EXCLU WEB : L’agriculture africaine face au défi du développement

L’association Agriculteurs français et développement international (AFDI) organisait le 28 septembre son assemblée générale. L’occasion de renouveler ses instances dirigeantes et de se pencher, lors d’une table-ronde, sur la manière d’accompagner le développement agricole en Afrique.

EXCLU WEB : L’agriculture africaine face au défi du développement

« Il est triste de constater que l’on n’a pas pris à bras le corps le développement agricole africain », a remarqué d’emblée l’ancien ministre de l’Agriculture, Hervé Gaymard. La faute sans doute « à ce qu’on a voulu plaquer nos modèles occidentaux, nos propres raisonnements, sans écouter ce que les Africains avaient et ont à nous dire », a-t-il ajouté. La faute également aux multiples défis auxquels ce continent est confronté : le changement climatique, l’insécurité avec des conflits dans de nombreux pays, les invasions de ravageurs (etc.), ainsi que la corruption qui hante tous les esprits, a instillé, en filigrane, Ibrahima Coulibaly, président du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA). « On travaille en silo en Afrique. Il ne suffit pas que l’Europe nous alloue des millions d’euros. Nous nous posons la question de l’efficacité de ces fonds financiers pour qu’ils soient alloués au profit des vrais acteurs économiques », a-t-il expliqué. Comme Gérard Tubery, président de la Fondation Avril, il ne s’étonne plus que des fonds publics aient servi à emblaver des terres cultivées en blé pour alimenter une meunerie qui appartenait… à un ministre. Le souci est qu’en Europe aussi « les directions générales (Agriculture, économie et développement) travaillent en silo et ne peuvent pas coordonner leurs politiques pour le développement agricole africain », a renchéri Hervé Gaymard.

 

« Réservoir de croissance »

 

Concernant le travers européen à vouloir exporter ses modèles, en particulier économiques,  Gérard Tubery, met en exergue la fin de l’agriculture productiviste en Europe quand les urgences africaines sont celles de première nécessité : produire pour se nourrir. Le continent, fort d’1,2 milliard d’habitants compte 250 millions de malnutris, soit une personne sur cinq. Pour le président de la Fondation Avril, il faut créer de la valeur ajoutée en Afrique et celle-ci passe  nécessairement par l’aval « car c’est plus structurant. Ce n’est pas tant le montant de l’enveloppe qui est important mais plutôt la finalité de l’investissement », a-t-il martelé, appelant à ce que le continent puisse bénéficier, en particulier,  des bienfaits de la génétique. Encore faut-il là aussi que les banques jouent le jeu. Or, nombre d’entre elles, notamment françaises et européennes se sont retirées du continent africain. « Il faut investir dans un premier temps dans les femmes et les hommes et les former. Puis il faut ensuite éviter les goulots d’étranglement que constituent l’accès à l’eau, à l’électricité, aux transports, à la chaîne du froid. Il faut ensuite attirer l’investissement privé », a plaidé Hervé Gaymard. « Il faut également jouer sur l’attractivité des agricoles et agroalimentaires », a soutenu Vincent Touzot, administrateur d’AFDI, émettant le vœu que les organisations professionnelles agricoles française puissent être une passerelle politique auprès des gouvernements africains.

L’enjeu est de taille : l’Europe reste pour l’heure le premier partenaire économique de l’Afrique. Mais Bruxelles s’inquiète de la montée en puissance de la Chine et de la Turquie qui sait, comme l’a écrit récemment Sébastien Abis, directeur du Club Déméter, que « les marchés africains sont en plein essor et que ce continent constitue un réservoir de croissance à moyen-long terme ».

Sophie Fonquernie (Doubs), nouvelle présidente de l’AFDI

L’AFDI a procédé au renouvellement de ses instances dirigeantes. L’ancien président, Henri Bies-Péré, a fait savoir qu’il ne souhaitait pas renouveler son mandat. Sophie Fonquernie, agricultrice dans le Doubs a été élue présidente de l’AFDI. Henri Bies-Péré devient premier vice-président ; Basile Faucheux, producteur de céréales dans le Loiret et vice-président JA, devient 2e vice-président. Luc Desbuquois, agriculteur dans le Pas-de-Calais et administrateur de la CNMCCA a été élu 3e vice-président. Tony Cornelissen, président de la Chambre d’agriculture de Corrèze, devient trésorier  de l’AFDI.