PORTRAIT
Agriculteur et maire à la fois, une chance pour les communes

Margaux Legras-Maillet
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À Vescours, les maires sont agriculteurs depuis plus de 40 ans. Isabelle Flamand a été élue en mars 2021. Éleveuse sur la commune, elle souligne l'importance d'avoir des agriculteurs parmi les élus locaux. 

Agriculteur et maire à la fois, une chance pour les communes
Isabelle Flamand est éleveuse et maire sur la commune de Vescours. Photo/MLM

Isabelle Flamand élève avec son mari 65 charolaises et une vingtaine de blondes aquitaine en allaitant sur la ferme de Montalibord. Sollicitée pour être conseillère en 2014, elle devient d’office première adjointe au maire. Mais aux élections suivantes, les candidats ne se pressent pas. La commune de 240 habitants est menacée et risque d’être rattachée à Saint-Trivier-de-Courtes s’il n’y a pas d’élus. Une situation que ne peut accepter l’agricultrice qui décide de rempiler avec trois anciens de la mandature précédente. Sa liste est la seule en lice aux élections et elle est élue maire en mars 2020, convaincue par ses trois ex-colistiers. Celle qui marche désormais dans les pas de son père, André Pont, maire durant trois mandats, n’aspirait pourtant pas à suivre les traces de son paternel. Son mari, sans y être opposé, n’était d’ailleurs pas très emballé. Avec deux jours de permanence en mairie, concilier la vie d’édile et d’exploitant agricole n’est en effet pas facile, mais Isabelle Flamand semble réussir avec brio, moyennant quelques adaptations. « J’estime que je ne dois pas trop laisser ma secrétaire, mais c’est vrai que je n’y suis jamais à 8 heures du matin avec la ferme, admet l’élue. Elle y prend finalement goût aussi. Je suis née là, j’ai fait toute ma carrière agricole ici. » À 58 ans, elle succède donc à Chantal Thénoz, apicultrice sur la commune. Elle-même avait été élue à la suite de Michel Meunier, agriculteur tout comme André Pont avant lui. Et oui, à Vescours, on est maire de père en fille, mais aussi agriculteur de maire en maire. Une chance pour le village, souligne Isabelle Flamand : « Dans le conseil actuel, je suis la seule agricultrice et c’est important. On connaît mieux le territoire et ses lieux-dits », souligne-t-elle. Un déficit à l’image de sa commune qui ne compte plus que quatre exploitants agricoles, contre une douzaine il y a vingt ans. Parmi eux, deux approchent de la retraite. « Il y a eu des reprises, mais par des gens d’autres communes. L’essentiel, c’est que les terrains soient cultivés, mais on n’est peu représentés… », regrette Isabelle Flamand. Son expérience d’agricultrice l’a aussi aidée en tant que maire confie-t-elle. « On arrive à intégrer les nouveaux en leur expliquant un maximum de choses. Je suis pour la transparence. On ne peut pas concerter tout le monde sur tout mais je mets un pied d’honneur à les mettre au courant de nos décisions. J’ai été élue par les gens de la commune, mais aussi par ceux de mon équipe. J’ai vu trop de Gaec se défaire par manque de communication. Dans les conseils municipaux, si on ne dit rien, les gens ne reviennent pas ! »

La ferme de Montalibord, une histoire familiale et locale

Dans la famille d’Isabelle Flamand depuis trois générations (les terrains ont été rachetés à Guy de La Verpillière), la ferme, classée, est surtout connue pour sa cheminée sarrasine datant du 14ème siècle. Arrivés en 1932 sur la ferme, ses grands-parents étaient aussi agriculteurs, de même que ses parents. D’ailleurs, la famille a élevé des volailles de Bresse des années 1960 à 2015, et s’est même essayée aux dindes, avant que les incertitudes et les contraintes liées à l’influenza aviaire n’aient raison de leur moral. En plus de leur activité d’élevage, Isabelle Flamand fait également gîte et chambre d’hôte et réitère chaque année des pêches sur les deux étangs de l’exploitation. Sur les 170 ha de SAU, le couple en consacre la majorité aux prairies, temporaires et permanentes ; le reste, une cinquantaine d’hectares, aux cultures (colza, blé, maïs, soja, lin et épeautre pour l’alimentation des veaux). Dans le musée aménagé à la ferme de Montalibord, on plonge dans l’histoire familiale et locale. La plupart du mobilier a d’ailleurs appartenu à ses parents et grands-parents. Les sabots qu’elle tient dans la main ont d’ailleurs été portés par sa mère lorsqu’elle était enfant. Isabelle Flamand est fière d’être agricultrice. « Cette année il s’est passé quelque chose qui n’était jamais arrivé sur la ferme. Nous avons vendu une vache de 19 ans, Otarie, et elle n’a jamais raté un veau, jusqu’à la fin ! ». Il est vrai, l’anecdote est assez extraordinaire pour être soulignée. 

La ferme de Montalibord est connue pour sa cheminée sarrasine. Le site est classé et peut se visiter. Photo/MLM