Traction équine
Un simulateur pour faciliter l’apprentissage

Françoise Thomas
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Pas évident de se lancer de but en blanc dans le travail du sol de ses parcelles viticoles derrière un cheval. Comme cela existe pour les futurs automobilistes dans les auto-écoles voire, pour les pilotes d’avion dans le cadre de leur formation professionnelle, un simulateur pourrait s’avérer intéressant pour faciliter l’apprentissage des meneurs de chevaux dans les vignes. La chambre d’agriculture de Saône-et-Loire se penche ainsi actuellement sur la pertinence d’un tel équipement, et ce en lien avec une université.

Un simulateur pour faciliter l’apprentissage
Les jeunes de l'université de technologie de Belfort Montbéliard qui ont planché sur le simulateur de labour de vignes à cheval, lors du CrunchTime de 2019.

Présenté lors de la journée technique des chevaux dans les vignes organisée à Davayé le 16 octobre dernier (voir notre édition du 23 octobre), le simulateur de traction équine pourrait bien un jour être une réalité.
« Le simulateur de conduite d’un enjambeur a été développé au Viti agro campus de Beaune, relate Didier Sauvage, chef de projet de l’utilisation du numérique à la chambre d’agriculture, on s’est alors dit pourquoi ne pas tenter de mettre au point le même équipement pour la pratique du labour à cheval ? »
Pour ce faire, la chambre d’agriculture s’est rapprochée de l’université de technologie de Belfort Montbéliard, l’UTMB, et a soumis cette idée de projet lors du CrunchTime de 2019. Le CrunchTime étant un événement s’étalant sur quatre jours, durant lesquels les étudiants dégrossissent des projets.

Première ébauche

À l’issue des quatre journées, il en est ressorti que le simulateur de conduite était réalisable et qu’il répondait à un besoin. Une attente largement confirmée lors de la journée technique du 16 octobre à Davayé. « Il est apparu qu’il permettrait d’éliminer les risques des premières phases d’apprentissage, aussi bien pour l’homme que pour l’animal et l’environnement, a expliqué Olivier Lamotte, ingénieur de recherche à l’UTBM. Il limiterait les coûts et permettrait d’intégrer certains paramètres comme la pluie ou les pentes des parcelles ». Un tel simulateur permettrait également aux apprenants de jouer et surtout rejouer les scénarios et d’enregistrer leurs performances pour observer leurs progressions.

Un premier croquis de ce à quoi il devrait ressembler a même été établi : « le simulateur serait composé d’un tapis de marche pouvant reproduire des inclinaisons du sol, l’apprenant serait équipé d’un casque de réalité virtuelle et un bras articulé permettrait les interactions outil/meneur en fonction du sol et de certaines réactions du cheval », décrit Olivier Lamotte.

Développé en 2021 ?

Pour l’heure, le projet est en suspens, mais l’intérêt témoigné par l’ensemble de la filière confirme qu’il ne devrait pas en rester là. « Selon toute vraisemblance, dès début 2021 et pour six mois, des étudiants de l’UTBM vont travailler sur ce que l’on appelle le début de preuve de concept », espère Didier Sauvage, permettant d’aller plus loin dans l’étude de faisabilité. « Cette phase devrait bénéficier d’une dotation régionale dans le cadre du développement des usages numériques, poursuit-il. Une fois que nous aurons ces éléments plus concrets et plus poussés, nous pourrons solliciter les instances de la filière équine et les établissements de formation et d’enseignement agricole ».

Il est encore trop tôt pour entièrement budgétiser un tel outil, dont la phase de paramétrage des conditions de travail du sol sera très certainement assez conséquente pour être réaliste et donc de qualité. Mais les étudiants de l’UTBM sont guidés pour avancer étape par étape. « J’ai pour habitude de rappeler que lors de la phase matérialisation, plutôt que d’investir une fois un million d’euros, il vaut mieux investir un million de fois un euro ! », a insisté en souriant Olivier Lamotte.

Ainsi, si la réalisation effective du simulateur n’est pas encore certaine, cela restera en tout cas un beau projet d’étude.