Cap Protéines
Pois, féverole, lupin et soja pour remplacer les correcteurs azotés

Damien Hardy, Idele
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Il est techniquement possible de substituer les correcteurs azotés par des graines de soja, pois, féverole et lupin dans la ration des vaches laitières. Si l’intérêt agronomique est là, il reste à confirmer l’intérêt économique.

Pois, féverole, lupin et soja pour remplacer les correcteurs azotés
Des essais menés à la ferme du lycée de Fontaines (71) ont montré qu’il était possible de remplacer le tourteau de soja par des graines de soja toastées avec un gain de production laitière, mais une baisse des taux. Crédit : D. Chapuis/CA 71

Pour compléter la ration des vaches laitières, il est possible de substituer des correcteurs azotés par des graines de féverole, de pois, de lupin ou de soja. « Ces protéagineux sont intéressants, car riches en protéines et en matière azotée totale (MAT), apprécie Alice Berchoux, chef de projet production laitière à l’Institut de l’élevage. Cependant, cette matière azotée se dégrade vite dans le rumen et, une fois arrivée dans l’intestin, les protéines digestibles dans l’intestin d’origine alimentaire (PDIA) ne sont plus si nombreuses et peuvent manquer aux vaches laitières hautes productrices ».
Pour limiter cette dégradation dans le rumen, un traitement thermique (toastage) est possible pour améliorer la valeur alimentaire des graines et réduire la présence de facteurs antinutritionnels. Selon les tables Inrae 2018, alors que de la féverole crue dose 112 g de PDI par kg de matière sèche, elle est à 154 g une fois toastée. Cependant, des essais récents ont montré que cette hausse ne se traduit pas toujours sur les performances laitières, avec même parfois des conséquences négatives sur les taux du lait.

Broyés ou aplatis avant distribution

Utilisés crus ou toastés, les protéagineux doivent être broyés ou aplatis, au risque de retrouver la graine quasi intacte à la sortie. Autre précaution, comme le pois ou la féverole sont riches en amidon, il faut veiller à ne pas dépasser 22 % d’amidon dans la ration pour ne pas risquer de l’acidose ou de la sub-acidose. Certaines graines étant très riches en huile, gare aussi à ne pas faire de rations trop grasses.
« S’il est techniquement possible d’utiliser ses graines de protéagineux dans la ration, l’intérêt économique n’est pas toujours évident, reconnaît Alice Berchoux. Les rendements de ces cultures peuvent être aléatoires et le coût et le temps passé à cultiver et broyer ou toaster ces graines ne sont pas forcément amortis. Il y a cependant des bénéfices environnementaux à consommer local et cela permet de répondre à des cahiers des charges d’alimentation sans OGM ou française. C’est un des leviers pour améliorer son autonomie protéique et ces protéagineux permettent de diversifier la rotation ».

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