Plan France Relance
La forêt sera plus « résiliente »

Lors d’une visioconférence le 22 décembre avec les professionnels de la forêt et du bois, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie a dévoilé la feuille de route de cette filière pour les prochaines années.

La forêt sera plus « résiliente »

Syndicats et interprofessions de la forêt et du bois ont signé le 22 décembre une charte qui va servir de « feuille de route » au volet reboisement du plan France relance. Ce dernier prévoit une enveloppe de 200 millions d’euros, dont les ¾ iront au « renouvellement forestier » (voir infographie). En effet, la forêt française a été durement touchée cette année par la sécheresse ainsi que par les attaques sanitaires et parasitaires (scolytes). Chez nous, notamment le Morvan est impacté. « Le premier des défis c'est évidemment le changement climatique qui bouleverse beaucoup d'écosystèmes forestiers », a indiqué le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. La filière, organisée au sein de France Bois Forêt, a mis en place des groupes de travail depuis plusieurs années pour observer les dégâts en forêt, les diagnostiquer et trouver des solutions avec l’ensemble des professionnels de la forêt. Celles-ci devraient passer par la « diversification des essences, des provenances et des traitements, par la dilution des risques », a plaidé Philippe Gourmain, expert forestier. « Mélanger les essences, mettre en place plusieurs trajectoires sylvicoles, intensifier l’observation et le diagnostic des stations… Et surtout gérer la forêt, ne pas la laisser à l’abandon », précise-t-on à la Fédération des syndicats de forestiers privés (Fransylva).

Sous-exploitation 

L’objectif de ce plan de relance est également de soutenir la filière bois qui emploie 378.000 personnes et produit 38 millions de mètres cubes de bois sur pied (lire encadré). Julien Denormandie estime en effet « qu'une forêt, ça se protège, tout comme le sol, et ça se cultive, tout comme le sol (...). Quand vous êtes dans une parcelle avec des résineux et que vous coupez certains résineux pour laisser les autres se développer, ce n'est pas une offense à l'environnement ou à la nature, c'est permettre de gérer le massif en termes de protection, et de le cultiver », a-t-il dit. Certaines ONG écologistes sont toujours promptes à la critique facile. Le ministre leur a répondu : « je récuse le fait qu'une forêt qui ne soit pas cultivée aurait un meilleur bénéfice environnemental ». D’ailleurs aujourd’hui, seul 10 % du bois utilisé dans le bâtiment est d’origine française. Un des symboles de cette sous-exploitation se trouve sans doute dans les essences feuillues : elles ne fournissent que 20 % des sciages produits en France alors qu’elles représentent près de 70 % de la surface forestière nationale. Avec ce plan de relance, le ministre de l’Agriculture ambitionne d’améliorer, adapter, régénérer et reconstituer plus de 45.000 hectares, soit environ 50 millions d’arbres.

Les principaux chiffres de la forêt française

- Superficie : 13,1 millions ha (métropole) + 3,7 millions (Outre-mer).

- Métropole : Feuillus : 76 % ; Résineux : 24 %.

- Propriétaires privés : env. 75 % de la surface totale / ONF : env. 10 % / Collectivités forestières : env. 15 %.

- Récolte de bois (2018) : 38,9 millions de m3 dont 20 M m3 en bois d’œuvre ; 10,3M m3 en bois d’industrie et 8,5 M m3 en bois d’énergie.

- La forêt française emploie environ 400.000 personnes, soit plus que l’industrie automobile. Elle réalise un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros par an, soit près de 3 % du PIB.

- Importations (plaquettes, meubles, cartons, papier, placages, panneaux, etc.) : 13,07 milliards d’euros.

- Exportations (plaquettes, meubles, cartons, papier, placages, panneaux, etc.) : 8,17 milliards d’euros.

Les principaux points du plan de Relance Forêt-Bois  

- Accompagner la forêt vers plus de résilience et d’adaptation face au défi du changement climatique (177,5 millions d’euros-M€) dont le soutien à la filière « plants » et le renouvellement forestier.

- Promouvoir le bois en tant que ressource renouvelable et écologique, en particulier pour le stockage du carbone dans la construction (5 M€).

- Aide à la modernisation des scieries françaises (15 M€).

- Sensibiliser les plus jeunes aux enjeux de la gestion durable des forêts dans le cadre d'un projet pédagogique : opération « La forêt s'invite à l'école » (200.000 euros).