Louer son toit au soleil
Le photovoltaïque a le vent en poupe et est accessible sous différentes formes. Dans ce contexte, les toitures des bâtiments agricoles suscitent particulièrement l’intérêt. Les Centrales Villageoises proposent d’investir et de porter le projet à la place des agriculteurs propriétaires qui deviennent alors loueurs de toit, ou même, sociétaires de la structure.

La branche photovoltaïque peut prendre différentes formes : soit on installe des panneaux pour l’autoconsommation de son exploitation (recommandée notamment pour les élevages laitiers avec robot de traite, pour les structures avec atelier de transformation ou utilisation permanente de chambres froides), soit on vend toute la production au réseau, soit, et c’est là le principe qui nous intéresse, si l’on ne souhaite pas ou l’on ne peut pas se lancer dans un tel investissement, la dernière solution réside dans la location de toiture.
Il va s’en dire malgré tout qu’il faut avoir un toit bien orienté, plein sud sans ombrage, avec la bonne inclinaison « 30 à 35 ° », installé sur un bâtiment de stockage de matériel.
C’est en tout cas le profil que recherchent les Centrales Villageoises Soleil Sud Bourgogne, les CVSSB.
Les Centrales Villageoises sont nées en 2010 en région Rhône-Alpes et compte actuellement 48 territoires engagés dans la démarche. Cette dernière consiste à créer des sociétés locales à gouvernance citoyenne pour mener des projets dans le cadre de la transition énergétique. Ces sociétés associent citoyens, collectivités et acteurs économiques locaux. Comptabilisant 3.500 actionnaires, 6 millions d’euros déjà investis et plus de 100 collectivités actionnaires, les Centrales villageoises, au niveau national, ont déjà mis en place plus de 300 installations, produisant annuellement 3 GW/h.
Peu d’élus
Depuis janvier 2018, une antenne, la CVSSB, a été créée sur trois communautés de communes : Clunysois, Saint-Cyr-Mère-Boitier et une partie de la communauté d’agglomération du Mâconnais Beaujolais Agglomération.
« À l’heure actuelle, nous avons réalisé la pose de quatre installations de 9 kWc sur des toitures de particuliers pour nous permettre d’avoir une carte de visite », explique Michel Lopez, vice-président de la SAS CVSSB. Or la carte de la toiture d’habitation de particuliers a ses limites : « compte-tenu qu’il n’y a pas d’aides régionales, pour être rentables, nous devons installer minimum 165 m² de panneaux », soit une puissance de 36 kWc.
D’où le ciblage des grandes toitures : les bâtiments agricoles, les sites industriels, les structures des collectivités. Au-delà de la bonne orientation, il faut absolument que la structure ne nécessite pas trop de travaux, « les candidats sont donc peu nombreux », résume ainsi Vincent Rouzé.
La société vise désormais quatre réalisations de cette surface minimale à faire en 2020 et autant l’année suivante. « C’est ce que nous pouvons financer. Si tout fonctionne bien, nous pourrons sans doute développer ce nombre dans quelques années ».
Et les membres de la Centrale villageoise s’occupent de tout : non seulement ils partent à la recherche de ces toits idéaux, mais ils réalisent en plus les études de faisabilité, montent le dossier, assument le financement de A à Z, et suivent l’ensemble des travaux.
Loueur et sociétaire
Si c’est la SAS qui perçoit au final les bénéfices de la vente d’électricité, le propriétaire du toit touche lui un loyer annuel, « à raison de 1 à 2€ par m² loué, en fonction du coût du raccordement » (et du coût des travaux s’ils ont été nécessaires pour le renforcement de la toiture). Autrement dit, ce revenu représente une rente directe sans en avoir eu la charge. Le contrat de location court sur 20 ans, les panneaux reviennent ensuite au propriétaire du toit, « en sachant que la durée de vie des panneaux est désormais plutôt estimée à 35 ans », insistent Michel Lopez…
« Ces propriétaires de toit ont aussi la possibilité d’intégrer notre SAS en devenant sociétaires, poursuit de son côté Vincent Rouzé, membre de la structure, en sachant que la part sociale est vendue au minimum 100 € et que tout sociétaire touche 1 % de dividende au bout de quatre ans » quand la société fait des bénéfices.
Actuellement, la CVSSB regroupe 90 sociétaires, dont une collectivité, a un capital de 128.000 € et plusieurs projets en cours de finalisation dont certains sur des bâtiments viticoles.