctes en blanc. Nous arrivons au rendement en aligoté ainsi qu’en chardonnay. Par contre, nous sommes à environ – 30 % en pinot noir. Dans ce cas, il y a des raisins très secs, avec peu ou pas de jus. Il faut savoir que Moroges, c’est 70 % de pinot noir. Les vignes ont beaucoup plus souffert au sud qu’au nord. Certaines de mes vignes sont carrément grillées à Givry. Les jeunes vignes ont plus souffert que les vieilles vignes qui ont des racines plus profondes. Quant à la qualité, nous avons un millésime très solaire, avec de l’acidité. Les degrés oscillent entre 13,5 et 14 en rouge, 13 et 13,5 en blanc ».

Il est urgent d’attendre

Alors que certaines appellations commencent à nettoyer et ranger leurs machines à vendanger, d’autres, en revanche, laissent le temps faire son œuvre, misant sur la patience et la maturité à venir des raisins.

Ainsi, à Bouzeron, Pierre de Benoist signale qu’il y aura eu de « très belles vendanges en deux temps. Nous arrêtons ce soir (NDLR : le 1er septembre). Nous allons reprendre la semaine prochaine pour l’aligoté. Nous avons effectué des premières vendanges sur des vignes qui ont subi la chaleur et la lumière. La seconde partie des vendanges concernera des vignes qui ont suivi leur rythme normal de développement. En terme de rendement, nous sommes un peu en-dessous de ce que nous faisons habituellement, de l’ordre de –20 %. C’est notamment dû à la sècheresse. Nous avons un bel équilibre avec pour le pinot noir entre 13° et 14° et pour le chardonnay entre 13° et 13,5°. C’est vraiment très qualitatif, capiteux, tendre, sur le fruit pour les rouges ».

Dans le Tournugeois, il n’a pas été rare de voir les vendanges s’étaler sur trois à quatre semaines. Ainsi, chez Jean-Christophe Dupré, installé à Royer, les vendanges ont débuté le 18 août par les crémants. Place, ensuite, aux vins tranquilles pour des vendanges qui devraient se terminer ce week-end. « Il y a une très belle qualité mais pas de quantité. Selon les parcelles, nous aurons de 35 à 40 hectolitres par hectare en rouge contre 65 habituellement et de 50 à 55 hectolitres en blanc contre normalement 70. Nous avons manqué d’eau depuis le mois de juin. Les degrés sont également très bons, oscillant entre 12° et 14°. Les raisins sont très jolis. Cela devrait donner un très beau millésime ».

Pour sa part, François Budin, à Dracy-les-Couches, a joué la carte de la patience. « Jusqu’à présent (NDLR : au 1er septembre), nous n’avons fait que les crémants. Ce fut une belle vendange. Pour la suite, nous allons peut-être attaquer en fin de semaine voire en début de semaine prochaine. Je suis l’un de ceux qui vendangera en dernier dans le Couchois. L’avantage de vendanger en machine c’est que nous pouvons attendre le moment optimal, idéal pour récolter ».