Témoignage
Continuer à se battre… même en retraite

Françoise Thomas
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Bernard Bardet coule une retraite paisible du côté de Cronat. Paisible si l’on considère que ses multiples activités constituent désormais tout ce qu’il aime faire. Lui qui s’est engagé toute sa vie pour la défense de la profession est un membre actif de la Section des anciens exploitants de Saône-et-Loire (SDAE 71). Une section avec ses loisirs et ses avantages, mais aussi avec une politique de mobilisation toujours présente.

Continuer à se battre… même en retraite

Fils d’agriculteur ayant grandi à Cronat, Bernard Bardet a d’abord commencé sa carrière par plusieurs années de salariat dans une usine de Bourbon-Lancy. Sans jamais s’éloigner pour autant du monde agricole puisqu’il donnait des coups de main sur la ferme familiale, sur celle d’un oncle et celle de son frère.

Il finit par quitter le ronron du travail à l’usine pour retrouver les champs et des bêtes et reprend ainsi, toujours à Cronat, la ferme d’un oncle décédé. C’était en 1976, « année de misère à cause de la sécheresse… », se rappelle-t-il. Sa ferme avec vaches charolaises et moutons charollais a connu une évolution progressive, en surface et en cheptel.

La force du collectif

Dès le départ, il s’est engagé syndicalement à la FDSEA à laquelle il est toujours resté fidèle. « Seul, on ne peut rien demander, explique-t-il, je n’ai jamais voulu être syndicaliste pour casser ou râler tout le temps, mais pour défendre la profession. Il faut se mobiliser pour avoir de la force ».

Vrai défenseur du collectif, Bernard Bardet a cependant toujours mené sa barque seul. « Toutes mes bêtes étaient vendues en direct à des marchands. C’est un aspect que j’aimais bien : me bagarrer pour vendre un animal ! ».

Bien qu’élevant des ovins et des bovins tous purs charol (l) aises, il n’a pas fait le choix d’inscrire ses animaux au Herd book ou à des concours.

Cela ne l’a pas empêché de faire évoluer son cheptel, notamment de bovins, autour d’objectifs précis. Achetant des taureaux à des collègues du secteur (et revendant lui-même régulièrement des veaux reproducteurs), il recherchait avant tout le vêlage facile.

Toujours les pieds sur terre

Lorsque l’heure de la retraite a sonné, en 2002, Bernard Bardet avait 85 vaches allaitantes et 106 ha de prairie et de cultures, le tout en fermage. C’est un jeune, un voisin, qui a pris sa suite. Bernard Bardet avait entretemps fait construire une maison, à quelques centaines de mètres de la ferme. La parcelle étant suffisamment grande, il a implanté dessus une petite stabulation. « J’y accueille actuellement les génisses d’un neveu et puisque je suis sur place, c’est moi qui m’en occupe ». Le métier reste donc toujours d’actualité pour ce retraité très actif.

En parallèle, lorsqu’il a stoppé son activité, « j’ai adhéré de façon logique à la section des anciens exploitants du secteur ». Il est actuellement membre du conseil d’administration de la SDAE de Bourbon-Lancy. Il bénéficie des avantages sur les assurances, les achats de fioul, les différents abonnements, etc., et il participe régulièrement aux voyages et marches proposés. Si beaucoup de secteurs de France et d’Europe ont ainsi fait l’objet de séjour, ces escapades l’ont emmené jusqu’en Russie et même au Canada !

Attentifs et mobilisés

Ça, c’est pour le côté très agréable de la section des anciens, mais à l’image de ce qui se passe pour les retraites, il est primordial pour lui de rester mobilisé car le combat pourrait bien ne pas être fini. « En Bourgogne Franche-Comté, nous nous sommes beaucoup battus pour obtenir cette revalorisation, dont nos sénateurs et nos députés. Normalement, ça devrait être une victoire ». Mais il redoute que les montants finalement alloués fassent « beaucoup de déçus ». Lui-même ne va pas bénéficier d’une augmentation, du fait de ses années d’ouvrier, tout en ne touchant pas du tout, bien évidemment, le niveau de retraite qu’il aurait s’il était resté à l’usine. « Mais je ne regrette pas du tout mon choix, l’ambiance de travail en usine n’est pas si simple que ça ».

Toujours est-il qu’aujourd’hui, le passage de flambeau pourrait bien être sa nouvelle bataille : « il faut que les jeunes retraités viennent nous rejoindre ». L’appel est lancé !