Méthanisation agricole
La méthanisation, une solution pour allonger les rotations

Parfois critiquée parce qu’elle prélève de la matière végétale pour produire de l’énergie à la place de l’alimentation, la méthanisation peut offrir des solutions agroécologiques en permettant l’allongement des rotations culturales.

La méthanisation, une solution pour allonger les rotations

C’est ce qu’a exposé l’association Solagro. Ainsi, au lieu d’implanter deux cultures en deux ans, on peut en réaliser trois : entre deux récoltes principales (destinées à l’alimentation humaine ou animale), on peut semer une culture intermédiaire à vocation énergétique (Cive), a indiqué Jérémie Priarollo, responsable de l’activité méthanisation. Intercaler des Cive permet de passer d’une rotation de trois à six cultures.

La culture intermédiaire peut être un seigle d’hiver, semé après la récolte d’un maïs ou d’un tournesol en octobre. Le seigle s’enracine pendant l’automne, pousse lentement en hiver, puis redémarre au début du printemps. Il peut être récolté en avril ou mai. Étant destiné au digesteur, il peut être moissonné immature, ce qui donne de la flexibilité : l’agriculteur sait qu’il peut avancer la récolte du seigle s’il veut semer plus tôt une culture de printemps, comme le tournesol, le maïs ou la betterave.

Il existe aussi des Cive d’été, comme le maïs ou le sorgho. Récoltés immatures, ils nécessitent très peu de traitements phytosanitaires. Le sorgho, plante rustique venant d’Afrique, n’a pas besoin de désherbant ni d’irrigation. Les intervenants de Solagro ont présenté aussi la luzerne comme culture dédiée à la méthanisation : elle a l’avantage d’apporter de l’azote gratuit au sol, en tant que légumineuse (donc capable de fixer l’azote atmosphérique), et aussi d’enrichir le digestat en azote. Les Cive produisent une trentaine de tonnes de biomasse à l’hectare. Vendue 30 € par tonne, cette biomasse génère un chiffre d’affaires de 900 € par hectare, a précisé Jérémie Priarollo.