Nouvel étalon de mesure des cellules somatiques en lait
Interview de Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL : la qualité « clé voûte de la filière laitière »

Cédric MICHELIN
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La Fédération internationale laitière (Fil) a récemment présenté un nouvel étalon de mesure des cellules somatiques. Il sera appliqué en France dès le 1er avril 2021. Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) apporte quelques précisions. 

Interview de Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL : la qualité « clé voûte de la filière laitière »

Un nouvel étalon de mesure des cellules somatiques unifié pour les laits de vache, de chèvre et de brebis sera effectif le 1er avril 2021. En quoi consiste ce comptage ?  

Marie-Thérèse Bonneau : La qualité du lait dans tous les aspects a été l’élément fondateur de l’interprofession laitière. Pour cela, nous avons mis sur pied des laboratoires interprofessionnels régionaux sous gouvernance partagée des producteurs et des transformateurs (industriels et coopératifs). Les grilles de paiement en fonction de la qualité délivrée ont été validées par l’UE et ne sont pas remises en question. La mise en place de ce nouvel étalon a été initiée, à la demande du Cniel, au niveau de la Fédération internationale du lait (Fil) afin d’aboutir, après dix ans de travaux et d’expertises, à une meilleure uniformité des résultats d’analyse de cellules somatiques au niveau international. 

Peut-il y avoir un impact sur la transformation du lait, que ce soit, en poudre, en fromages, en caillé… ?  

M.T.B. : Les travaux d’expertises conduits par la Fil ont montré que ce nouvel étalon n’avait aucun impact sur la transformation du lait. Pour le reste, les taux lactiques, butyriques, de matière grasse ou de matière protéiques ne changent pas. 

Quelle est la réaction des producteurs et des industriels laitiers face à cette nouvelle norme ? Y sont-ils favorables ?  

M.T.B. : Les producteurs ont été favorables très tôt à ce nouvel étalon, car il garantit aux éleveurs français le maintien du traitement équitable au niveau national et leur apporte une équité internationale. Ce nouvel étalon va en moyenne et avec de grandes disparités faire baisser les taux constatés de 15 à 20 %. Si impact il y a, ce ne sera que de manières marginales par les effets de seuils. La qualité est et reste la clé voûte de la filière laitière. Quant aux industriels, ils ont été assez réticents au départ pour des motivations incompréhensibles et court-termistes qu’il leur reviendrait d’expliquer. Ils ont, lors du bureau du CA du Cniel du 2 décembre, accepté la mise en place au 1er avril 2021. Une évolution technologique, puisque c’en est une, n’est pas là pour remettre à plat une politique de qualité justifiée, ce n’est qu’une amélioration technologique au service de la filière. 

Quels bénéfices peuvent alors en retirer les agriculteurs ? Seront-ils plus payés ?  

M.T.B. : Certains écarts à la marge devraient être constatés. Nous estimons qu’entre 4 et 7 % des producteurs devraient voir leur lait payé un peu plus, de l’ordre de 1 à 2 centimes. Le plus intéressant dans cet étalon international est qu’il a pour effet de valoriser le lait français sur les marchés, et lui donner une meilleure image de marque.

Va-t-on vers une standardisation des laits ?  

M.T.B. : En quelque sorte, puisque de nombreux pays européens ainsi que nos concurrents des pays tiers comme les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine pour ne citer qu’eux, ont adopté cet étalon. Mais son application va quelque peu s’étaler dans le temps. Ainsi l’Allemagne, la Suisse, la Lituanie et les Pays-Bas l’appliquent déjà , notamment depuis le 1er janvier 2021. En France, cet étalon international s’appliquera à partir du 1er avril 2021. À la fin 2021, la quasi-totalité des producteurs de lait au monde devrait l’avoir adopté, ce qui mettra tout le monde sur le même pied d’égalité et par conséquent devrait considérablement réduire les distorsions de concurrence sur les marchés mondiaux.