Filière lait
Un lait résilient face à la crise sanitaire

Cédric MICHELIN
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Les 1.000 litres de lait ont été payés 351 € en août et la collecte s’est quasiment stabilisée à son niveau de l’an passé. Dans l’UE à 27, la production se maintient globalement à son niveau de l’an passé. 

Un lait résilient face à la crise sanitaire

Au cours des neuf premiers mois de l’année, la collecte laitière nationale s’est maintenue. Elle a même été supérieure à celle de l’an passé (+0,4 %). Cependant, les effectifs de vaches dans les étables continuent de baisser mois après mois. « Au 1er septembre, le cheptel national s’établit à 3,558 millions de têtes, en recul de 67.000 têtes d’une année sur l’autre (-1,9 %), dans le prolongement des baisses constatées les mois précédents », analyse l’Institut de l’élevage (Idele) dans sa dernière note de conjoncture. Au niveau européen (UE 27), la collecte de lait a progressé de 1,4 % par rapport à 2019 au cours des huit premiers mois de l’année pour s’établir à 98,9 millions de tonnes. Dans le même temps, l’Irlande, la Pologne et l’Italie ont produit jusqu’à 4 % de lait en plus. Aux Pays-Bas, la collecte s’est repliée de 1,5 % et elle s’est stabilisée en Allemagne (+0,3 %). Mais les volumes collectés oscillent sensiblement d’un mois sur l’autre.

Prix bientôt en repli ? 

En France, les 1.000 litres de lait étaient payés 351 € au mois d’août dernier, toutes qualités confondues. Le prix du lait dépasse ainsi la barre des 350 € qui n’avait plus été franchie depuis le mois de février dernier, note l’Idele. Dans les autres grands pays producteurs majeurs, les prix du lait payés aux éleveurs sont plus faibles. Ils se calent davantage par rapport aux cours des marchés du beurre, de la poudre de lait et du cheddar. Néanmoins, ils tendent à augmenter tandis que les prix en vigueur en France pourraient quelque peu se replier dans les prochaines semaines. En août, les producteurs néerlandais étaient payés 330 € les 1.000 litres puis 340 € le mois suivant. En Irlande, les 1.000 litres s’établissaient à 329 € tandis que le prix du lait standard (38/32) en Allemagne était de 310 € les 1.000 litres.

Une demande au rendez-vous 

Outre les facteurs habituels (offre, demande, parité monétaire) qui arbitrent le fonctionnement des marchés des produits laitiers, les cours ont évolué, ces derniers mois, au gré des mesures de confinement prises dans les différents pays producteurs. Car ces dernières impactent les habitudes alimentaires des consommateurs. Mais au final, la demande a été au rendez-vous. Aussi, les marchés des produits laitiers ont, dans l’ensemble, bien résisté aux mesures de confinement de l’économie mondiale. Les stocks de poudre de lait dans l’UE à 27 sont moitié moindres que ceux de l’an passé, souligne l’Idele. Cependant, la réduction des écarts observée entre les prix océaniens et européens du lait se fait aux dépens des producteurs européens. Les prix payés aux éleveurs de l’Union, les Français mis à part, vont probablement stagner. Car pour ces derniers, ils sont susceptibles de baisser. Toutefois, les nouvelles mesures de confinement annoncées vont de nouveau mettre à rude épreuve la résilience des marchés laitiers avec leur lot d’incertitudes qu’elles génèrent.

La viande bovine, chef d’orchestre des marchés

Les Français consomment plus de viande bovine depuis le début de l’année (+1,8 % sur 8 mois). « Le report de consommation de la restauration vers les repas pris à domicile bénéficie aux circuits de détail qui privilégient la viande française (tant en boucherie qu’en GMS) », souligne l’Idele. Par ailleurs, moins de vaches sont abattues (- 4 % pour les vaches allaitantes, - 2 % pour les vaches laitières). Aussi, les cours des vaches progressent depuis le printemps dernier. En semaine 41, la vache R cotait 4,01 €/kgéc (+7 %/2019 et +6 %/2018). A contrario, les jeunes bovins mâles se vendent mal à l’export. La concurrence est rude alors que la demande a fortement décru. La cotation du JB O a notamment perdu quatre centimes en quatre semaines, à 3,13 €/kg (-2 % /2019 ; -5 % /2018). Aucune remontée saisonnière perceptible des cours n’est en vue.