Commerce de proximité
Une charte de valorisation des produits « frais et locaux »

Dans la continuité de la charte signée en novembre par la grande distribution, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et Alain Griset, ministre délégué aux PME, ont présenté fin décembre avec le commerce alimentaire de proximité une nouvelle charte nationale « pour la valorisation des produits frais et des produits locaux ainsi que des savoir-faire des entreprises alimentaires de proximité ».

 

« Nos entreprises comptent soutenir nos productions agricoles », a promis Joël Mauvigney, président de la Confédération générale de l’alimentation en détail (CGAD) qui regroupe plus de 400.000 entreprises. « Cette charte vient renforcer ce que nous faisons déjà », a-t-il assuré tout en se réjouissant que le maillon aval ne soit pas oublié.

Concrètement, la mise en avant des produits sera possible grâce à la bannière « Engagements, provenance et fraîcheur : plus près de vous et de vos goûts », déjà utilisée par les supermarchés. Le volet « savoir-faire des entreprises alimentaires » prendra la forme d’une campagne « Tous artisans d’un monde meilleur ». « Notre objectif est de pouvoir lancer cette dynamique dès maintenant avec vision à moyen et long terme, annonce Julien Denormandie. Il y aura une montée en puissance au cours de l’année 2021 ». Et de citer notamment l’événement national concomitant aux dates du Salon de l’agriculture annulé à cause de la pandémie de Covid-19. « Nous ferons un bilan dans quelques mois pour voir comment cela se met en place au sein des différents secteurs d’activité », indique-t-il. Rendez-vous est donc pris.

Lors de la signature avec la grande distribution, le ministre disait vouloir également étendre cette charte « à l’ensemble de la chaîne alimentaire » évoquant la restauration collective ainsi que tous les acteurs de la transformation alimentaire. Affaire à suivre donc.

Leclerc du Breuil : « gagnant-gagnant »

Leclerc du Breuil : « gagnant-gagnant »

Le patron de l’hypermarché Leclerc du Breuil, André Huguet, a répondu aux questions de notre confrère, Alain Bollery de creusot-infos.com mais a surtout accepté de donner un espace aux petits producteurs locaux dans sa galerie marchande le temps des fêtes de fin d'année. Leclerc ne touche pas un centime de tous les produits vendus. Pour autant, André Huguet l’assure : « les marchés de producteurs, dans la galerie marchande, c’est du gagnant-gagnant ».
« C’est Bernard Lacour, le président de la chambre d’agriculture, qui m’a convaincu. On avait rendez-vous sur un marché de producteurs de pays et il m’avait demandé si ça serait possible. J’ai dit oui, car j’avais bien conscience que les petits producteurs souffraient en cette année 2020. J’avais déjà travaillé avec des éleveurs, des viticulteurs et des producteurs de fromages dans le cadre des Alliances locales », rappelle-t-il. L’emplacement est gratuit et défini. Les clients ont été agréablement surpris de cette présence bien qu’ils aient l’habitude de trouver des produits locaux. Notamment au rayon boucherie puisque le Leclerc du Breuil passe 220 à 230 bovins charolais à l’année. Pour la cave à vin, avec 77 vignerons, ce sont 50.000 bouteilles au prix de la propriété. Avec la Laiterie Girard à Torcy, il commercialise 24 à 25 tonnes de leurs produits à l’année, etc. Mais encore jamais directement dans la galerie marchande. « C’est dans l’air du temps. Un magasin ne se suffit pas. Je pense qu’on a un rôle social et sociétal à avoir, des rôles à jouer. Pour la Toussaint, on achète les chrysanthèmes dans la vallée de l’Arroux. Les sapins de Noël, même si on a un peu réduit la voilure, on les achète dans le Morvan », continue-t-il inlassablement. En 2021, l’expérimentation va donc s’installer à un rythme de trois à cinq fois dans l'année afin de  « conserver le côté événement. On est dans un grand virage. La crise est un accélérateur de tendances. On voit bien que cette accessibilité facilitée à des producteurs locaux correspond à la demande des clients. Ces marchés de producteurs c’est vraiment du gagnant-gagnant et j’en suis très heureux ».
Le président de la chambre d’agriculture, Bernard Lacour, s'en félicite et veut maintenant aller plus loin : « ce besoin de proximité, c’est le sens de la réflexion sur des magasins de producteurs. Le Creusot, Autun, Mâcon, Gueugnon… Toutes les villes sont demandeuses. À nous de travailler avec les forces en présence ». Et de citer les autres démarches en place telles que Agri’local, Jveuxdulocal, les marchés de producteurs... qui forment un ensemble cohérent de circuits courts répondant à différents modes d'achats.
Propos recueilli par Alain Bollery