EXCLU WEB / L’Allemagne et la France précurseurs dans la mise en place de l’ovosexage

La technologie de l’ovosexage, utilisée pour mettre fin à l’élimination des poussins mâles dans la filière oeuf, s’installe progressivement. L’Allemagne et la France ont une longueur d’avance. 

EXCLU WEB / L’Allemagne et la France précurseurs dans la mise en place de l’ovosexage

Le couvoir Lohmann France, installé en Vendée, a mis en place depuis le début de l’année une technologie innovante qui permet de déterminer le sexe du poussin dans l’oeuf, permettant ainsi d’éliminer les embryons mâles avant leur éclosion. Une avancée technologique qui met un terme à l’élimination par broyage des poussins mâles après l’éclosion. Une pratique qui avait suscité les foudres des associations de protection des animaux et ému le grand public. Désormais celle-ci est interdite en Allemagne depuis le 1er janvier 2022 et en France depuis le 1er janvier 2023.

Une technologie attendue depuis quinze ans 

Pour répondre à cette nouvelle réglementation, Lohmann France, leader dans l’accouvage et la commercialisation de poussins d’un jour destinés à l’élevage de poules pondeuses d’oeufs de consommation, a réalisé des investissements importants dans son couvoir vendéen. Plus de trois millions d’euros pour installer deux lignes d’ovosexage. Cela permet de déterminer in-ovo le sexe des poules pondeuses destinées au marché français. Avec ces machines « Cheggy », développées par le fabricant allemand AAT, Lohmann France peut traiter de 35 à 40 000 oeufs par heure, grâce à la technologie de mesure hyperspectrale. Plus simplement, grâce à un éclairage de l’oeuf, une caméra fait la différence entre les embryons mâles, de couleur blanche et les femelles, qui ont une couleur brune. L’ovo sexage se déroule au 13ème jour de l’incubation, quelques jours avant l’éclosion au 21ème jour. « Cette procédure est non invasive, nul besoin d’ouvrir la coquille d’oeuf, donc aucun risque de contamination ni de blessure de l’embryon. Elle présente un taux de réussite de 96 % », explique Vincent Baumier, directeur général de Lohmann France. Elle est particulièrement adaptée aux poules brunes, les souches les plus utilisées en France. Traditionnellement élevées dans le sud de l’Europe les souches brunes, qui donnent des oeufs bruns, sont majoritaires en France et en Allemagne et gagnent du terrain au Royaume-Uni. Les poules blanches sont élevées de préférence aux Etats-Unis et, en France, leur production est destinée aux ovo-produits. Au premier semestre de cette année, le couvoir a ainsi « sexué » 15 millions d’oeufs, parmi lesquels six millions de femelles, qui deviendront des poules pondeuses. Les oeufs mâles étant éliminés et destinés à l’alimentation animale. Aujourd’hui, l’Allemagne et la France sont les seuls en Europe à pratiquer l’ovo sexage, l’Italie s’est engagée pour 2027 ainsi que l’Espagne et le Portugal. L’interprofession de l’œuf (CNPO) demande que l’interdiction du broyage soit étendue à tous les Etats membres pour éviter des distorsions de concurrence.

Une technologie payée par le consommateur 

Cette technologie a un coût. Si un poussin d’un jour, future poulette, puis poule pondeuse, était vendu 95 centimes à l’éleveur, le surcoût de l’ovo sexage est évalué à 1,11 euro par le couvoir. Soit plus qu’un doublement du prix. La filière a estimé que c’est au consommateur de payer son désir de bien-être animal. « Un accord interprofessionnel a été mis en place, pour deux ans, avec la grande distribution pour collecter de l’argent et indemniser les couvoirs, c’est une première » a rappelé Yves-Marie Beaudet, président du CNPO, lors d’une visite avec la presse en Vendée, deuxième bassin de production avicole de France. Pour cent oeufs de consommation vendus, 0,59 euro sera prélevé, soit 0,59 centime par oeuf, et reversé aux couvoirs afin de les indemniser. La filière espère ainsi collecter 45 millions d’euros par an. Avec cette technologie les couvoirs Hy-Line en Bretagne et Lohmann en Vendée, qui ont adopté cette technologie, espèrent répondre aux besoins en poules pondeuses des éleveurs français et même européen.