Tourisme en Bourgogne Franche-Comté
Premier département en nuitées

Cédric MICHELIN
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Saint Patron des Ambassadeurs, Gabriel était honoré de la plus belle des manières le 29 septembre dernier. Le Conseil départemental de Saône-et-Loire avait invité tous les Ambassadeurs de la #Route71 à Mâcon. Une soirée amenée à être pérennisée chaque année pour tirer le bilan de la saison touristique. Un bilan largement positif en 2021, grâce à des efforts sans précédents des acteurs du tourisme, grâce aux campagnes de promotion et aux soutiens financiers face au Covid.

Premier département en nuitées
La soirée des Ambassadeurs #Route71 reviendra chaque année à la Saint-Gabriel et donnera rendez-vous aux 4.000 acteurs du tourisme dans divers lieux de prestige en Saône-et-Loire.

Une soirée qui a permis aux Ambassadeurs de la #Route71, c’est-à-dire tous les acteurs du tourisme départemental, de parler entre confrères, bien que venant d’univers et secteurs différents : hôtels, campings, restaurants, parcs d’attraction, oenotourisme, musées, églises romanes, offices de tourisme… Plus de 200 avaient fait le déplacement en ce 29 septembre à Mâcon. « Après deux saisons compliquées avec le Covid, la tendance est plutôt bonne puisque les professionnels interrogés en cette fin de saison sont plus de 78% à être satisfaits de leur saison. Et 2022 sera une bien meilleure année encore », positivait Elisabeth Roblot, vice-présidente chargée du tourisme au Conseil départemental.

Records pour les Gîtes


Des chiffres rassurants, mais encore plus impressionnants du côté du tourisme rural. La preuve avec la directrice des Gîtes de France Saône-et-Loire, Annie Gilles. Le réseau a atteint un taux d’occupation de 97% cet été sur les 479 hébergements en gestion par la centrale de réservation (et 220 hébergements en gestion directe par les propriétaires). « Les chiffres sont historiques depuis la création de la centrale en 1992 », se réjouit-elle, alors que son équipe de cinq personnes assurant la commercialisation a dû faire face à davantage de réservations de dernières minutes et de nombreuses questions par téléphone tout de même. Alors que la saison 2020 avait déjà été porteuse, le nombre de contrats passé a grimpé de +59% cette année (4.290 contrats) avec un panier moyen en augmentation de 600 € (+7%). Au final, 35.869 nuitées ont été louées (+52%) pour des clients français principalement (2.231.467 ; +50%) contre 502.649 étrangers (+50% également). Plus réjouissant encore, une nette progression des réservations de clients âgés de 25-34 ans, souvent des couples avec de jeunes enfants. « Des jeunes qui passaient avant par Booking ou AirBnB et qui ne connaissaient pas forcément la campagne », observe-t-elle. Annie Gilles est confiante : « ils reviendront »…

Voyants tous au vert

Même euphorie, mais plus discrète du côté de Frédéric Lamy, directeur de la Maison Lameloise. Pour le restaurant triplement étoilé et son bistrot à Chagny, la saison a certes débuté à la levée des restrictions au printemps, mais depuis le 19 mai, « tous les voyants sont au vert : taux d’occupation, prix moyen, nombre de couverts… avec une visibilité peu ordinaire » jusqu’à la fin d’année. Les clients cherchent à « se faire plaisir » et acceptent de réserver les midis et pas uniquement pour le diner du samedi. Le tout, « en regardant moins à la dépense » avec des hausses « non négligeables » de l'ordre de +5 à +15% sur les prix moyens.
Si ses chiffres sont aussi en progression, côté fréquentation ou chiffre d’affaires, Raoul Salama gérant le Château de Balleure a néanmoins « perdu ses clients Américains, Russes, Australiens… » encore en 2021, certes « bien compensés par les Européens » (Suisses, Allemands, Hollandais, Belges…) toutefois. Un rééquilibrage aussi avec 30% de clients Français contre 10% avant Covid. Plus que tout, Raoul Salama, ancien journaliste vin, sait que « ce qui est important, c’est l’avis client », lui dont le château a obtenu la note de 10/10 sur Booking pour son Gîtes 5 épis. Une « expérience » globale - avec ses 600 bouteilles de Mâcon-Cruzilles à la dégustation et à la vente – permettant de garder les clients plus longtemps, « 5-6 jours ».

La passion des territoires

Comment atteindre ce Graal ? Avec « la passion », qui transpirait des propos de Marylène et Pascal Minot, régisseurs du Château de Digoine à Palinges ou au Domaine de Rymska à Saint-Jean-de-Trézy. Le Château de Digoine est passé de 4.000 entrées par an en 2015 à 8.000 en 2020 et même 8.700 en ce début octobre. Marché de Noël, spectacles « immersifs avec 600 figurants » pour rejouer la pièce de théâtre L’Aiglon (d’Edmond Rostand), époque Sarah Benhardt (1842), fête des fleurs… « l’idée est de passer à plus de 20.000 visiteurs par an » car le site a « un potentiel énorme ». Comme le reste du département…
L’authenticité et le savoir-faire attirent donc. Eric Feurtet, gérant du Domaine de Rymska, joue sur la carte Relais & Châteaux et les produits de son exploitation avec « 100 % de produits saône-et-loiriens et 80% venant directement de l’exploitation » servis sur place à son restaurant. Avec son directeur Raphaël Meyer, ils insistaient pour « renseigner les clients » et tenter justement « d’allonger les séjours ». « Ces longs séjours permettent plus facilement d’orienter les couples et familles sur les activités dans le département », ajoutait Maëva Laligant du Moulin de Hauterive à Saint-Gervais-en-Vallière, à la frontière avec la Côte-d’Or. Meilleur sommelier de France, Fabrice Sommier aime aussi « relier ses territoires » à travers la gastronomie et les vins. Dans sa nouvelle Wine School à Mâcon, il a d'ailleurs formé « un boucher qui souhaitait parler de dix vins qu’ils voulaient vendre » dans son magasin. Preuve des passerelles possibles entre tous. D'ailleurs, tous les acteurs du tourisme semblaient d’accord pour dire que ces deux dernières années, la Saône-et-Loire a moins été une « étape » et plus une « destination » à part entière. Y compris pour réunir des familles et amis éparpillés. À confirmer dans le temps. Les Ambassadeurs de Saône-et-Loire sont là pour.

L’excellence pour attirer et installer

Même si les touristes étrangers ont pu manquer, la Saône-et-Loire reste le premier département de Bourgogne Franche-Comté en terme de nuitées marchandes et non marchandes. Le fruit des campagnes de promotion du Département et de l’ADT. « Notre Saône-et-Loire plait. Elle a tout le panel recherché : gastronomie, randonnées, grands espaces, voies bleues et vertes… », renchérit Elisabeth Roblot qui faisait alors le lien avec l’attractivité des territoires. Installer des populations, si possibles actives, est l’autre mission qui lui a été confiée par le président Accary. « Au niveau des transactions immobilières, nous sommes le deuxième département sur 102 en 2020, parmi les quarante en positif. Et la tendance 2021 se confirme », se réjouit André Accary qui redouble sa volonté de continuer de s’appuyer sur #Route71, les salons, le projet de parc historique Eclat… mais aussi les infrastructures (RCEA, Internet, collèges…) ou les services (Centre de Santé, sport, cultures, associations…). Et pour communiquer et attirer ? « Facile, il suffit de s’appuyer sur nos produits d’excellence :agricoles, viticoles, industriels et artisanaux ; fierté des producteurs, des habitants et à l’export aussi », remerciait-il chaleureusement en guise de conclusion.

La campagne avec du Wifi et un spa !

« La première question que l’on me pose est l’époque du Château – le XIVe siècle – et la seconde, c’est pour avoir le code Wifi », plaisante Raoul Salama du Château de Balleure. Une réalité des touristes qui ont des demandes simples mais modernes à la fois. Besoin de nature, de grand air… avec une piscine ou un spa. « Ce sont les premières demandes à la centrale », explique Annie Gilles des Gîtes de France Saône-et-Loire. L’avis laissé par les autres clients compte également « sauf pour les 4 et 5 épis », remarque la directrice qui l’explique par l’assurance du niveau des prestations générales. « Avec le Covid, 50% des réservations se font via téléphone alors qu’avant ce n’était que 30%. Les clients ont besoin de parler, d’être rassurés après avoir regardés sur Internet ». Un besoin de confirmations alors que les touristes ont déjà engrangé bon nombre d’informations : sur les vélos à louer, les marchés à faire… En 2020, suite à l’annulation des voyages à l’étranger, une nouvelle clientèle - 25-34 ans et 35-44 ans – s’est tournée vers les Gîtes, alors que la clientèle étaient plus âgées habituellement. « Pour être plus tranquilles à la campagne », par rapport au Covid, mais gare, « depuis juillet, on a moins de questions sur les mesures sanitaires », analyse Annie Gilles. Alors, la campagne tendance ou option bis, faute de voyager librement ? L’avenir le dira. En attendant, les Gîtes de France Saône-et-Loire continuent de voir environ 80 porteurs de projets en moyenne chaque année depuis 4-5 ans et sans que la demande touristique ne soit saturée. « Il reste de la place pour des projets et nous travaillons avec la chambre d’Agriculture pour accompagner ces porteurs », conclut Annie Gilles qui les invite à contacter ses équipes pour être accompagnés et labellisés.