David Déprès
Aller à la pêche aux clients

Régis Gaillard
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A l’image de bon nombre de professions, la viticulture est touchée de plein fouet par la crise liée au Covid-19. Président des Vignerons Indépendants de Saône-et-Loire, David Déprès est pleinement conscient que les mois à venir s’annoncent d’ores-et-déjà compliqués.

Aller à la pêche aux clients

L’un des points noirs depuis maintenant plusieurs mois prend la forme de l’annulation en cascade des salons auxquels vous participez habituellement. Comment avez-vous géré cela ?

David Déprès : Pour ce qui est du salon de Dijon qui devait se dérouler mi-octobre, nous avons été pris de cours. Nous avons été prévenus seulement le lundi qu’il n’aurait pas lieu. La Fédération régionale avait mis en place un plan B avec possibilité de livrer les cartons de vin sur le parking sous forme de drive. Mais, là aussi, le préfet a tout annulé. Il a fallu contacter nos clients en toute urgence. À titre personnel, j’ai dû, en catastrophe, mettre en place un plan C. En l’occurrence la livraison de vin sur un parking. Mais par rapport à un salon habituel, cela n’a représenté qu’environ 15 % de mes ventes. Ce week-end, il y avait un salon national à la Halle Tony Garnier à Lyon. Le confinement a eu raison de ce salon. Pour mes clients qui avaient commandé préalablement, je fais un geste commercial car je leur expédie le vin en offrant les frais de port quelle que soit la quantité.

Que représente la perte liée à la non-tenue des salons ?

D.D. : Cela représente de 80 % à 90 % de pertes. En plus, les gens ne sont actuellement pas dans une optique d’achat. Ils attendent. C’est pourtant habituellement une grosse période de vente pour nous.

Quelles sont les solutions face à une telle chute des ventes ?

D.D. : Cela va être très compliqué. Chez les Vignerons Indépendants, nous avons environ 80% de nos volumes mis en bouteille. Une solution passerait par le vrac mais les négociants sont dans une phase d’attente. Il nous faut faire le dos rond. Il y a eu une éclaircie cet été, aux mois de juillet et d’août, au cours desquels nous avons bien vendu au caveau avec la présence de touristes, notamment Français. Et la rentrée était plutôt bonne avec la reprise des bars et restaurants. Quant au Beaujolais nouveau qui se profile à l’horizon, je suis très pessimiste pour les Vignerons Indépendants concernés.

Au final, que retiendrez-vous de cette année 2020 ?

D.D. : Déjà qu’elle va mal se terminer car on nous enlève, en ce moment, la meilleure période de vente de l’année. Le vin que nous allons vendre à distance ne représente qu’environ 15% de nos ventes totales. Donc, si nous ne vendons pas, nous stockerons. L’année 2020 aura été vraiment compliquée entre la taxe Trump et le Covid-19. L’export a du plomb dans l’aile.

Qu’en sera-t-il de 2021 et des salons organisés par les Vignerons Indépendants ?

D.D. : Les Vignerons Indépendants de France organisent plusieurs salons en début d’année et la Fédération régionale des Vignerons Indépendants de Bourgogne-Jura organise deux importants salons en février et mars. Nous nous renseignons dès à présent sur la possibilité de les décaler dans le temps, au printemps, à une période au cours de laquelle nous espérons que le coronavirus nous laissera tranquille.

À titre personnel, quelles démarches envisagez-vous pour trouver des débouchés à vos vins ?

D.D. : Il n’y a pas de recette miracle. Je prends contact avec l’ensemble de mes clients. C’est un travail commercial. Je leur propose notamment d’expédier mes vins qu’ils ne peuvent venir chercher. Aujourd’hui, il faut vraiment aller à la pêche aux clients.

Des annulations en rafale

Au fil des semaines et des mois, les annulations de salons se sont succédées. Qu’il s’agisse des salons régionaux organisés par la Fédération régionale des Vignerons Indépendants de Bourgogne-Jura à l’image de Dijon du 16 au 18 octobre, de Nancy du 6 au 8 novembre et de Grenoble du 27 au 29 novembre. Il en a été de même pour les salons nationaux proposés habituellement par les Vignerons Indépendants de France. A savoir Lyon à la Halle Tony Garnier du 29 octobre au 2 novembre, à Reims du 6 au 8 novembre, à Lille du 20 au 23 novembre, à Paris Porte de Versailles du 3 au 7 décembre ou encore à Brive-la-Gaillarde du 11 au 3 décembre.

Comment fonctionnent les Vignerons Indépendants de Saône et Loire alors qu’un deuxième confinement vient d’être annoncé ?

David Déprès : Comme pour le premier confinement, le bureau reste joignable tous les jours par téléphone et par mail. La seule différence est que notre animatrice sera en présentiel le mardi et le mercredi et en télétravail le lundi, le jeudi et le vendredi.  Nous avons fait en sorte que les dépôts de capsules continuent à fonctionner normalement. Il y a toutefois la nécessité de prendre rendez-vous. Il n’y a aucun échange physique. Nous préconisons le paiement par virement pour éviter les contacts.